AccueilLa UNEPériple africain de Marzouki : Sous bénéfice d’inventaire!

Périple africain de Marzouki : Sous bénéfice d’inventaire!

Il est encore trop tôt pour dresser un premier bilan, si sommaire soit-il, du périple que le président de la République provisoire, Moncef Marzouki vient d’effectuer dans des pays de l’Afrique subsaharienne à savoir le Mali, le Niger, le Tchad et le Gabon.

Mais, au premier abord, on ne manquera pas d’être intrigué par le choix de ces pays, au moins au motif qu’ils ne sont pas de « grouses pointures » de l’économie africaine, et parce qu’on voit mal ce qu’ils pourront apporter de majeur à l’économie tunisienne, bien que le dessein assigné à cette tournée soit officiellement « ancré dans la volonté d’accroître la présence politique et économique tunisienne dans le continent, notamment pour y impulser l’investissement et les exportations en provenance de la Tunisie ».

Les services de Marzouki mettent en avant la signature de 35 accords de coopération relatifs aux secteurs de la géologie, de la santé, de l’enseignement supérieur, de la protection de l’environnement, du tourisme, de l’agriculture et de l’artisanat, et l’organisation , à chaque étape de cette tournée, d’un forum économique avec la participation d’acteurs économiques publics tunisiens et de leurs homologues respectivement du Mali, du Niger, du Tchad et du Gabon.

Plus important encore, aux yeux de la Présidence, il a été convenu avec ces quatre pays de conclure des accords de traitement préférentiel, censés permettre aux entreprises tunisiennes de bénéficier d’exonérations douanières importantes à l’exportation vers les marchés de ces pays.

Par-delà les résultats attendus, il faut se résoudre à comprendre que s’agissant de l’Afrique, la Tunisie a entrepris de s’initier à la diplomatie économique qui est ainsi de plus en plus associée à la stratégie globale de développement, alors que les difficultés pour s’intégrer dans l’économie mondiale ne sont pas du petit nombre.

Aller à l’assaut de l’Afrique, cela peut constituer une opportunité pour une économie tunisienne très dépendante de l’Union européenne et ayant une difficulté d’intégration dans l’économie mondialisée.

La diplomatie économique est définie comme étant « l’ensemble des mécanismes et pratiques adoptés par des individus ou groupes, étatique ou non étatique dans le but de réaliser les objectifs économiques d’un État par le recours à des moyens politiques, ou de réaliser les objectifs politiques par le recours à des moyens économiques ». Une telle définition prend en considération l’évolution de l’environnement international et l’émergence de nouveaux acteurs dans la scène internationale.

Dans cette architecture, quel nouveau rôle conviendra-t-il d’attribuer au secteur privé plus enclin à remplir l’office de bénéficiaire des actions de la diplomatie étatique. Certes, il participe aux délégations officielles et aux commissions mixtes, mais son rôle se limite à l’accompagnement de l’action de l’État. C’est pourquoi il est difficile de parler d’une diplomatie privée indépendante de la diplomatie officielle.

L’exemple de la Turquie est, à cet égard, une référence dont il ne serait pas inutile de s’inspirer en ce sens que le secteur privé turc est devenu un acteur central de rapprochement diplomatique avec les pays de l’Afrique. « Les tigres anatoliens » représentent une nouvelle classe d’entrepreneurs qui exercent de plus en plus d’influence dans le processus de prises de décision et préparent actuellement toutes les visites du président et du ministre du commerce extérieur turcs. En termes de résultats, les relations diplomatiques de la Turquie avec le continent se sont métamorphosées : en l’espace d’une décennie, Ankara a triplé le nombre de ses ambassades et en compte dorénavant vingt-cinq dont quinze ont été inaugurées entre 2009 et 2010 avec comme objectif d’avoir trente ambassades à fin 2012. On parle plutôt d’une diplomatie privée au service de la diplomatie classique du pays et des intérêts géopolitiques de la Turquie dans le continent africain.

En fait, pour réussir, la diplomatie économique doit englober une bonne maîtrise de l’information stratégique, une diplomatie des contrats et une meilleure communication des success-stories des entreprises tunisiennes dans la région. Tout l’enjeu de la diplomatie économique consiste à trouver les bonnes sources d’informations, à identifier les bons décideurs et à les influencer dans un sens favorable aux intérêts économiques du pays. C’est à cette aune qu’il aurait fallu et qu’il faudra aborder le marché africain. On ignore si le périple africain de Marzouki a intégré cette donnée !

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -