Qu’il se soit agi de l’élection présidentielle ou des Législatives, l’édition 2019 ne dérogera pas à la règle posée cinq ans plus tôt. Ce sera la cohue chez les candidats, un casse-tête pour l’ISIE qui a recensé 1592 listes électorales, dont 695 partisanes, 190 coalisées et 107 indépendantes. Pour la Présidentielle anticipée dont le dépôt des candidatures s’est ouvert le 2 août, il y aura indiscutablement bousculade mais pas autant qu’en 2014 avec quelque 70 candidatures dont 27 ont été acceptées, et les autres, anecdotiques, téméraires ou malavisées ont tout simplement été déclarées irrecevables.
En attendant que les délais soient décrétés clos pour s’instruire du nombre exact des postulants au scrutin présidentiel, on observe comme une certaine pusillanimité des noms que l’on prenait pour certains à franchir le Rubicon. Certainement parce que le décès soudain de feu le président Béji Caïd Essebsi, a pris tout le monde au dépourvu, obligeant les uns et les autres à changer à la dernière minute leurs stratégies respectives pour rejauger leurs chances et composer avec les impondérables.
En attendant la fumée blanche de Montplaisir !
En ce dimanche 4 août, et au troisième jour des dépôts de candidatures, seuls 14 dossiers sont recensés, pour la plupart du menu fretin, en attendant que se manifestent les « majors », tels que le mouvement Ennahdha, Tahya Tounès, Nidaâ Tounès, lesquels, chacun à son échelle, soit ne semble pas pressé de se lancer dans la bataille, soit attend de savoir avec qui il va en découdre. Si Youssef Chahed, et il l’a dit, a pris sa décision qu’il annoncera dans les jours à venir, Ennahdha est engagé dans d’intenses débats internes opposant ceux qui insistent pour que le candidat du parti à l’élection présidentielle soit issu des rangs du Mouvement, et ceux dont Rached Ghannouchi lui-même, qui s’accommoderaient d’un candidat qui ne soit pas Nahddhaoui pur jus, forcément un indépendant ou une personnalité, partisane, à laquelle ont trouverait des accointances avec Ennahdha. En somme un « oiseau rare » qui serait ou bien Youssef Chahed, ou bien Abdelkrim Zbidi, dont des caciques d’Ennahdha disent du bien (de l’un comme de l’autre). En tout cas, il va falloir « retenir son souffle » jusqu’à mardi pour voir la fumée blanche s’élever de Montplaisir, peut-être plus tôt si Rached Ghannouchi se décide à mettre tout son poids dans la balance.
Très probablement, c’est de l’issue de ce marathon que dépendra le casting final de la course à la présidentielle. D’autant que le président du conseil de la Choura, Abdelkrim Harouni, et il ne s’en est pas caché, a confirmé que son parti est en consultation avec ses partenaires au gouvernement et plus encore avec Youssef Chahed au sujet du choix de la personne qui va porter d’une façon ou d’une autre les couleurs du mouvement lors du scrutin présidentiel. Youssef Chahed y est concerné au plus haut point même s’il dit s’être fait une religion sur la question. Au demeurant, l’instance politique du Mouvement Tahya Tounes l’a exhorté à se présenter à l’élection présidentielle anticipée, tout en convoquant le conseil national élargi du parti pour une session extraordinaire jeudi 8 août afin d’examiner cette question.
Un scénario consensuel !
Sans devoir se perdre en conjectures, Youssef Chahed devrait être le candidat non seulement du parti dont il est issu mais d’autres sensibilités et expressions politiques qui se reconnaissent en lui et dans les idées qu’il porte. Il semble avoir les faveurs assurées du chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi qui ne verrait pas d’un mauvais œil qu’il soit au palais de Carthage, et que, lui, s’installe au perchoir du Parlement, dans le cadre d’un scénario consensuel qui barre la route aux autres candidats qui ont échappé aux mailles du filet qui les aurait attrapés si les amendements de la loi électorale avaient été promulgués.
On ne sait pas comment le chef du gouvernement, Youssef Chahed, va s’y prendre pour mener sa campagne électorale au cas où cet arrangement serait acquiescé et scellé. Choisira-t-il d’avoir deux fer au feu, à la fois comme candidat à la Présidentielle et en tant que chef du gouvernement, quitte à s’attirer les foudres de ses adversaires ? Ou tout simplement déléguera-t-il ses pouvoirs à un membre du gouvernement qu’il aura choisi le plus officiellement du monde pour se consacrer à sa campagne électorale, chose qu’il aurait pu faire depuis un bail et, ce faisant, amélioré grandement ses chances de présidentiable ?