AccueilLa UNEQue chercherait à faire Hachani avec le secteur bancaire ?

Que chercherait à faire Hachani avec le secteur bancaire ?

Le 7 avril 2024, le 1er des ministres tunisiens recevait le Gouverneur de la BCT, devenu cette année le principal financier du budget de l’Etat, confectionné par ses collègues et notamment le ministère d’en-face, celui des finances, ou plutôt du Fisc. Cette rencontre (On n’ira pas jusqu’à dire comme un autre site, une convocation), la 2ème en 2 semaines de l’exercice courant, sans compter les CM et autres CIM où Fethi Nouri devient assidu, a porté sur « le contrôle et le bon fonctionnement du secteur bancaire et  la protection des usagers des services bancaires ». Et les termes choisis par le communiqué officiel de la Primature, rappelons-le, ne sont pas anodins.

Le 15 avril 2024, l’ancien DGRH de la BCT, Ahmed Hachani, recevait Néji Ghandri président du CBF, déjà reçu le 12 février 2024, à propos des entreprises communautaires (شركات أهليّة), pour lui dire son avis sur « le rôle des banques et des établissements financiers, partenaires de l’Etat, dans le développement de l’économie nationale et de l’investissement ». Sans affirmer l’existence d’un quelconque lien entre les deux évènements, 15 jours plus tard, le 30 avril 2024, ou la veille de la fête du travail, le CBF annonçait la nomination de Sonia Sahli. Ancienne DG à la BCT, elle remplaçait Mouna Saïed (Une autre homonyme qui part) en tant que Déléguée Générale du patronat bancaire tunisien.

Après avoir mis au pas le sacro-saint principe de l’indépendance de la BCT, le gouvernement de Kais Saïed chercherait-il à mettre au pas aussi le secteur bancaire, fortement critiqué par le chef de tout l’Etat (certains sont encore en prison, où l’un d’eux a été frappé de 2 AVC avant de sortir sur caution de 20 mille DT et le second y croupit toujours pour avoir signé un crédit de campagne, et 2 autres gèrent 2 grosses banques publiques depuis des mois en simples intérimaires) ?, comme pourrait le penser un observateur néophyte, devant le silence des deux personnalités reçues avec des protocoles différents ? Ou ne serait-ce, avec toutes nos excuses à la nouvelle DG du CBF pour cette comparaison, qu’un simple « Œil de Moscou » du gouvernement pour garder un œil sur le secteur, comme pourraient le penser des observateurs avertis de la place de Tunis ?

–    L’économiste Hachemi Alaya parle de l’argent magique des banques

Ce qui est certain, c’est qu’à fin 2023, le ministère des Finances a pu récolter plus de 12 milliards DT en dette domestique, en grande partie chez les banques, en BTA de toutes sortes et de toutes maturités, sans oublier les lourdes CSC financières.
« L’essentiel des financements a été́ fourni par les banques. Or, lorsqu’une banque commerciale accorde du crédit à l’Etat, en réalité́, elle crée de la monnaie à partir de rien ; lorsque la BCT achète des Bons du Trésor, elle crée de la monnaie nouvelle. C’est cette dette qui croît dans l’actif des banques qu’on désigne par argent magique. En 2023, les créances des banques tunisiennes sur l’Etat ont augmenté́ de 8,3 milliards de dinars ; celles détenues par la BCT, de 2,4 milliards, soit au total 10,7 milliards de dinars de monnaie créée ex nihilo qui a servi à entretenir le train de vie de l’Etat et non pour financer les conditions d’une croissance future ou bonne dette », disait l’économiste Hachemi Alaya dans le dernier N° de son « Ecoweek » du mois de mai 2024.

–    Les « أمك صنافة » seraient-elles dans le faux contre le Souverain Saïed ?

En octobre 2022 déjà, Fitch Rating écrivait que « l’exposition directe des banques au gouvernement via l’achat de bons du Trésor en proportion des capitaux propres a augmenté pour atteindre environ 53% en mai 2022 (contre 37% en 2011) alors que le gouvernement affichait des déficits budgétaires plus importants depuis la révolution de Jasmin. En outre, nous estimons que l’exposition totale au souverain est plus importante – à environ 1,1 fois la base de fonds propres du système bancaire en mai 2022 – lorsque l’on comptabilise les prêts aux entreprises publiques et les prêts en devises accordés au gouvernement par le biais de sociétés syndiquées ».
Dans un autre rapport de novembre 2023, l’agence de notation adressait un nouveau warning, en indiquant que « les bénéfices élevés des banques tunisiennes enregistrés durant le 1e semestre 2023, dissimulent des risques croissants de liquidité et de solvabilité », et que l’amélioration des revenus et résultats des banques tunisiennes cache en fait une forte exposition des banques « aux obligations souveraines très faibles », d’un Etat à l’appétit encore vorace pour le financement bancaire, faute de peu ou prou de financement internationaux. On dit ça, on ne dit rien. « Walakom Sadid Annadhar, comme dirait un directeur connu de société de sondage !

–    Dettes locales « الشنقة مع الجماعة خلاعة » ?

Le malheur ne peut se consoler qu’avec le malheur des autres, disait l’écrivain Henry de Montherlant, comme s’il parlait d’une Tunisie, pour laquelle désormais le besoin urgent d’argent pour ses dépenses courantes éclipse indifféremment le souci, qui devrait prévaloir, d’investir et produire pour rester en capacité de rembourser les dettes, rien que locales, pour éviter de faire collapser tout le système par une politique de financement qui ressemble à celle de la terre brûlée.
« L’encours de la dette publique a, en effet, atteint 127,2 milliards dinars, représentant 80,2% du PIB en 2023 contre 25,640 et 39% du PIB en 2010. La dette par habitant est passée de 2,43 milles DT en 2010 à 10.3mille D en 2023, soit un taux d’accroissement global de l’ordre de 330%. Ceci est dû à son rythme de croissance accélérée qui excède, parfois, celui de la croissance économique surtout au cours de la période 2014-2018 », affirme une étude de l’ITCEQ tunisien, réalisée en mars 2024 sur la soutenabilité de la dette tunisienne.

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