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Quels bailleurs de fonds pour suppléer le FMI et son prêt à la Tunisie ?

De plus en plus hypothétique, le prêt de 1,9 milliard de dollars discuté par le FMI et la Tunisie ne semble pas devoir trouver son épilogue, alors que d’autres pays dans le même cas que la Tunisie, tels que le Ghana et l’Egypte,  ont déjà obtenu, les leurs, et par des chemins beaucoup moins sinueux.

Pourtant, le narratif de la chronique financière  de la Tunisie que l’on citait comme le « bon élève du FMI » ne devrait pas plaider pour semblable sort, même durant les  crises financières précédentes. Dans de telles occurrences, la Tunisie s’est tournée vers le Fonds monétaire international, qui avait  accordé son premier prêt au pays en 1964. Au cours de la décennie politiquement turbulente aussi, celle  qui a suivi la révolution, les négociations avec le FMI ont été une rare constante. Lorsque les dépenses du gouvernement augmentaient et que les principales sources de devises étrangères, telles que le tourisme et la production de phosphate, connaissaient des crises prolongées, le FMI était présent à l’appel. Ila décaissé deux prêts du Fonds ont permis d’injecter directement des liquidités et ont souvent constitué une condition préalable à l’intervention d’autres bailleurs de fonds. D’ailleurs, les négociations en vue d’un nouvel accord de prêt sont en cours depuis plus d’un an. Toutefois, plus récemment, le président tunisien, Kais Saied a adopté un ton différent. Dénonçant les « diktats » du FMI, il a laissé entendre que la Tunisie pourrait se retirer complètement de l’accord.

Les programmes successifs du FMI ont été très impopulaires en Tunisie, fait observer à cet égard  le New Lines Magazine, qui les associe à une ère de crise économique prolongée, à de nouvelles dettes et à des demandes de budgets plus serrés.  Il estime  qu’un  nouvel accord nécessiterait presque certainement des réductions impopulaires des dépenses publiques et des salaires de la fonction publique, ainsi que des subventions sur l’énergie et peut-être même sur le pain, l’huile végétale et le couscous. Face à la perspective d’un défaut de paiement, le président tunisien  a pris des mesures qui ont « suscité à la fois l’inquiétude des partenaires internationaux de la Tunisie et des spéculations fiévreuses ». Si ce n’est pas le FMI, vers qui pourrait-il se tourner, se demande-t-il.

Chine, pays du Golfe, BRICS…

Certaines spéculations se sont concentrées sur d’autres bailleurs de fonds étrangers : Si les conditions du FMI sont jugées inacceptables, peut-être la Chine, qui a beaucoup investi en Afrique ces dernières années, serait-elle disposée à offrir des prêts à de meilleures conditions. De même, certains ont suggéré que les pays du Golfe ou le bloc BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) pourraient intervenir en tant que prêteurs alternatifs. Toutefois, rien n’indique qu’il s’agisse là d’autre chose que de spéculations. L’appétit de la Chine pour la dette africaine semble avoir considérablement diminué, et il n’y a eu aucun mouvement visant à relier la Tunisie à la nouvelle banque de développement des BRICS. De nombreux bailleurs de fonds étrangers potentiels, dont les États-Unis et l’Union européenne, semblent avoir fait de la signature d’un prêt du FMI par la Tunisie une condition préalable à l’octroi d’autres prêts. Si de nombreux partenaires occidentaux ne semblent pas troublés par le virage démocratique pris le chef de l’Etat tunisien  son incapacité à redresser l’économie s’est avérée plus aliénante, note le New Lines Magazine.

Le resserrement des dépenses publiques – le point central des négociations avec le FMI – est politiquement difficile pour l’Etat, car une grande partie des infrastructures du pays, des routes aux hôpitaux en passant par les décharges, sont dans un état de plus en plus déplorable. Le gouvernement tunisien est le premier employeur du pays. Les politiciens ont tenté de répondre à l’appel de la révolution en faveur du « travail, de la liberté et de la dignité nationale », ce qui a entraîné la création de milliers d’emplois publics. Réduire la masse salariale du secteur public mettrait des millions de Tunisiens dans une situation financière précaire. La réduction des subventions est naturellement impopulaire, et la restructuration des entreprises publiques est à la fois un défi pratique et un affront pour de larges circonscriptions politiques. S’il veut éviter ces conditions, il ne reste peut-être au pays qu’une seule option pour que les Tunisiens, comme l’a récemment déclaré Kais Saied, « comptent sur eux-mêmes » et rompent non seulement avec le FMI, mais aussi avec une tendance de plusieurs décennies à dépendre de plus en plus des prêts étrangers.

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