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Qu’est-ce qui a poussé Hamma à pousser la chansonnette (أش لز حمة اغني) ?

Drôle de fête, mais la 2ème fête de fin du jeûne du ramadan sous restrictions de déplacement et sous couvre-feu, est finie. Le chef de l’Etat a entamé son 19ème mois à Carthage, et le chef du gouvernement son 9ème mois à La Kasbah.

Entretemps, l’objet de leur désaccord essuyait une première motion de censure, résistait à la tentative d’une deuxième, mais Rached Ghannouchi restait accroché au Perchoir, et menait  toujours sa bataille par procuration avec le chef de l’Etat, sur la juste interprétation de la Constitution. A bientôt 80 balais, l’homme réussissait ainsi le tour de passe-passe de disparaître du cliché de la guerre Saïed-Ghannouchi, et y installe définitivement le chef de gouvernement Hichem Mechichi.

Cela, d’autant plus que ce dernier reste insensible aux appels de ses conseillers et amis de se détacher d’Ennahdha, d’éviter le jeu des piques et répliques auquel il continue de s’adonner, directement sous la pression des micros et des caméras, ou parfois indirectement par le biais de sa porte-parole officielle , et de s’éloigner de l’odeur fétide de ce parti islamiste dont les relents finiront par l’isoler. Vainement !

–        10 ans de démocratie à la tunisienne, la tête haute et le bec dans la gadoue !

Dix ans au pouvoir sans pouvoir, ni le prendre, ni l’abandonner, ni donner aucun gage de réussite économique ou sociale. Dix ans ponctuées d’attentats terroristes, ou politiques, où sa responsabilité indirecte a toujours été évoquée. Une décennie qui a ramené l’économie tunisienne à l’ère préhistorique du développement, détruit l’autorité de l’Etat devenu l’ânon à bon dos pour tous. Une décennie d’Ennahdha en Tunisie, où le pouvoir législatif d’une Constituante entre ses mains, avait pu mettre en place un pouvoir bâtard, sans queue ni tête, avant de muter en un parlement à la colombienne où se réunissaient déjà tous les ingrédients d’un échec, économique et politique, annoncé.

Et cerise sur le gâteau (façon de dire), ce sont 18 mois de guerre froide entre Robocop et le Gourou, l’un, certes, parlant plus que l’autre, et l’autre plus machiavélique que l’un. Une guerre froide, qui a tout naturellement enfanté une situation de blocage, institutionnel, socioéconomique et financière. Un blocage, où les deux têtes de l’Exécutif font la course à ne rien réaliser de concret et à ne rien réussir sur les volets social et économique, à flirter avec tous les pouvoirs sans pouvoir les exercer. A faire le bon ou le méchant, sans jamais arriver à faire la brute, caressant toujours tout le monde dans le sens du poil sans jamais réussir à raviver les réactions salutaires de dignité et de liberté par le travail. A courir les Iftars, sans jamais observer le jeûne des échecs, arrêter les comploteurs pour l’un et vacciner les 50 % de la population en juin pour l’autre, et mettre fin au trop parler pour ne rien dire, comme construire des villages médicaux pour l’un ou de mobiliser 4 Milliards USD pour l’autre.

–        أش لز حمة اغني

« Qu’est-ce qui a poussé Hamma à chanter ou en argotique tunisien أش لز حمة اغني ? » devrions-nous in fine nous lamenter à propos de la malheureuse issue de ladite révolution ! Car, manifestement, la démocratie est d’abord une culture et un état d’esprit, et n’a rien à voir, ni avec l’islam, ni avec le socialisme. Le chanteur Jacques Brel disait que « Mettez 11 imbéciles d’un côté, 10 philosophes de l’autre. Les imbéciles l’emporteront. C’est ça la démocratie ». Pour Georges Clemenceau, « c’est le pouvoir pour les poux, de manger les lions ». Et pour l’acteur Jean Luis Barrault, « la dictature, c’est ferme ta gueule ; la démocratie, c’est cause toujours » !

Et c’est sous cette même démocratie, certes à la tunisienne, que la croissance dont Hichem Mechichi voudrait faire la solution à tous ses problèmes et ceux du pays, est toujours négative à la fin du 1er trimestre 2021, le chômage toujours galopant (17,8 %) tout comme l’inflation (5 % en avril). La valeur ajoutée du secteur des phosphates reste négative de 31,9 %. Les recettes fiscales ne font plus de recouvrement. La dette représenterait 102 % du PIB. Des entreprises publiques à l’image d’El Fouledh qui ne produit presque plus et exporte la ferraille locale. Grèves et Sit-in continuent de plus belle. L’UGTT demande encore plus d’augmentations salariales, et de moins en moins d’horaires à travailler pour les éducateurs sans souci du risque d’une année blanche de toute connaissance. Les vaccins qui devaient être achetés depuis 2020 avec l’argent du Covid fourni par les Tunisiens et les étrangers, font défaut et, au mieux, arrivent au compte-gouttes, ne permettant de vacciner jusqu’aujourd’hui que 570.530 personnes. Et enfin, une classe politique qui se délecte de la guerre froide de l’Exécutif et se prélasse à l’ARP, et une société civile qui en arrive à prier que le FMI ne donne aucun sou à la Tunisie. Le peuple, de son côté, achète tout, rouspète et proteste à tout bout de champ (841 mouvements sociaux en avril et 1138 en mars 2021). « Qu’est-ce qui a poussé Hamma à chanter ou en argotique tunisien أش لز حمة اغني ? » devrions-nous encore, et à juste titre, dire !

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2 Commentaires

  1. excellent article je suis d’accord avec cette analyse mais la solution à tous les problèmes du pays et de son peuple depuis 10 ans voit ‘ elle un jour proche ? sinon une deuxième révolution pour sortir le pays et son peuple de la grave crise économique sociale financière sociétale sanitaire sécuritaire et politique la plus grave de son histoire récente engendrée par les nouveaux gouvernants les nouveaux hommes politiques et les nouveaux partis politiques depuis 10 ans.

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