La position officielle tunisienne sur la question du crédit du FMI, a désormais de quoi donner le tournis au plus économiste des experts. Il y a plusieurs jours, le chef de tout l’Etat tunisien renvoyait dos à dos les problèmes financiers de la Tunisie et tous ceux qui essayaient de l’aider à trouver une solution au problème des 1,9 Milliards USD, crédit pour lequel elle avait trouvé un accord technique avec le bailleur de fonds-clé de voûte du reste des bailleurs de fonds. Crédit que Saïed donne désormais la nette impression de refuser en accusant le FMI de diktat. Accusation pour laquelle Jihad Azour du FMI a répondu, et pour laquelle nous rappelons que le gouvernement de Saïed avait maintes fois dit et répété que le programme des réformes était 100 % tunisien.
Et alors que son ministre de l’économie et homonyme Samir Saïed était à Washington pour essayer de colmater les brèches faites par Kais Saïed dans la diplomatie économique tunisienne, ce dernier revenait le 14 avril 2023 à la charge en brandissant de nouveau la question de la souveraineté en recevant Najla Bouden, qui ne savait peut-être pas que des notions telles qu’indépendant et souveraineté, seraient vides de tout sens en l’absence de ressources financières propres. Mais peut-être Kais Saïed voulait-il ainsi rappeler à Samir Saïed qui gouverne en Tunisie, qui fixe les lignes rouges et qui autorise qu’on les dépasse !
– L’optimiste économique et l’autiste politique
Faisant comme si son patron, l’autre Saïed chef de tout l’Etat, n’avait jamais dit non au FMI et que presses nationale et internationale, FMI et « Achab Yourid avaient tous mal compris les paroles de son chef à Monastir, le ministre tunisien de l’Economie et de la planification Samir Saïed s’est manifestement attelé à Washington à dénouer un à un les nœuds faits par Kais Saïed autour des perspectives de l’économie. Il rencontre pour cela le vice-président de la Banque mondiale (BM) pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Ferid Belhaj, qui donnerait presque le sentiment que l’incident des Subsahariens avec Malpass de mars dernier lorsque la BM avait signé un carton jaune à Saïed, était déjà de l’histoire.
Au cours d’une série de rencontres avec des institutions financières internationales, Samir Saïed a aussi parlé des réformes que l’autre Saïed considérait comme diktats. Et on imagine sa peine à essayer de leur expliquer que des questions comme la compensation et le sort des entreprises publiques, ne sont pas à l’ordre du jour chez le chef de tout l’Etat, qui semble ainsi se soucier plus des retombées des réformes sur sa popularité et son programme politique que de l’impact des mêmes réformes sur l’économie tunisiennes et les équilibres financiers de la Tunisie.
Optimisme, malgré l’autisme politique et économique de son présidentiel homonyme, Samir Saïed avait toujours dit l’importance de l’accord d’assistance financière du FMI. Et manifestement entêté, comme il l’avait été à la STB du temps de Youssef Chahed, ce qui lui a coûté sa place de DG, et ensuite même son poste de Pdg de Tunisie Télécom.
L’ancien banquier centralien a ses idées propres et il s’y tient. Il a ses convictions financières et n’en démord pas. Arrivera-t-il à faire changer d’avis Kais Saïed sur la question du crédit du FMI et qu’avec cette institution, « qui ne court pas derrière nous pour nous faire crédit », comme il aimait à répéter, ce n’est pas une question de souveraineté, mais de réformes, par ailleurs plus que nécessaires ? Arrivera-t-il à le convaincre de faire « le dernier pas » demandé par par Kristalina Georgieva, et à signer l’accord de prêt ? Peu probable à notre sens, car aux conviction réformatrices de Samir, s’oppose pour l’instant l’entêtement idéologique d’un Kais Saïed qui retardait les réformes depuis 2022.