AccueilLa UNESaïed la terreur et Kais le «One-man-show»

Saïed la terreur et Kais le «One-man-show»

Son intervention à El Menzah a certainement été une opération de communication. Mais elle aura peut-être empêché une catastrophe, avec les défauts entachant la qualité du ciment, les bulles d’air dans le béton, et la qualité de l’acier dont a fait état le chef de tout l’Etat sur l’interminable chantier du Stade olympique.

Ses deux dernières interventions, à Nabeul dans le cimetière des Wagons de la SNCFT et dans celui des bus de la SNTRI à Ben Arous, auront eu au moins le privilège de déterrer le dossier de la société El Fouledh, par deux fois cités par le chef de tout l’Etat, et d’en exhumer le cadavre financier pour sauver cette entreprise publique qui vit surtout de la vente de la ferraille.

  • De Robocop à grand inquisiteur, il a tout de même rétabli l’autorité de l’Etat

On l’avait appelé Robocop à ses débuts, et le « Farouk » ensuite en référence à Omar Inb Khattab. Aux dernières nouvelles, un député l’avait appelé le nouveau « Oqba Ibn Nafaâi » ou le nouveau Hannibal, et le journal français Le Figaro le nommait « grand inquisiteur ».

Dans tous les cas, force est désormais de constater que si Kais Saïed avait réussi une seule chose dans ce premier mandat, c’est celle du rétablissement de l’autorité de l’Etat. Non seulement en réduisant au silence les partis politiques et certaines organisations nationales, mais en semant la « terreur » dans les rangs de certains anciens « Pouvoir » comme le Législatif, ou celui de la justice. Une terreur, en quelque sorte positive et libératrice, dans la mesure où elle fonctionne comme le fouet qui pousse à sortir de l’attentisme et agir.

Ramenés au simple rang de fonction, ils courent désormais plus vite que la montre, votent les lois sans fioriture et laissent tomber celles qui pourraient nuire au pays, mettent plus promptement les accusés en prison et convoquent hommes d’affaires et entreprises, par listes entières.

Une célérité qui contraste parfois avec la lenteur excessive à trancher dans d’autres dossiers, comme ceux des deux principaux attentats terroristes de l’Avenue Mohamed V et du Bardo, ou encore ceux de Brahmi et Belaïd. Et une célérité qui la fait parfois agir par internements administratifs, dans l’anonymat le plus total et dans le silence des sources officielles à propos de ce qui serait reproché à certains internés. Force est cependant de remarquer que si Saïed a réussi à rétablir l’autorité de l’Etat, il ne réussit toujours pas à faire baisser les prix et juguler l’inflation.

« Terreur » aussi, parmi certains membres du gouvernement qu’il ne recule pas à renvoyer chaque fois qu’il le veut, ou comme ceux de la jeunesse et du sport, de l’équipement, ou du transport, qui chaussent enfin désormais leurs bottes de chantiers pour aller secouer les promoteurs de certains grands chantiers, et font travailleur leurs méninges pour trouver les bonnes solutions, ou au moins appliquer celles trouvées par le chef de tout l’Etat, comme pour les carcasses de trains et de bus à transformer en matériaux viables par El Fouledh. Terreur enfin d’une administration où la simple signature d’une décision deviendrait presque un acte de témérité ou de martyre.

  • Plus Show-man que lui, tu te tais !

L’homme a cependant un grand défaut, celui de la communication. Il ne parle pas aux médias, n’est allé qu’à quelques reprises au- devant de son peuple pour lui expliquer les tenants et les aboutissants de sa politique dans des meetings populaires. Le Professeur Kais Saïed n’aime pas les débats, encore moins les plateaux TV qu’il obère même.

Le chef de tout l’Etat tunisien préfère le cameraman de la Présidence, et adore son micro-cravate qu’il arbore en toutes circonstances. Ses sorties publiques sont orchestrées comme du papier à musique où il est l’homme-orchestre. Rares sont les images où on entendrait un de ses interlocuteurs lui répondre, qu’ils soient ministres, Pdg ou autres hauts responsables. Devant la caméra, dans la rue où dans les salles de réunion à Carthage ou à La Kasbah, c’est le chef de tout l’Etat qui fait le show en solitaire, ne donnant que très peu de chances à ses interlocuteurs de rétorquer à ses remarques présidentielles, ou à lui expliquer quoi que ce soit. On ne sait pas pourquoi le chef de tout l’Etat tunisien ne laisse personne, ni de ses ministres, ni des responsables de l’administration dont il a la charge ? Il est pourtant avéré que certains des dossiers auxquels il confronte parfois ses interlocuteurs, ne sont pas toujours bien ficelés, ou ne contiennent pas tous les éléments. Et on a remarqué que certains des béni-oui-oui qui l’entourent ne lui disent pas tout.

Ses sorties, nocturnes ou diurnes, toujours à pied et sous bonne garde policière, ressemblent plus à des bains de foule qu’à des prises de contacts pour écouter les doléances de ceux qu’il dirige. Il ne parle plus aux syndicalistes, et reçoit parfois le patronat, mais ne semble pas les écouter, et en tout cas pas essayer de les comprendre, jusqu’à donner la nette impression de leur faire franche cabale, et de devoir par la suite essayer vainement de les tranquilliser. A continuer à faire ainsi le One-man-show, renforce l’impression d’un chef de tout l’Etat populiste qui ne fait et ne sait que s’écouter ! 

« L’heure est à l’écoute de toutes les voix, parce qu’il n’y a pas de plus discriminant, ou de plus terrifiant, que de ne pas être entendu », disait le président américain Francis J. Underwood dans la série télévisée américaine House of Cards

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1 COMMENTAIRE

  1. KS a fait le vide autour de lui. Certes il n’écoute personne sauf ses hommes de confiance au palais?
    Maintenant cette terreur n’est pas bonne ni pour les DG des sociétés publiques, ni pour le business privé. Un Etat qui n’investit pas qui ne prend des risques avec des projets ambitieux restera pauvre et archaïque.
    Alors nous sommes tous coupables pour notre silence.

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