AccueilLa UNESi Kristalina ne va pas à Bouden, Nejla ira à Georgieva

Si Kristalina ne va pas à Bouden, Nejla ira à Georgieva

La citation originale est de J.R d’Alembert dans les « lettres à Voltaire », et qui disait que « puisque la montagne ne veut pas venir à Mahomet, il faudra que Mahomet aille trouver la montagne ». Nejla Bouden n’est pas prophétesse, mais le FMI reste pour l’instant pour la Tunisie, la montagne à franchir pour accéder aux marchés financiers internationaux.

Depuis quelques années, la Tunisie recevait annuellement une invitation officielle au Forum économique mondial de Davos, et le 22 mai,  la cheffe du gouvernement y prenait part. On aurait pu penser que si Nejla Bouden ne cherchait que les sensations fortes d’une station de ski aux Alpes suisses, elle aurait mieux à faire à Tunis, où les difficultés financières feraient déjà froid dans le dos de tout responsable.

On comprend donc aisément que la cheffe de gouvernement qui était accompagnée de sa ministre des finances et du Gouverneur de la BC, ait sauté sur l’occasion pour aller à Davos où elle ne pouvait pas ne pas rencontrer les grands du monde économique, et les décideurs pour « l’assistance respiratoire » au malade Tunisie, et à leur tête la directrice du FMI. 

Jusque-là, Tunisie  et FMI « négociaient » soit par courriers, soit à travers les experts. Nejla Bouden avait, peut-être déjà eu des entretiens téléphoniques ou en visioconférence, mais n’avait jamais rencontré Kristalina Georgieva. Mais entre femmes, c’est sûr, on se comprend mieux, et le contact direct entre quatre yeux ne peut que faciliter la communication et faire parvenir les vrais forts messages que la cheffe du gouvernement d’une Tunisie à la conjoncture, sociale et géopolitique, particulières aimerait transmettre.

  • Lecture zen d’une rencontre de deux grosses  têtes féminines

Le Tweet de Kristalina Georgieva est en tout cas éloquent, et le choix des mots pour le faire, par cette Dame suivie par le monde, n’est pas anodin. « Quel plaisir de rencontrer Mme Nejla Bouden, la première femme chef de gouvernement de la Tunisie dans la région MENA », s’était d’abord exclamée la directrice de la banque des Etats à l’échelle planétaire, qui mettait ainsi en relief le caractère exceptionnel de cette rencontre.

Celle, d’abord, de la 3ème femme directrice du FMI depuis 1946 (sur un total de 16 directeurs en 76 années), et de la 2ère femme à la tête d’un pays depuis Alyssa, fondatrice de Carthage en 814 av. JC. Un moment assez exceptionnel à souligner, et Georgieva avait su le faire. Celle, ensuite, de deux hauts responsables femmes, avec tout ce que cela signifie dans l’absolu en sensibilité au bien-être social de leurs familles, par rapport au diktat des finances.

« Nous avons discuté des efforts de la Tunisie pour se lancer dans un ensemble holistique de réformes visant à stimuler la croissance, créer des emplois et protéger les personnes vulnérables », précisait-elle ensuite. Les dictionnaires diront que l’expression « holistique » est dérivée du grec « Holos » qui signifie « tout » et « entier ». De par son étymologie, la thérapie holistique viserait ainsi à s’occuper du patient « en entier » ou « dans sa globalité », de prendre en compte davantage de facteurs par rapport à la médecine allopathique.

L’utilisation de ce terme à l’exclusion de tout autre synonyme, veut dire que le courant était bien passé entre les deux femmes, que la Tunisie était bien parvenue à faire passer ses messages, ceux notamment d’une assistance financière qui tienne compte des spécificités, et que le FMI a bien assimilé le fait que la Tunisie n’a point besoin d’une aide financière classique, mais d’une prise en charge de tous les aspects de ses maux. Non pas seulement un remède de cheval, mais une prescription médicale globale qui la remettrait sur pied. 

  • Une discussion franche entre 4 yeux et deux bons esprits

C’était « une discussion très franche, une meilleure visibilité sur la question politique. Pour la première fois, le FMI parle de réformes pour créer de la croissance, de l’emploi. Et surtout faire attentions aux démunis. D’habitude, c’est plutôt le rôle des autres institutions telles que la Banque Mondiale, la BERD, ou la BAD. Le rôle du FMI c’est plutôt la stabilisation macroéconomique, pour une soutenabilité de la dette », disait à Africanmanager une source présente à Davos, en commentaire de la rencontre Bouden-Georgieva. La 1ère semble avoir bien défendu son dossier, notamment sur le volet politique, et la seconde semble avoir bien entendu après avoir écouté en Live et directement de la bouche des concernés.

Gerry Rice, le porte-parole du FMI, lors d’un point de presse en ligne, revendiquait dernièrement des actions décisives et la mise en œuvre des réformes, sans attendre même la conclusion d’un accord. Nejla Bouden était certainement allée expliquer à la patronne du FMI le pourquoi de la lenteur que met la Tunisie à mettre en œuvre les réformes qu’elle savait déjà nécessaires, et le comment de sa procédure pour le faire, en ménageant la chèvre, le chou, et parfois même les loups. Et Kristina Georgieva qui parlait dans son Tweet de « stimuler la croissance, créer des emplois et protéger les personnes vulnérables », semble l’avoir compris. On en voudrait pour preuve, l’introduction de la CNSS dans le programme des réformes accepté par le FMI (ar).

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