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Test du Covid : Le vrai du faux sur les prix. Qui fait des affaires sur la santé des Tunisiens ?

On dit généralement que la santé a un coût mais pas de prix. La Tunisie avait découvert cette maxime à l’occasion de la 1ère vague du Covid-19. Elle avait alors, comme un peu partout dans le monde, sanctifié le corps médical, loué toutes ses qualités possibles et imaginables, ses sacrifices, son abnégation et tout le tintouin. L’image, idéalisée il y a quelques mois, est, depuis la 2ème vague du Coronavirus,  un peu écornée.

La santé en Tunisie n’est plus entre les mains de l’Etat. L’infrastructure publique s’appauvrit, par manque d’investissements et de maintenance, et l’infrastructure privée prend le lead, s’équipe, industrialise ses process et processus, mais se déshumanise quelque part aussi au profit de la rentabilité tous azimuts. Ajouté au sens aigu  de l’opportunisme du Tunisien, comme l’avait d’ailleurs fait noter l’ODC (Organisation de défense du consommateur) depuis mercredi dernier, le mélange devient explosif, et éclabousse désormais tout le spectre de la profession médicale en Tunisie.

La vérité des prix et la mauvaise communication du ministère de la Santé

Encouragés par l’ouverture de ce marché au secteur privé, et paniqués par la vitesse de propagation du virus, les Tunisiens se ruent sur les tests. La porte fut ainsi ouverte à tous les dérapages, individuels ou peut-être organisés en bandes criminelles. L’enquête le démontrera, peut-être.

Des dérapages, en tout cas, confirmés par le chef du gouvernement lui-même, Hichem Mechichi qui décide d’ouvrir une enquête, après que certains laboratoires d’analyses privés ont doublé les prix, à 400 DT et plus. « C’est vrai. Au cours de la dernière période, nous avions enregistré un manque [Ndlr : Test PCR], ce qui a engendré un dérapage des prix dans le secteur privé, prix qui ont doublé par rapport au prix fixé dans le secteur public. J’ai ordonné hier une enquête sur ces laboratoires qui augmentent les prix, et les services sanitaires ont fait plusieurs visites d’inspection, et il sera procédé aux mesures juridiques contre ces laboratoires », a ainsi déclaré Mechichi samedi à L’Aouina. Par cette déclaration, le chef du gouvernement a jeté l’opprobre, directement et sans attendre les résultats de l’enquête qui devrait même être parlementaire, sur le secteur privé, sans pour autant, manifestement, dire toute la vérité.

D’abord sur la réalité du prix. Celui du Kit dont les 210 DT ne seraient que le coût direct. Et aussi, sur le fait que l’Etat prend en charge le reste du coût global du test, pour le secteur public, chez l’Institut Pasteur ou les établissements publics, pour baisser les prix.

Pour le secteur privé, le test comprend en effet plusieurs autres composantes, selon des informations collectées auprès le propriétaire d’une clinque qui a préféré garder l’anonymat. D’abord, le prix du Kit pour le PCR qui est de 210 DT pour un prix d’achat entre 130 et 160 DT selon l’importateur-fournisseur, avec une marge pour le laboratoire.

Le reste serait le prix de la consultation faite par le médecin et qui est un passage obligé pour le patient demandeur de test, la rémunération du préleveur, et aussi le coût de sa protection sous combinaison spéciale, masque et tout le tintouin. Ces frais sont généralement comptabilisés en frais de pharmacie, tel que cela devrait être spécifié de manière transparente dans la facture du laboratoire ou de la clinique privée. Le tout ne devrait pas dépasser les 300 DT chez le secteur privé en clinique et moins que cela en laboratoire, puisqu’il ne serait pas astreint à la consultation médicale préliminaire. Et ce serait, au-delà de cette somme, que l’on pourrait parler de prix surfaits.

Or, le ministère n’a jamais parlé de sa prise en charge d’une partie du coût du test Covid chez le secteur public. Le ministère de la Santé n’a jamais dit non plus qu’il avait plafonné ce prix à 210 DT pour tout le monde, avec ou sans l’accord de la profession. Le ministère sait, en effet, sauf décision de compensation du coût du test, par exemple à travers le fonds 18.18 consacré à la lutte contre le Coronavirus, qu’il ne lui est pas possible de plafonner le prix sans l’accord de la profession.
D’où l’incompréhension des patients, et les accusations de hausse illégale des prix. D’où, aussi, la « fausse » annonce d’une enquête qui n’aboutira à rien, les inspecteurs de la santé étant au fait de  tout cela.

Un nouveau test, à plus ou moins 70 DT, sur simple dépôt d’une goutte de sang

Par la même occasion, le chef du gouvernement tunisien a annoncé « l’introduction, à partir de la semaine prochaine, d’une quantité d’un autre type de tests, à faire pour les porteurs de symptômes du Covid-19 et dont les résultats peuvent être livrés au bout de 20 minutes d’attente, et dont le prix sera nettement plus abordable ».
Rappelons d’abord, qu’en Tunisie, le choix politique a été fait pour le test dit PCR (Polymerise Chain Reaction [ang]). Tout aussi efficace, bien que basé sur une autre technologie de dépistage, il y a le test sérologique. Ce dernier se ferait à travers le dépôt d’une goutte de sang sur une bandelette. Il coûterait la somme de 70 DT selon certains professionnels, et peut-être moins si importé par l’Etat. La Tunisie en  aurait déjà importé des quantités, mais qui n’auraient jamais quitté la douane, la décision ayant été déjà prise pour le PCR (Lire article intéressant de LCI).

Le bas prix de ce second type de tests provient d’abord du prix à l’achat. Le test ne nécessitera pas toutes les protections, notamment de combinaison et de masque pour se protéger au contact du patient, et qui sont facturés à la charge du client. En France, les tests rapides sont faits en pharmacie, sans besoin même d’aller au laboratoire ou en clinique.

Les masques, masquent tout un commerce de la santé

Sinon, et alors que nous évoquons ce qui pourrait s’apparenter à un « commerce de la santé » qui ferait rage chez les opérateurs de ce secteur, on ne peut oublier la question du masque. On avait vécu, lors de la 1ère vague du Covid-19, les tentatives de faire des affaires, à travers l’affaire des masques médicaux et de protection. Une affaire où seules les structures de contrôle du même gouvernement dont l’un des ministres avait été soupçonné, a été connue. Depuis, le prix du masque avait largement dépassé le 0,1 DT officiellement décidé. Pourtant fabriquant de masques, la Tunisie en importe aussi, beaucoup et de partout, y compris de la Turquie. Les prix ont été entretemps multipliés plus que par trois, et chaque pharmacie fait ce qu’elle veut, sans aucun contrôle, et encore moins de sanction.

A la 2ème vague du Covid-19, concomitante avec le nouveau gouvernement de Hichem Mechichi, ce dernier s’illustre par une gestion en gruyère et à la Fakhfakh. Une gestion, toute en mesurettes et très peu de moyens pour les plus démunis et les écoliers, dont ceux des masques de protection, alors qu’elle en décidait le port obligatoire, partout de ce qui est pourtant le premier des fameux gestes barrière contre le Coronavirus. Le tout, alors que les contaminations explosent et se comptent désormais, quotidiennement, par milliers.

Samedi à l’Aouina, le chef du gouvernement annonçait une amende de 60 DT pour toute personne refusant de porter le masque, à partir de la semaine qui s’annonce. Il lui restait, pourtant, d’assurer que le contrôle ne reste pas fictif, faute de personnel du ministère de l’Intérieur, et les contrôleurs s’astreignent eux-mêmes au port complet du masque, et non à un port décoratif, sous le menton, sur la bouche uniquement, ou même accroché à l’oreille comme on a pu le constater à plusieurs reprises.

 Qui est le margoulin dans l’affaire ?

Il y a lieu de rappeler que l’Etat avait fait appel à la générosité des Tunisiens, personnes physiques et morales, parfois sous la menace, pour verser de l’argent dans un fonds qui avait été dédié à la lutte contre le Covid-19, le fameux 18.18 qui aurait récolté plusieurs Milliards DT.

La 1ère vague du Coronavirus contenue par un confinement, total et aux effets dévastateurs sur l’économie et l’emploi, ces dons locaux et bien d’autres internationaux ont été versés dans le budget de l’Etat pour essayer d’en boucher quelques trous. Et c’est là que réside le caractère quelque peu margoulin d’un Etat qui a cru bon de faire ses petites affaires sur le compte de la santé des Tunisiens qui en avaient pourtant payé le prix directement à l’Etat.

Le retour au confinement total étant désormais définitivement écarté, mais la pandémie s’étant relancée dans une seconde vague plus meurtrière, il nous semble qu’il est temps que l’Etat reconnaisse sa responsabilité dans la montée en flèche de la dispersion du Coronavirus. Sa responsabilité aussi dans le mauvais arbitrage entre la santé du citoyen et le raccommodage du budget. Et partant, rendre l’argent de César à César, pour l’allouer à la prise en charge, au moins d’une partie du dépistage par le nouveau test rapide.

Selon notre source qui a requis l’anonymat, les projections en chiffres montreraient clairement que « si on laissait les choses à l’état où elles sont actuellement avec la nonchalance des citoyens, on en arriverait à des centaines, sinon des milliers de morts ». Alors, les 200 lits de réanimation et 600 autres d’oxygène du secteur privé et les 300 lits du secteur public  ne suffiraient plus. Des lits, qui seraient selon notre source, d’autant plus inutiles qu’il y a une sérieuse pénurie de personnel et de techniciens. Dans un centre hospitalier, que nous ne nommerons pas, il y aurait 21 lits de réanimation sur lesquels seuls 8 sont fonctionnels faute de techniciens. On penserait, pour y remédier, à avoir  recours aux médecins spécialistes qui n’ont pas encore reçu définitivement leurs diplômes. A la guerre comme à la guerre, pourrait-on dire en appui à cette proposition de dernière minute !

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