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Transparent jusqu’au bout des ongles, et qui a fait ce que personne n’a fait !

Le Covid-19 aura au moins eu ce côté positif d’avoir un peu dessoûlé la Tunisie de la pandémie politicienne et de la profusion de plateaux TV politiciens. Malheureusement, avec le déconfinement, les politiciens se dé-confinent et réapparaissent. Le dernier en date, le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, pour s’adresser aux Tunisiennes et Tunisiens à partir d’une chaîne TV France 24.

Intervenant 11 jours après l’entretien téléphonique Fakhfakh-Edouard Philippe (On dit ça, on ne dit rien), l’interview du chef du gouvernement sur France 24 qui est une chaîne publique, a été en version double, une en langue arabe de presque 40 minutes de palabre politique, et une en langue française, nettement plus courte (11,59 minutes), qui était nettement plus économique.

Des interviews, où l’humeur de Fakhfakh était changeante, selon le journaliste en face sur l’écran. Nettement plus détendu, presque serein avec Taoufik Mjaied [Ar] avec une petite moue de dédain lorsqu’il parle de la campagne fb demandant le changement, mais le visage plus fermé, l’expression moins enjouée et raide comme un balai, avec Marc Perelman [Fr], sauf peut-être lorsqu’il se laisse à un politiquement incorrect « Euhhh … Pfff », lorsqu’il répondait à la question de Marc Perelman de savoir  s’il se considérait une cible  de cette récente polémique dégagiste contre le gouvernement et le parlement.

–    Avec Saïed, nous avons le même projet et aucun projet

L’interview avec Mjaied était faite sous le signe de « transparence et confiance », les deux thèmes chéris du chef du gouvernement lorsqu’il n’était que le candidat du président Kais Saïed. Le journaliste de France 24 lui a d’abord posé la question relative au sort de toutes les sommes d’argent, mobilisées en interne (1818) et en externe (FMI et UE notamment).

Fakhfakh esquive les plus de 200 MDT du fonds « 1818 », et se limite à parler des ressources extérieures. « Tout ce que nous avons reçu était programmé dans le budget », a-t-il alors indiqué, en soulevant son sourcil gauche en signe de gêne, mais sans se départir de sa condescendance et de sa suffisance.

C’est vrai, mais ce n’était pas la complète vérité. Juste à son entrée à la Kasbah, il était encore programmé de continuer le programme d’aide avec le FMI, sous le MEDC signé en 2016. Dès son entrée à la Kasbah, ce qui reste dudit programme est vite abandonné en 2020, et ne pouvait donc pas figurer dans le budget de Youssef Chahed.

Taoufik Mjaied avait Interrogé Fakhfakh, à deux reprises, sur la destination des masses d’argent reçues à l’occasion du Coronavirus. A deux reprises, le chef du gouvernement de la transparence a éludé les questions sans y répondre, préférant par la suite parler de la crise du Covid-19, comme de « l’épopée de la lutte contre le Coronavirus », comme il le disait sur France 24.

Interrogé, toujours dans le cadre de la transparence, tel que l’a répété Taoufik Mjaied, sur les dernières nominations de conseillers, Fakhfakh ne se démonte pas et affirme que « Ce que j’ai fait, la nomination de 12 conseillers, ne date pas d’aujourd’hui, mais d’avant la composition du gouvernement ». Et c’est encore une nouvelle preuve de manque de transparence, puisqu’il n’avait jamais parlé de cette histoire des conseillers, avant qu’i ne soit trahi par le parti islamiste tunisien lui-même.

–    Avec Saïed, « nous avons le même projet, mais nous n’avons aucun projet » !

La double interview a aussi apporté son nouveau lot de surprises. En effet, interrogé sur ses relations avec le chef de l’Etat, le chef du gouvernement qui a excellé dans le « caresser dans le sens du poil », indique d’abord que « nous avons les mêmes valeurs. Nous avons le même projet (…), la même volonté de changement ». C’est connu, Kais Saïed voulait et veut toujours changer la Constitution et la nature du régime politique en une « Jamahirya ».

Transparent, Elyes Fakhfakh n’en avait jamais parlé au peuple ! Mais c’est peut-être aussi qu’il ne sait pas encore ce qu’il voulait, ou qu’il se serait trompé ! Toujours est-il que, dans la même phrase, il dit aussi que « nous sommes venus pour la Tunisie et nous n’avons aucun projet ». Faudrait donc savoir et le dire clairement. Cela aussi était de la transparence, et cela ne manquera pas de bâtir la confiance entre lui et ses gouvernés !
Toujours aussi condescendant que lors du « Pfff », il dit qu’il ne regarde pas la petite histoire, mais la grande histoire, et ajoute à l’intention de ceux qui voudraient changer les choses que « il faudrait qu’ils se lèvent plus tôt »

–    Fakhfakh fait-il bien le boulot ?

Les deux interviews d’Elyes Fakhfakh étaient intervenues 75 jours (2 mois et 15 jours) après sa prise de fonctions, et pouvaient paraître comme un bilan. C’est cependant une période où le chef du gouvernement n’a pratiquement rien réalisé de son programme, non qu’il ne veuille pas, mais parce qu’il ne pouvait pas, ayant été très vite happé par la gestion de la crise du Coronavirus. Une gestion qui a été loin d’être exemplaire et même ratée avec les nouveaux cas enregistrés vendredi et le Covid-19 qui repart. Une gestion où les quelques nouveautés numériques ont été, soit imposées par les dérives de la crise, soit des initiatives propres de startuppers. Mais en tout cas pas imaginées, planifiées et mises en place par une volonté délibérée du gouvernement. Ce dernier était plus préoccupé par le décompte mortuaire quotidien des contaminés, à se chercher une stratégie de lutte efficace et qui épargne la chèvre et le chou. Mais surtout un gouvernement qui pleurait le peu de ses moyens, prêt à tout et tous racketter, pour ne pas donner l’impression qu’il n’a pas de quoi financer les mesures sociales prises.

Force est donc de constater qu’après 75 jours à la Kasbah, Elyes Fakhfakh n’a toujours rien à présenter de constructif et que ce n’est pas le manque de transparence qui l’étoufferait. Ce n’est pas cela, non plus, qui l’aiderait à conquérir la confiance, non de députés politiquement manipulables, mais du peuple, plus regardant sur les faits et qui omet certes, mais n’oublie pas.  C’est du moins le ressenti de ces 75 derniers jours, où l’effet des prélèvements financiers l’ont emporté sur celui des aides et nettement détérioré son image !

Pour le peu de temps passé à la tête du gouvernement, Elyes Fakhfakh ne semble pas, en plus, encore pouvoir réussir à maitriser le bloc parlementaire supporter. Il en a eu la preuve lors de l’Iftar du jeudi 14 mai à Dar Dhiafa. La rencontre entre les partis soutenant le chef du gouvernement, n’a pas donné l’impression d’un bloc homogène, et même pas du tout selon des sources médiatiques tunisiennes. Les cinq représentants de partis avaient certainement rompu le jeûne, soupe et brik compris, mais pas encore fumé le calumet de la paix et enterré la hache de guerre !

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