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Coronavirus, une gestion où il y a « à boire et à manger » !

La Tunisie est en confinement total depuis le 22 mars 2020. « Au vu des statistiques publiées sur le covid19, notre recours au confinement total, étant donné son coût économique, est comme l’utilisation d’un canon pour tuer une mouche », estimait l’ancien gouverneur de la BCT Mohamed Ali Daouas dans  un Post fb. Au 1er mai 2020, selon les chiffres officiels du ministère de la Santé, c’est presque un millier de contaminés recensés et validés (998), des chiffres en dents de scie sur les nouveaux cas (4 pour le 30 avril), et 41 décès. Des chiffres, par ailleurs, validés par des sources externes.

Source : Reuters : https://news.trust.org/item/20200501152542-fk9d5

Notons en passant que, d’après le ministère des Affaires locales, le nombre de décès en Tunisie pendant les trois premiers mois de 2020, janvier, février et mars, s’élève à 19.274, et qu’à la fin de février 2020,  il y a eu 41 décès seulement causés par le Covid-19.

Cependant, comme il est possible, selon certains experts, que le Coronavirus puisse  connaître une deuxième vague (une réplique pour utiliser un jargon de sismologue), après le confinement (Les USA tirent déjà la sonnette d’alarme et disent que cela va repartir pour 24 mois, selon le NYP), il nous a semblé utile de tirer le bilan de la gestion de cette « première vague » de la crise, qui a fait monter en flèche le taux de satisfaction du corps médical auprès des Tunisiens et fait aussi monter la cote du ministre Nahdhaoui de la Santé, pour en tirer les enseignements qui pourraient être utiles, si le Coronavirus frappait de nouveau après le déconfinement qui se prépare. 

  • Un rôle du chef de l’Etat, moindre que celui de Fakhfakh

La guerre contre le Coronavirus en Tunisie a été menée par les deux pans de l’Exécutif. « Le rôle de Saïed dans la détermination des mesures de lutte contre le coronavirus du pays a été beaucoup moins important que celui de nombreux présidents dans des pays dont les constitutions permettent plus de pouvoir exécutif au président. Fakhfakh et son gouvernement ont été les principaux décideurs », écrivait le journal en ligne « TheNewArab » ou « Al Arabi Al-Jdid [ar]» qui faisait le bilan des 6 premiers mois du président Kais Saïed à la tête de l’Exécutif tunisien.

Traitant de ces discours, dans cette période fortement marquée par la crise sanitaire du Coronavirus, le journal arabe a estimé que « le discours a rencontré l’incompréhension de certains et même la moquerie des autres. Livré dans son « fusha » habituel mais avec une formalité et une affectation plus grandes que jamais, de nombreux Tunisiens ont eu du mal à comprendre le contenu et le message de Saïed (…). De même, les discours qui ont suivi ont été déconcertants et de nombreux Tunisiens ont même dû attendre les discours de suivi de Fakhfakh pour comprendre ce qui avait été annoncé par leur président ».

  • Une gestion centralisée à la Santé, et menée par le « châtiment » financier

Sur l’autre rive du pouvoir, à la Kasbah, toutes les clés de la machine de gestion de la crise du Coronavirus. Financièrement, c’est le chef du gouvernement lui-même qui était monté au front, avec force menaces à l’égard des milieux, et force mesures de ponction sur les rémunérations des travailleurs et même des retraités. Et il y serait allé tellement fort qu’elles ont été mises entre les mains du ministre de la Santé, le Nahdhaoui Abdellatif Mekki. Ce dernier a plus d’une fois semblé être dépassé à gérer les chiffres des contaminés qui ne paraissent plus que le jour d’après, le manque de médicaments, la fameuse question des masques de protection, et surtout la gestion des lits réservés au confinement obligatoire.

Poussés à ouvrir leurs hôtels pour accueillir les confinés de tous bords, les professionnels du tourisme n’ont pourtant pas échappé à la colère du ministre de la Santé. Sur Mosaïque FM, le ministre Mekki « a en effet fustigé le secteur d’une manière peu cavalière, l’accusant de ne pas avoir mis suffisamment de chambres à la disposition de son département pour pouvoir recevoir les Tunisiens en attente de rapatriement. Le ministre a carrément brandi la menace de confiscation d’hôtels », rapportait ainsi notre collègue « Destination Tunisie », ce à quoi la FTH (Fédération professionnels des hôteliers)a répondu en assurant de « la mise à disposition, dans toutes les régions, du stock de chambres nécessaires », citant même le chiffre de 7570, soit un total de 15140 lits et ce à titre gratuit.

Et la FTH de rappeler au ministre en colère, comme son patron, contre le secteur privé tunisien, que « les hôtels ne sont pas responsables de l’affectation des rapatriés ni de l’optimisation de la répartition des chambres. Il en est de même pour l’acheminement et la qualité de la nourriture servie qui n’incombent pas aux hôteliers ». Cette affectation aurait été faite à l’emporte-pièce, et beaucoup de confinés s’étaient plaints d’être conduits, par exemple, à Djerba ailleurs, alors que les capacités d’hébergement était disponibles, par exemple à Monastir, plus près de leurs lieux de résidence.

Et comme pour les punir, à l’instar des professionnels du textile, exclus du marché des masques, le volet alimentation a été confié exclusivement et dans un marché de gré à gré, à Tunisie Catering, une société publique filiale de Tunisair, au prix de 45 DT par personne contaminée. Révoltés, les hôteliers qui se trouvaient obligés de mettre à disposition leurs chambres sans faire tourner leurs cuisines mises à l’arrêt, le ministère aurait arrangé un appel d’offres dont auraient été exclus ceux qui avaient renâclé, selon plus d’un professionnel. Une fois encore, l’Etat punit le secteur privé !

On reviendra au passage sur l’affaire des masques, qui avait mis en colère le chef du gouvernement qui la considérait comme une « futilité ». Elle lui a « coûté » une enquête, qui n’a mené nulle part et n’a pointé du doigt aucun responsable, mais amené le gouvernement à aller voir ailleurs et acheter ses besoins en Chine, privant ainsi tout le secteur textile en panne d’une bouée de sauvetage.

On n’oubliera pas, non plus, le laxisme sécuritaire dans la gestion du confinement par le ministère de l’Intérieur, tout comme la calamiteuse gestion de la distribution des aides financières par le ministère des Affaires sociales. Pour le transport, le ministre avait d’autres chats à fouetter !

  • Un volet financier, sous le signe de « circulez, il n’y a rien à voir », ou du « silence, on tourne »

Reste donc le volet financier. L’effet média des premiers appels  au secours a été confié au ministre des Finances Nizar Yaiche, qui n’y était pas allé de main morte, semant même la panique sur l’état des finances publiques.

En parallèle, il y eu la création d’un fonds de collecte de dons, le 1818. Au 2 mai 2020, il aurait récolté presque 201 MDT. Le secteur bancaire aurait donné plus de 200 MDT, sans que l’on dise à quelle fin  cet argent a été dépensé. Donc, soit le chiffre officiel est faux, soit l’argent des banques aurait été affecté ailleurs.

Sinon, l’Etat tunisien a récolté nettement plus que les 2,2 Milliards DT en crédit par le FMI. Personne, non plus, n’a daigné donner ni le montant global, ni précisé ce à quoi tout l’argent des aides internationales a été ou sera consacré. C’est, donc, une gestion plus qu’opaque de ce volet financier de la gestion de la crise du Covid-19. Dans d’autre pays, les aides aux entreprises et aux privés ont été conséquentes. Avec Elyes Fakhfakh, on reprenait de la main gauche ce qu’on donnait par la droite.

Comme « Les Bronzés », ou plutôt comme les confinés [Ndlr : Diviser le mot en 2 pourrait avoir un autre sens, à Dieu ne plaise], nous disons cela, nous ne disons rien !

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