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Le Scoop de la semaine : Fakhfakh et Edouard se sont téléphoné. Point barre …Circulez !

Il était une fois, un vendredi de l’an de grâce 2020, deux chefs de gouvernement, l’un Tunisien et l’autre Français. L’un comme l’autre préparaient le déconfinement, l’un calquant presque les décisions et mesures de l’autre, mais avec moins de moyens et de populisme l’un que l’autre, et encore moins d’assurance et de prestance en les annonçant. Confinés, les deux dans leurs bureaux, ils se tournaient les pouces et ne savaient que faire pour passer le temps dans l’attente du déconfinement.

L’Histoire ne l’a pas dit, mais l’un d’eux appela l’autre au téléphone, et ils se mirent à deviser. A la Kasbah, Elyes Fakhfakh était dans l’attente du muezzin de la Mosquée Zitouna pour rompre le jeûne, las  d’essayer de gouverner plus de 10 millions d’ingouvernables, de gérer la colère du syndicat, et les tourments de son ministre des Finances de manquer de fonds pour les salaires. A Matignon, Edouard Philippe ruminait l’article de « La Dépêche » qui titrait « A Matignon, le sort d’Edouard Philippe est-il déjà scellé ? », et ressassait « la récurrence de couacs ou de déclarations intempestives de certains ministres[qui] auraient placé Edouard Philippe sur un siège éjectable ». A Tunis, Fakhfakh n’a que faire de « ces futilités ». Il avait fait un bon deal, il a payé et n’a pas à s’inquiéter.

L’Histoire ne dira pas ce qui lui a traversé l’esprit, à Philippe pour se rappeler l’ancienne colonie de son pays, mais il se pourrait bien qu’il jalouse son homologue du pays de la révolution du jasmin. Macron n’est pas Saïed. Le premier a tous les pouvoirs pour le dégager. Le second est incapable de faire pareil. Et même si son homologue noyait son cabinet de conseillers, se mettait très mal avec tout le patronat, ses ministres les menaçant de confiscation, le Parlement lui a déjà donné toute latitude de faire ce qu’il veut comme marchés et de la manière qui lui siérait.

Philippe n’a que 2 conseillers, et quelque 60 autres structurés en pôles et tous nommément bien indiqués. Fakhfakh en a 17, tous cachés aux yeux du monde qui ignore qui fait quoi  et ce que chacun fait. Et pourtant, il semble mieux s’en tirer que lui, et Philippe pourrait même penser lui demander conseil, peut-être qu’il lui dirait comment faire avec Macron et qu’il pourrait terminer, tranquillement comme lui son confinement.

L’Histoire officielle tunisienne (On ne trouve aucune trace du coup  de tel dans l’actualité de Philippe), distillée par les services de communication d’Elyes Fakhfakh qui font comme leurs ancêtres,  comme Bourguiba a fait et Abdelwaheb Abdallah qui n’a pas non plus fait mieux, ont parlé de généralités. Surtout pas de la Libye où la France a des choses à se reprocher, et encore moins d’un possible recours à l’ONU contre la Chine qui serait coupable de pandémie, ni d’investissement, ou de tourisme, avec une France qui ne pense désormais plus à externaliser, ou à envoyer ses touristes se baigner. Jusque-là, on fabule, par dérision.

Mais pour de vrai ; selon le communiqué de La Kasbah, c’est plutôt des « relations de coopération entre les deux pays (…) des moyens de développer la solidarité et la coopération internationale dans le domaine de la lutte contre la propagation de cette épidémie ». Ils ont « échangé les points de vue », parlé du « souci conjoint de développer les relations ancestrales », et de la « situation des Tunisiens en France ». Et pourtant, Philippe ne se dérangerait pas pour si peu. Il y a bien des ambassadeurs pour parler de si peu !

En fait, selon le communiqué de presse, Elyes et Edouard ont parlé de tout et surtout de rien, ce qui n’est bien sûr pas la vérité. De quoi ont-ils alors parlé ? De secrets d’Etat que le chef du gouvernement de la transparence et de la confiance retrouvée, ne saurait dire. Pourquoi alors en avoir fait communiqué ? Quel message contiendrait ce « communiqué » ? Peut-être était-ce pour dire qu’il est aussi le chef que les « grands » de ce monde l’appellent, lui aussi au téléphone ?

A qui alors ce communiqué serait-il destiné ? Peut-être à Kais Saïed qui alignait depuis fin avril les appels téléphoniques aux présidents. On pourrait comprendre le sujet de l’entretien téléphonique de Saïed avec l’Emir du Qatar, après le camouflet essuyé à l’ARP. Mais pas ce coup de tel entre Elyes et Edouard.

Peut-être aussi que les deux têtes de l’Exécutif s’étaient partagés les rôles dans ce ballet de coups de téléphone. Pourquoi alors ne pas dire de quoi il s’agissait, et que préparent les deux présidents en notre nom ? Et s’ils ne pouvaient rien dire, pourquoi alors communiquer, si « mochement », parfois de manière débile à propos d’un non-sujet ?

Ce qui nous semble plus que sûr, c’est que Saïed comme Fakhfakh ont un sérieux et grave problème de communication. Ils s’adonnent à l’information des communiqués, sourds et muets [Ndlr : les communiqués]. Des communiqués qui ne veulent rien dire, ou qui n’en disent pas assez. Des communiqués sur les non-sujets, et les sujets sur lesquels il n’y a même pas de communiqué.

Avec des services de presse, absents et confinés dans le simple rôle de rédacteurs, avec des porte-paroles qui ne font que seulement parler, ou qui parlent pour ne rien dire d’intéressant à leurs administrés. Le tout ne fait guère avancer la presse tunisienne et qui lui ferme toute les portes de l’information, utile et qui participe à élever le débat public.

Il y a quelques jours, un ancien journaliste, ancien directeur de l’information, Slaheddine Dridi écrivait à propos de la situation de la presse en Tunisie : « Après avoir complètement exclu l’État de la gouvernance de la scène médiatique et communicationnelle, sous prétexte de liberté et d’indépendance des médias par rapport à la politique, la fédération générale de l’information, les syndicats et les experts de l’euro qui ont demandé l’exclusion de l’État, tiennent désormais l’État pour responsable de l’état des médias et de l’état des lieux du secteur de la communication. Va comprendre ! »

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1 COMMENTAIRE

  1. Excellent, voilà le journalisme vibrant qu’il faut dans ces temps de grisailles politiques… Le fait est qu’on voit des gros nuages se cumuler sur l’horizon libyen juste après la frontière de Ras Jedir… et puis un brouillard impénétrable se soulever soudain lorsqu’on touche l’argument de la gestion des fonds de prêts et des dons pour l’émergence Covid….

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