Les Tunisiens se sont réveillés ce lundi matin sur un épisode où des armes de guerre ont encore été utilisées, donnant vite à penser qu’il s’agit d’un acte terroriste à la périphérie de la capitale Tunis. Il s’agissait , et on l’a su plus tard, d’une fusillade dont le théâtre est la caserne militaire de Bouchoucha à mi-chemin entre la capitale et le palais du Bardo, siège de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) dans les environs duquel avait été commis l’attentat contre le musée du même nom faisant 22 morts parmi les touristes et plusieurs blessés.
Il pouvait alors être de l’ordre des fortes probabilités que la fusillade était le fait d’un groupe terroriste ayant investi ladite caserne pour s’en prendre aux militaires en faction. Et c’est en fin de matinée que le porte-parole officiel du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, est apparu dans une conférence de presse pour couper court à toutes les rumeurs et supputations abondamment relayées par les médias. « C’est un acte isolé », a-t-il affirmé, rendant compte de ce qui s’était passé à la caserne de Bouchoucha, précisant qu’un soldat en proie à des problèmes familiaux a tiré sur ses camarades de la caserne en tuant sept et en blessant dix dont un grièvement atteint. Le soldat tireur, lui même tué lors de la fusillade, a-t-il précisé, est un caporal qui avait été transféré vers une unité « non sensible » et qui était interdit d’armes.
Lors de la cérémonie du salut du drapeau, il avait poignardé son collègue affecté au point de garde avant de s’emparer de son arme et d’ouvrir le feu sur les autres militaires. Au demeurant, le porte-parole a bien pris soin d’affirmer qu’il ne s’agit guère d’une opération terroriste, ajoutant qu’une enquête a été diligentée pour tirer au clair l’incident et en identifier les tenants et aboutissants.
On a appris plus tard que ce sont les éléments de la Brigade antiterroriste (BAT) qui ont abattu le caporal auteur de la fusillade. En tenue civile, le caporal a poignardé un de ses collègues avant de s’emparer de l’arme de ce dernier dont il a fait usage pour tuer les 7 militaires.
Le tireur était-il en possession de toutes ses facultés mentales ? La question a été soulevée au regard de l’interdiction de port d’arme dont était frappé l’auteur de la fusillade. Le général retraité de l’Armée nationale, Mohamed Meddeb a déclaré qu’un militaire peut s’exposer à des troubles psychologiques, ce qui entraîne une décision d’interdiction de port d’arme prise soit pas la hiérarchie soit par le médecin militaire, avec affectation à des missions secondaires ne nécessitant pas l’usage des armes.
Dans une déclaration à Assabahnews, il a ajouté qu’il s’agit d’une mesure préventive, ce qui confirme que le militaire privé de port d’arme n’a pas atteint l’état où il n’est plus apte au service militaire, d’autant que la mesure d’interdiction est conjoncturelle, a-t-il précisé.
Le général en retraite a encore souligné que dans pareille occurrence, la procédure retenue est l’examen cas par cas après consultation de la commission médicale, affirmant que si la situation nécessitait des soins, le militaire intéressé aurait été admis dans le service des maladies psychiatriques de l’hôpital militaire.
Pour l’heure, il importe de ne jurer de rien en attendant les conclusions de l’enquête ouverte par les services compétents du ministère de la Défense qui mènent les investigations pour connaître les mobiles de cet acte qui a fait sept martyrs parmi les camarades du tireur en plus de ce dernier lui-même. En voici la liste :
Capitaine Abdelmajid Jebri
Adjudant-chef Mohamed Taher Rezgui
Adjudant Zouhaier Barhoumi
Sergent chef Mehdi Kefi
Sergent-chef Lakhdher Nsaibi
Caporal Yacine Bouabid
Soldat volontaire Bassem Hosni
Reste à dire que la fusillade est autant qu’on le sache la première de cette gravité dans les annales de l’Armée nationale, ce qui devrait appeler de la part de l’institution militaire une réflexion sur les moyens et les procédures à même d’en éviter à l’avenir la répétition.
M.L.