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Tunisie : Au bord du «Credit Crunch» et la descente aux enfers … économiques ?

A en croire les données à ce stade disponibles sur la situation économique de la Tunisie, les réalisations économiques du pays pour 2011 sont parmi les plus mauvaises que la Tunisie ait connues depuis des décennies. Même pendant la période de pré-ajustement structurel (1985-1986) et les deux guerres du Golfe, la situation économique de la Tunisie n’a pas été aussi catastrophique.

         Déficit record.

Le problème ne concerne pas uniquement le taux de croissance économique qui, nous l’avons compris depuis un certain temps, sera, au mieux nul, dont  la Tunisie devra s’accommoder au moins pour une année ou deux et au pire en complète récession. Cela signifie, avec l’augmentation des prix et la croissance démographique, une baisse sensible et continue du revenu par tête d’habitant ainsi qu’une augmentation de la pauvreté et du chômage. Le problème concerne aussi la détérioration des équilibres macroéconomiques globaux du pays. Ces derniers étaient jusque-là considérés par le FMI et les agences de notation et de rating, le principal point fort de la Tunisie durant les dernières années. D’après des sources bien informées, le déficit courant de la Tunisie pour l’exercice 2011, sera de 7,5 %, peut-être même de 8 %. Un chiffre jamais atteint par la Tunisie. Il y a aussi, le chiffre de 6 % de déficit budgétaire et celui de la dette extérieure qui augmenterait de 38 % du PNB (Produit National Brut, en 2010, à 45 ou même 46 %, en 2011. Les réserves de change ont baissé de 13 milliards DT, fin 2010, à 10,5 milliards DT,  aujourd’hui, malgré un endettement supplémentaire de 2,5 milliards DT. Cela signifie que la Tunisie a consommé, durant 11 mois, près de 5 milliards DT en devises, sans investissements supplémentaires significatifs. Nul doute que ces chiffres amèneront les agences de rating à réviser encore à la baisse la notation de la Tunisie qui risquera ainsi de perdre l’investissement grade.

          Politique monétaire tendue et risque de «Credit Crunch».

Après la baisse des taux de réserve obligatoire à 0% et la baisse du taux d’intérêt de 0,5 points à deux reprises, la politique monétaire a atteint, selon le propre communiqué de la BCT, ses limites, à moins d’accepter un dérapage d’inflation. En effet, le taux de rémunération de l’épargne devient inférieur au niveau atteint par l’inflation (2 % contre 3,5 %). Conséquence de cette politique monétaire qu’on pourrait facilement et après terme taxer de laxiste tant son impact sur la reprise économique alors attendue, l’investissement et l’épargne n’ont augmenté durant les 9 premiers mois de l’année que de 3 % alors que les concours à l’économie et particulièrement les crédits à la consommation ont crû de plus de 11 %. Il était donc évident que cette politique ne pouvait aboutir, à terme, qu’à une croissance de la consommation et –augmentation des salaires aidant- à la reprise de l’inflation.

Aujourd’hui, les banques sont, selon des sources convergentes, à court de liquidité, d’autant qu’elles ne peuvent compter sur un niveau satisfaisant de recouvrement des crédits, en particulier dans le secteur touristique qui connaît une difficile situation comme dans une grande partie du secteur industriel dont la production est déjà essoufflée par les grèves et les sit-in de tous bords.
Avec l’assèchement des liquidités qui devrait continuer au moins jusqu’au mois de juin prochain, selon des économistes avisés, la baisse attendue du taux de recouvrement et la chasse aux sorcières engagée par la justice révolutionnaire contre les différents responsables du secteur bancaire, les risques de «Crédit Crunch» ou «resserrement du crédit», deviendra évident si aucune mesure d’envergure n’est prise pour conforter le secteur bancaire et adapter la politique monétaire.

          Qui est coupable ?

Devant cette situation, on est en droit de se poser la question de savoir qui est responsable de cette situation ? Sont-ce ceux qui sont actuellement interpellés par la justice pour avoir tenté de préserver l’essentiel, malgré les pressions du système Ben Ali de façon à permettre au pays de rebondir à temps ? Sont-ce ceux qui, onze mois durant, n’ont fait qu’agiter la rue, encouragé les grèves et les mouvements sociaux, ravivé les sentiments de vengeance et fait miroiter la possibilité de compter sur des ressources hypothétiques ? Sont-ce enfin les membres des différents gouvernements de transition qui ont, eux aussi, essayé de faire face, autant que faire se peut, aux vagues successives de demandes sociales par des ressources qui s’étaient taries au fil des mois de la Révolution. On pourrait, à la limite, leur reprocher d’avoir trop vite plié sous la pression sociale.
Sans vouloir accabler ceux, parmi les anciens responsables qui sont déjà sous les feux croisés de la justice de transition, il est plus raisonnable de pointer la responsabilité de la nouvelle classe politique issue de la Révolution.

A différentes reprises, des signaux d’alerte ont été donnés par la BCT sur le caractère dangereux de cette dérive économique et financière. Cette classe était alors trop prise dans la tourmente des luttes politiques, pour se soucier de la situation économique, fustigeant même ces signaux d’alerte comme étant du domaine de l’épouvantail économique. A moins de 15 jours de la fin de l’exercice financier, la Tunisie de l’après Ben Ali ne dispose toujours pas d’un budget, d’une loi de finances et encore  moins d’un programme économique urgent, clair et  faisant l’objet d’un accord de toutes les forces en place à la Constituante qui devra le discuter point par point et l’adopter en moins de 14 jours !

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