Au sein de l’unité de production à l’usine Kromberg & Schubert, Béja, l’écho était assez intense, entre le son des machines en marche et le haut parleur d’où parvenait une voix féminine souhaitant la bienvenue, en arabe, français et allemand, aux journalistes de TAP en visite sur les lieus, en prévision d’autres reportages dans cette région du Nord-Ouest tunisien.

Déjà depuis l’entrée principale de l’usine où est fièrement exposé le certificat statuant que la duale Béja est classée usine de l’année 2017 de toutes les filiales Kromberg & Schubert, les mots de bienvenue ne cessaient de se faire entendre pour les hôtes du géant allemand actuellement implanté dans les quatre coins du monde, avec un nombre total d’employés qui avoisine les 48 000.

Au milieu des drapeaux allemand et tunisien, se place le drapeau du groupe mondial dont la devise du leader privilégie le principe « Future Success depends on our flexibility » (Notre futur succès va avec notre adaptation à être assez flexibles) et les valeurs de travail adoptées ont considérablement impacté positivement le vécu de la région de Béja et zones avoisinantes, telles Amdoun, Nefza et Béni Mtir.

Le bien-être des employés, élément phare d’un investissement pérenne

La rigueur et la discipline allemandes sont palpables dans l’ordre établi et la répartition méticuleuse des tâches de travail, aussi bien chez le personnel qu’au niveau de l’environnement de travail, sain et encourageant, qui colle bien aux valeurs germaniques reconnues. Les rencontres avec les cadres dirigeants et les employés à l’usine avaient permis de cerner les grandes lignes d’un monde calqué sur le très apprécié modèle allemand.

De la vue panoramique à l’étage, à perte de vue, les rayons de l’usine et les employés, majoritairement des femmes, sont inlassablement chacun en train d’effectuer la tâche qui lui est confiée. Les identifier semble aussi simple : entre ceux qui sont habillés en mauve, jaune ou blanc, la blouse est le premier degré de repérage, ensuite il y a le type de galons qui différencie un agent d’un rayon d’un autre.

Assise devant son écran de travail en train de s’assurer du fonctionnement et emplacement de toutes les pièces qu’elle devra insérer sur la boîte à fusibles, « Sawssen » affiche un sourire de satisfaction. Sous son allure juvénile et ses yeux à peine visibles sous son foulard, elle dissimule une volonté d’aller de l’avant dans son parcours professionnel qu’elle avait entamé en 2010. Elle avait, à l’époque, intégré l’usine suite à une formation dispensée au siège de l’usine située dans les Faubourgs de la ville de Béja. Des horaires de travail entre 14h et 22h – à raison de 5 jours par semaine – et bénéficiant d’un congé annuel qui avoisine les 30 jours, le salaire, pour cette jeune femme aussi bien que celui de ses autres collègues, semble raisonnable, sachant que l’entreprise assure un carnet de soins, les bons de restauration et le transport, retranchés sur son salaire, pour se retrouver avec 620 dinars net. Des conditions de travail et des tâches assez simples qu’elle effectue chez le leader de la câblerie. Point de bonus pour elle, un conjoint qui travaille dans la même usine. Le lieu de résidence est un peu loin de la ville mais le couple n’a aucun souci à se déplacer chaque jour pour regagner son travail puisque le transport est assuré. Des bus sont mis à la disposition des employés et agents de l’usine qui sont déposés jusque devant chez eux. A peine 26 ans, fraîchement mariée, la jeune femme fait partie des employés, femmes et hommes, qui ont survécu et assisté à un épisode douloureux dans l’histoire, 2012 et 2013, de la filiale Tunisie de cette jeune entreprise allemande qui avait commencé sa production effective en 2008.

Selon Tarek Chabir, chargé de Communication, « le taux d’embauche pour les femmes est à 85 pc, une orientation adoptée par le leader allemand dans la région avec pour premier souci la nature de la câblerie qui nécessite à la foi  habileté et finesse que seules les femmes sont capables d’effectuer. »
Côté parité salariale, homme femme dans l’usine, le chargé de communication assure que les salaires sont « identiques » entre genres et qu' »aucune discrimination entre eux, pour une même tâche effectuée, n’est envisageable« .

A cela s’ajoute que l’usine dispose de divers clients et partenaires, dont la société régionale de transport à Béja, à travers l’usage d’une bonne partie du parc national dans le transport quotidien de ses employées.

Une radio et un magazine internes épaulent les activités multidisciplinaires qui seront aussi spécialement orientées vers les femmes, majoritaires au sein de cette entreprise.

Compétitif, avec un CA de 120 Millions par an

Comme beaucoup d’entreprises économiques dans le pays au lendemain de la révolution de 2011, ces deux années de turbulences et d’agissements tumultueux ont été aussi violentes pour les employés que pour les cadres qui notamment ont dû subir la violence verbale et physique de certains grévistes indisciplinés travaillant dans le groupe.

Une période assez fatale pour l’économie et la marche du développement de la région, déjà fragiles de nature et une situation qui avait à l’époque nécessité l’intervention conjointe de l’UTICA, l’UGTT, et le Gouvernement tunisien pour préserver cet acquis économique porteur d’emplois.

Un plan de sauvetage avait alors permis à l’entreprise de se repositionner et de réaliser un chiffre d’affaires qui avoisine actuellement les 120 millions d’euros par an, selon des données estimatives de Wissem Badri, Directeur commercial à Kromberg & Schubert Tunisie.

Ce jeune directeur, ancien cadre à l’usine, avait repris ses fonctions après y avoir travaillé entre 2008 et 2010. Aujourd’hui, il gère l’usine d’une mer de fer et dans la transparence totale dans ce poste clé dans lequel l’a directement désigné la direction mère en Allemagne.

L’usine offre actuellement 4000 postes pour la Tunisie – dont 200 cadres -, ce qui a permis de placer le leader Allemand en tête des employeurs dans la région de Béja et de presque tout le Nord-Ouest, selon Wissem Badri.

Pour l’approvisionnement en matière première en usage dans l’usine, il est à 50 pc en provenance d’Europe et les 50 autres sont de provenance locale.

Fini le fantôme de la perte noire des deux années suivant la révolution, période durant laquelle le groupe a dû encaisser une perte de l’ordre de 20 millions d’Euros (60 millions de dinars). Wissem Badri estime que le propriétaire allemand n’avait, à l’époque, « pas d’intérêt à garder une usine dont le coût d’installation n’est pas aussi élevé ; un bâtiment acquis grâce au soutien de l’Etat tunisien, un terrain au dinar symbolique et des machines, importées sinon subventionnées…« 

Avant de se rattraper, « pour la région comme pour ses habitants, il est question de s’estimer heureux que l’usine n’ait pas fermée ses portes suite à toutes les conditions défavorables qui y régnaient« . Un passage à vide dans l’histoire de l’usine qui avait, par la suite, permis de regagner la confiance de ses clients comme celle des populations locales qui bénéficient d’un taux employabilité assez élevé dans les rangs des jeunes.

L’usine avait depuis repris sa place de concurrent redoutable, faisant ainsi volte face, en intégrant un nouveau cadre directeur et une équipe à 100 pc tunisienne, ce qui n’était pas le cas avant, selon le directeur actuel de l’usine.

Une stratégie et un plan Com bétons

Côté services offerts à des tiers, la relation de l’usine avec les autres multinationales implantées sur le sol Tunisien couvre Audi, Wolkswagen, BMW et Mercedes pour lesquels elle commercialise une gamme variée de câbles de haute qualité.

S’agissant du recrutement des cadres, le Directeur parle d’une usine « complètement autonome » vis-à-vis du siège général, permettant ainsi de conclure des « conventions avec des universités tunisiennes d’ingénierie et de formation de techniciens supérieurs dont l’UNIT Tunis et l’lSET Béja« , sachant que les initiatives sont ouvertes pour les autres universités privées.

Au delà du cadre productif et financier, l’entreprise cherche aussi à se faire une image d’entreprise impliquée dans la vie sociale de son entourage direct, avec des actions de soutien à des associations sportives, le réaménagement d’une école en mauvais état…

Une convention de partenariat culturel devrait bientôt être conclue entre l’usine et la maison de la culture de Béja pour accueillir des manifestations et spectacles à la salle de 600 sièges.
Une action parmi d’autres dans l’agenda assez chargé de l’usine, visant à assurer une plus grande « proximité et répondre aux besoins de ses employés et habitants locaux, sans pour autant que cette aide se transforme en une action à but lucratif« , selon le cadre dirigeant.

Une nouvelle stratégie et un vaste plan de Communication ont été mises en place, tout en prenant en compte la dimension sociale et la relation de l’usine avec son environnement local et national, animée par une volonté d’inter-échange profitant à toutes et tous.

Une stratégie soucieuse de renforcer chez les agents ce sentiment d’appartenance à leur lieu de travail qui leur offre les moyens de mener un rythme de vie assez convenable dans une région qui a longtemps été en dehors du circuit de développement national plutôt axée sur la côte et d’autres gouvernorats dont le Sahel et le Grand Tunis.

TAP

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