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Tunisie : Un 1er mai morose et sans perspectives pour les sans emploi

Inutile de chercher, ce 1er mai en Tunisie n’a aucune commune mesure avec ceux qui l’ont précédé depuis que le pays est indépendant  sauf que, une tradition y est respectée qui  a fourni l’opportunité souvent incontournable d’annoncer « la majoration du salaire minimum garanti, dans les secteurs agricole et interprofessionnels », sous réserve cependant de leur délimitation « après concertation avec les organisations professionnelles concernées ».

Un 1er mai donc inédit  que le peuple tunisien célèbre en l’absence d’un président qui l’a gouverné sans désemparer, 23 ans durant, avec le sinistre cortège de violations, d’abus, de pillages  de biens publics et privés et surtout d’une gestion calamiteuse de la chose publique qui a délesté l’économie d’au moins  deux points de croissance par an , ce qui , en toute rigueur mathématique, se serait  traduit par une recul conséquent  et aisément gérable du taux de chômage.

Le legs de l’emploi ayant été  transmis en l’état à l’actuel gouvernement, d’autres facteurs s’en sont mêlés pour en faire un joug encore plus difficile à porter par une économie qui est déjà bien en peine de réaliser une croissance au taux dérisoire de un pour cent. Il faut entendre par là des pertes d’emplois de l’ordre de 10 000 dues aux événements liés à la Révolution, à ses effets secondaires, aux grèves et sit-in en tous genres, auxquels s’ajoutent 80 000 menacés suite à la fermeture de certaines sociétés, et un contingent de 35 000 nouveaux chômeurs qui se sont enfuis de Libye. Tout ce flux vient gonfler le stock de  520.000 sans emploi dont 160.000 diplômés du supérieur,  ce qui portera le total à 700.000 d’ici juillet prochain, selon les prévisions du ministère de  la Formation professionnelle et de l’Emploi0. Et sans devoir noircir le tableau, force est de ne pas oublier les nouveaux demandeurs d’emplois qui se seront signalés au terme de l’année scolaire et universitaire 2010/2011.

Résultat des courses : le taux de chômage risque de bondir  aux alentours de 19% en juillet prochain, soit une hausse de 5%, avec des pics de 40% dans certains gouvernorats de l’intérieur.

Ce n’est pas gratifiant à le savoir,  mais il va falloir  y faire face avec  les moyens du bord, et ces  moyens du bord ne pourront générer qu’une offre de 40 000 emplois  équitablement partagés entre l’Etat et  le secteur privé. C’est de l’ordre de la roupie de sansonnet, alors que la religion des investisseurs étrangers a du mal à être faite concernant  la poursuite de leur implantation dans le pays où les conditions d’un minimum de sécurité ne sont pas toujours et partout réunies et dans la mesure où les choix politiques demeurent entachés de fortes et incertitudes entretenues par des partis et mouvements dont l’impéritie et la jobarderie le disputent à la profession de foi  révolutionnaire.

Les appels au bon sens et à la raison lancés çà et là et singulièrement par le président de la République provisoire et le Premier ministre qui l’est tout autant ne semblent pas trouver l’écho à la faveur duquel un  consensus,  si sommaire soit-il, pourrait  être fondateur d’une démarche politique salutaire en attendant que le pays se dote d’abord d’une Constituante et, dans la foulée, d’une Constitution pérenne et d’institutions durables. Il est tout de même frappant que l’UGTT ait cru enfin sensé de garder un profil bas sans baisser toutefois totalement la garde, ce qui n’a pas été sans éviter quelques tourments supplémentaires au gouvernement.

Certes, il est impératif de donner le temps au temps pour que les choses mûrissent et qu’il soit venu à bout de l’impatience qui habite  un grand nombre de Tunisiens qui ont hâte d’engranger les dividendes qu’ils attendent de la Révolution, toutefois, il y a des urgences  auxquelles il sera difficile de surseoir sous peine de voir s’écrouler des pans entiers de l’édifice postrévolutionnaire qui est en  train de s’ériger. Et ce n’est pas uniquement l’affaire du seul gouvernement moins prompt, il est vrai, que son prédécesseur à faire des concessions, mais auquel il arrive aussi souvent d’être au pied du mur et d’être acculé à en faire. 

On en doit pas moins à la vérité de dire que la situation aurait pu être pire sans cette « fermeté en pointillé », si l’on ose dire, de ce gouvernement, car il a su, par moments et à l’endroit  qu’il fallait,  briser quelques spirales lesquelles, si elles étaient tolérées dès l’abord comme  en chemin, auraient gravement nui à toute l’ordonnance sécuritaire et économique du pays.

Il reste à dire que le pire n’est derrière nous qu’à une petite échelle, car , il demeure encore dans l’ordre des probabilités qu’un fait , en apparence anodin, puisse déclencher des situations aux conséquences incalculables, tant est fragile l’architecture mise en place et puissants les ressorts qui peuvent déterminer des effusions de violence et de turbulences , telle qu’une résurgence de certaines formes de tribalisme ou encore le réveil de certains démons que l’on croyait disparus et enterrés à jamais.

Mohamed LAHMAR

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