AccueilLa UNETunisie : L’ère des incertitudes est ouverte !

Tunisie : L’ère des incertitudes est ouverte !

Habib Essid, le chef du gouvernement qui a officiellement cessé de l’être, samedi soir, suite au vote de défiance de 118 députés de l’Assemblée des représentants du peuple, a regagné ses pénates, sans avoir  cependant à expédier, lui et les ministres de son cabinet, les affaires courantes, en attendant la nomination du nouveau locataire de la Kasbah.

Pour ce faire, il va falloir attendre au mieux 40 jours, une dizaine pour les consultations en vue de la désignation de la personnalité qui dirigera le gouvernement, suivis d’une trentaine d’autres que cette dernière mettra à profit pour constituer son équipe ministérielle. Au pire, et si à la date du 10 septembre, le chef du gouvernement ne parvient pas à composer son cabinet, le président de la République sera habilité à dissoudre le Parlement et convoquer des élections législatives anticipées alors que le gouvernement sortant, celui de Habib Essid, demeurera en place pour continuer à expédier les affaires courantes.

Un scénario dont ne pourra pas dire qu’il n’est pas  cauchemardesque, et le président de l’UPL, Slim Riahi, a été le premier à l’évoquer sitôt le vote de défiance intervenu, appelant la classe politique, notamment les groupes parlementaires à bien considérer la situation ainsi créée.

On n’ira pas sur les traces d’Eschyle pour qui « c’est déjà un malheur d’être le premier à annoncer un malheur », mais l’hypothèse ne devrait pas être écartée, n’étant pas, au regard des mœurs politiques du moment, un simple exercice de politique-fiction. Jouant les Cassandre, d’aucuns vont même jusqu’à ne pas exclure que Habib Essid soit de nouveau appelé à la rescousse pour servir, ce faisant, de fossoyeur de l’initiative de gouvernement d’union nationale, celle-là même qui lui coûté son poste de chef du gouvernement.

Qu’il s’agisse du scénario des élections anticipées ou d’autres moins lamentables, la Tunisie semble bien programmée pour entrer dans une ère d’incertitudes dont elle ferait bien l’économie alors que la situation où elle s’enfonce au fil des jours pour ne pas dire des semaines ou des mois s’accommode le moins du monde de périphéries politiques d’une telle gravité. Déjà, la pratique gouvernementale d’expédition des affaires courantes en est une en ce sens qu’elle est ankylosante  pour l’ordonnance des activités et des rouages de l’Etat, et encore plus si elle excède la durée qui lui est normalement impartie, comme c’est le cas dans la convocation d’élections anticipées. Projets frappés de paralysie, plus de nominations aux postes administratifs et autres, ministres sans perspectives, en un mot comme en mille, une inertie totale des centres de décision.

Même s’il est affirmé qu’il n’y aura pas de vide politique, on voit mal des ministres en instance de départ ou en quête de reconduction  et un chef du gouvernement en voie de garage prendre sur eux de faire comme si de rien n’était  et de s’investir dans des approches et projets dont ils savent qu’ils ne seront pas mis en œuvre ou même relayés pour ne pas dire mis au placard. Cet « échange de bons procédés » a un coût, et c’est naturellement le service public  et à travers lui le citoyen qui le paie.

BCE reprend du poil de la bête

Les incertitudes s’agglomèrent pour empoisonner très vraisemblablement encore plus la situation politique en Tunisie, sauf sans doute pour le président de la République, Béji Caïd Essebsi auquel revient d’abord la prérogative de charger la personnalité qui aura à former le gouvernement d’union nationale dont il est l’initiateur. Il devrait certes le faire en consultation avec les 9 partis politiques et 3 organisations signataires du « Document de Carthage », mais  tout le monde sait et BCE l’a confirmé, que le chef de l’Etat a un nom en tête, et il serait étonnant que son alter ego, l’autre « cheikh », Rached Ghannouchi, ne soit pas au parfum. D’ailleurs, ce dernier a assuré que les consultations sur le profil du chef du gouvernement d’union nationale seront lancées au début de la semaine prochaine. C’est encore le président de la République qui est habilité, au cas où le chef du gouvernement désigné n’arriverait pas former son gouvernement, de prendre encore plus les choses en main, en décrétant la dissolution du Parlement et en convoquant des élections anticipées. Autant de prérogatives dont l’exercice ne se fera pas dans l’angélisme le plus total. D’autant moins que, prend-on soin de rappeler, ’il existe entre les deux « cheikhs » un arrangement fondateur sous l’empire duquel s’ordonne la vie politique dans le pays, à commencer par le Dialogue national, la tenue des élections présidentielles et législatives, relayées par la promulgation de la Constitution et l’avènement de la 2ème République et, dans la foulée, la formation du gouvernement Essid et son renvoi.

Dans la logique des choses, cette trajectoire ne devrait pas s’arrêter en chemin. Maints observateurs ne s’y tromperaient pas en affirmant que la désignation du prochain gouvernement et de son chef doit ressortir à ce « gentleman’s agreement » comme l’avaient été tous ceux qui l’avaient précédé. A charge pour le reste et au premier chef les députés de ratifier.

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