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Ethiopie : Retour des vieux démons du tribalisme et de la répression sanglante

Amnesty International a fait le bilan de la répression féroce des manifestations dans les régions Oromia (centre et ouest) et Amhara (nord) en Ethiopie, et il est sanglant. L’ONG parle de 100 personnes abattues par les forces de l’ordre le week-end dernier. Les autorités éthiopiennes sont, malheureusement, coutumières des faits puisqu’en novembre 2015, elles avaient fait un carnage en réprimant des manifestations antigouvernementales. Human Rights Watch avait évoqué un bilan de 400 morts, un chiffre qui a toujours été démenti par Addis-Abeba, mais sans vraiment convaincre.

Pour Amnesty International, la police a agi de manière disproportionnée en tirant à balles réelles sur des « manifestants pacifiques » les 06 et 07 août 2016.
« Selon nos informations, entre 48 et 50 manifestants ont été tués dans la région Oromia », avait confié à l’AFP Merera Gudina, un éminent opposant et président du Congrès du Peuple Oromo. « Ce bilan pourrait être beaucoup plus élevé car il y a de nombreux blessés » par balle, avait-il ajouté.

Une source diplomatique en fonction à Addis-Abeba, approchée par l’AFP, avait elle avancé un premier bilan partiel de 49 décès dans les régions Oromo et Amhara.

Des manifestants déterminés, des policiers à la gâchette facile

Les manifestants sont sortis dans la rue pour différents motifs, mais leur dénominateur commun c’est la protestation contre la main mise des responsables principalement originaires de la région du Tigré sur tous les rouages de l’État.
Les manifestants d’Amhara s’insurgent contre des décisions d’expropriation de terres agricoles, tandis que ceux d’Oromia demandent que les citoyens appréhendés lors des précédentes manifestations, pour les mêmes raisons, soient libérés. On a noté beaucoup de rassemblements dans la totalité de la région Oromia, même la capitale, Addis-Abeba, n’a pas été épargnée.

Samedi matin, à peu près 500 Oromo s’étaient massés sur Mesqel Square, la place centrale de la capitale. Ils avaient pris soin de croiser les mains au-dessus de la tête pour montrer aux forces de l’ordre qu’ils protestaient pacifiquement, ce qui n’a pas empêché les policiers de les disperser violemment. Certains d’entre eux ont été interpelés et évacués dans des camions de police. Dimanche, le mouvement a repris de plus belle dans la région Amhara.

Les manifestants de la localité de Nekempte ont eu moins de chance, les forces de sécurité ont tiré sur eux.
Idem le lendemain, dans la région Amhara. D’après Amnesty, au moins 30 manifestants ont trouvé la mort dimanche dans la seule localité de Bahir Dar (nord), la capitale régionale où des milliers de personnes avaient battu le pavé.

Le vieil ingrédient explosif des préférences ethniques

Le gouvernement éthiopien refuse pour le moment d’émettre tout bilan sur ces événements sanglants. Le Premier ministre éthiopien, Haile Mariam Dessalegn, avait fait une sortie vendredi dernier pour avertir que toute forme de manifestation était interdite sous prétexte que ça sape « l’unité du pays ». Il n’avait pas hésité à lancer que la police avait l’autorisation de faire ce qui lui semblait bon pour empêcher les manifestations.

Pour couper l’herbe sous le pied des manifestants, les autorités éthiopiennes avaient bloqué samedi l’accès au réseau internet sur l’ensemble du territoire ainsi qu’une partie des réseaux téléphoniques. Le réseau internet a été débloqué hier lundi au matin dans la capitale.

Un autre projet d’extension de la capitale avait produit les mêmes effets en novembre 2015. La contestation populaire avait également été réprimée dans le sang. Finalement le gouvernement avait reculé en renonçant à ses projets, mais la plaie ne s’est pas cicatrisée depuis, au contraire. La communauté Oromo, l’ethnie majoritaire du pays, a gardé une dent contre le gouvernement d’Addis-Abbeba, accusé de soigner les intérêts des deux autres grandes communautés de l’Ethiopie, les Tigréens et les Amhara. Le tribalisme est un vieux problème qui a causé bien des tragédies sur le continent africain et freiné pendant des décennies son développement.

Ces événements tragiques noircissent le tableau d’un pays qui abrite le siège de l’Union africaine et qui est parvenu à hausser le niveau de son économie, jusqu’à un taux de croissance qui frôle les 10% depuis des années, après une longue période de famine et de sécheresse tristement célèbre à l’échelle de la planète.

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