Malgré une stabilisation face aux principales devises qui a duré près de 4 jours, le dinar tunisien a reculé e nouveau, enregistrant ainsi une nouvelle baisse par rapport aux devises étrangères. L’euro est passé de 2.4650 dt à 2.4700 dt, alors que le dollar américain s’est échangé à 2.3380 dt contre 2.3350 dt le lundi, 11 janvier 2017. Les raisons de la baisse du dinar par rapport aux monnaies étrangères sont multiples et cette dégringolade pourra facilement accentuer l’inflation, réduire les réserves en devises du pays et alourdir la charge budgétaire destinée au remboursement de la dette publique. La crise économique, la rareté des ressources financières du pays, l’endettement extérieur, la baisse de la productivité, la hausse de la masse salariale dans la fonction publique, l’accentuation du déficit budgétaire et la chute des entrées du secteur touristique et des mines ainsi que la détérioration du climat des affaires sont les principales causes derrière la dépréciation du dinar.
« La chute du dinar se poursuit inexorablement. Et c’est normal. Cette chute s’explique par deux phénomènes au moins: la situation, déjà difficile, de l’économie et des finances publiques tunisiennes s’aggrave. Tous les indicateurs se détériorent. Le Dinar n’est qu’un miroir qui reflète la situation économique et financière du pays. » c’est ce qu’a écrit Ezzedine Saidane dans un statut posté ce mercredi 11 janvier 2017 sur sa page Facebook officielle.
Cela s’explique également par le fait que la Banque Centrale n’a plus, ou presque, les moyens d’intervenir pour réguler, en essayant de lisser, le taux de change du Dinar. Chaque intervention coûte en effet cher à la BCT, et donc à la Tunisie, en termes de réserves de change et de pertes de change. Les réserves de change qui baissent sans cesse sont souvent alimentées par des emprunts extérieurs.
En fuise de solutions, Saidane a appelé à redresser l’économie et les finances publiques pour redresser le Dinar. « Il n’ y pas d’autres solutions.
Si l’on n’arrive pas à redresser rapidement notre économie, la BCT pourrait se trouver dans l’obligation de laisser flotter le Dinar et ce serait dommage. Il suffit de voir ce qui s’était passé en Égypte il y a juste quelques semaines pour comprendre l’ampleur des dégâts que cela peut causer », a alerté Ezzedine Saidane.
Pour rappel, l’Egypte a décidé, durant le mois de novembre de l’année 2016, de laisser flotter sa devise pour répondre à la crise monétaire aiguë qui affecte son économie et menace de relancer l’instabilité politique, plus de cinq ans après la révolution de 2011. Cette décision devrait provoquer de fait une forte baisse, de près de 50%, de la valeur de la livre égyptienne face au dollar.
Dans sa dernière note portant sur la conjoncture économique (novembre), la Banque centrale de Tunisie (BCT) a par ailleurs relevé la persistance des pressions sur les réserves en devises qui pèsent sur le taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises.
Sur le marché interbancaire, et depuis fin décembre 2015, le dinar s’est déprécié de 9,4% vis-à-vis du dollar américain et de 10,5% vis-à-vis de l’euro. Les tensions sur la liquidité bancaire, observées au cours de la période (juillet 2016-septembre 2016) se sont quelque peu desserrées en octobre 2016, à la faveur de l’atténuation de l’effet restrictif des Billets et Monnaie en Circulation (BMC). Cette situation s’est traduite par une baisse des opérations de politique monétaire de la Banque centrale à 7.184 MDT, en moyenne, contre 7.404 MDT en septembre dernier.
La BCT a noté que la réduction de la part de l’intervention de la Banque centrale sous forme d’appels d’offres a engendré un recours accru des banques à la facilité permanente de prêt à 24H (avec un taux de 4,5%), ce qui a exercé des pressions à la hausse sur le taux du marché monétaire (TMM). Ce dernier s’est établi, en octobre 2016, à 4,33% contre 4,26% un mois auparavant.