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Tunisie-Chedly Ayari : «La situation financière est très difficile et le président de la République est au courant»

Il semble que l’heure soit au réveil forcé en Tunisie, notamment après la sortie fracassante du président de la République, Béji Caied Essebsi, en faveur de la formation d’un gouvernement d’union nationale, un projet qui reflète la gravité de l’étape que traverse actuellement la Tunisie. Ce vendredi 03 juin, c’est au tour du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari, de rebondir sur la situation financière du pays et de dresser un tableau sombre de l’économie tunisienne, tout en lançant des chiffres non moins affligeants que le discours d’Essebsi. « La situation financière du pays est très difficile et les choses deviennent de plus en plus délicates. Nous devons bouger. C’est inacceptable ! On ne peut pas accepter une telle situation, surtout 5 ans après la Révolution », a affirmé Chedly Ayari dans une déclaration devant les médias en marge d’une rencontre débat à l’Institut Arabe des chefs d’Entreprises (IACE).

Lors de cette rencontre sous le thème « Quel nouveau sequencing dans l’assouplissement de la réglementation des changes en Tunisie ? », le gouverneur de la BCT a indiqué que la Banque centrale, contrairement à ce qui a été dit, encourage l’internationalisation des entreprises tunisiennes, notamment celles ayant une situation financière solide. « Dans le contexte actuel de post-transition caractérisé par une pénurie de l’épargne nationale, la libéralisation est d’autant plus opportune pour la mobilisation des ressources externes nécessaires au financement des réformes, des déficits courant et budgétaire mais aussi des investissements », a indiqué Ayari, faisant remarquer que    que l’attractivité recherchée au niveau des ressources va aussi de pair avec l’objectif de facilitation de la dynamique d’internationalisation des entreprises tunisiennes pour une meilleure compétitivité.

Revenant sur la situation financière du pays, Chedly Ayari a déclaré qu’il avait alerté le gouvernement sur les dérives de l’économie nationale, et particulièrement la balance commerciale qui ne cesse de se détériorer pour atteindre un niveau record. « J’ai alerté le gouvernement des dérives de la balance commerciale. Je lui ai dit qu’on ne peut pas continuer avec ce déficit là », avant d’appeler le gouvernement à agir. « C’est le rôle du gouvernement. Moi je ne peux rien faire. Le président de la République est au courant de la gravité de la situation et il est très inquiet », a-t-il assuré.

Il a, sous un autre angle, indiqué que le gouvernement se trouve chaque année devant un grand problème de financement du budget de l’Etat, soulignant toutefois que l’Etat honore chaque mois ses engagements en termes de salaires.
S’agissant des réserves en devises, le gouverneur de la BCT a indiqué qu’elles s’établissent actuellement à 109 jours d’importation, une situation qui n’est pas grave mais il faut faire attention, selon Ayari.

Il a en outre indiqué que le déficit commercial ne peut pas continuer sur la tendance actuelle.
S’agissant du déficit courant, Chedly Ayari a indiqué que cela ne doit pas dépasser les 7,9% programmés par le gouvernement pour l’année 2016. « La situation sera catastrophique si on atteint un taux à deux chiffres », a-t-il dit, soulignant que le pays est dans une conjoncture de gestion de la pénurie en devises. Il a souligné que le déficit de la balance commerciale (les marchandises) et la balance des services a fait monter le déficit commercial à des niveaux records.
Chedly Ayari a sous un autre angle indiqué que jusqu’au mois de mai 2016, les taux de croissance en termes d’exportation sont négatifs, et c’est catastrophique pour le pays. Plus 4 millions de dinars en devises ont été perdus durant l’année 2016 à cause des difficultés du secteur minier et celui du tourisme.

Il a par ailleurs ajouté que la Tunisie passe aujourd’hui par une phase très délicate qu’il faut bien gérer, notamment au niveau de la balance commerciale et du déficit courant, soulignant qu’il n’y a pas d’entrée de capitaux depuis le début de cette année, mis à part le déboursement de la première tranche du crédit du Fonds Monétaire International (FMI), 319,5 millions de dinars, le 24 mai dernier.

Chedly Ayari a, en outre, alerté contre la dépréciation du taux de change, estimant que la détérioration du taux de change entrainera la dégradation de tout le système financier.
Poursuivant son intervention devant une foule de journalistes, Chedly Ayari a encore exprimé son inquiétude face à la situation financière du pays, assurant que les recettes directes et indirectes provenant de la fiscalité ne sont pas suffisantes et ne couvrent même pas les charges. Et d’ajouter dans le même contexte que la masse salariale absorbe la part la plus importante du budget de l’Etat, soit plus de 1 milliards de dinars par mois. Cette somme-là entretient 670 mille salariés de la fonction publique, selon ses dires.

« On se trouve chaque mois devant un grand problème de liquidités du fait que nos dépenses dépassent largement nos ressources », a déclaré Ayari, avouant que les choses n’ont pas évolué comme prévu et que la situation financière est toujours difficile. « La situation sera toujours difficile puisqu’on s’endette pour consommer et payer les salaires et non pour investir et créer de la richesse », a-t-il lâché.

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