La Tunisie pourrait être retirée de la liste noire des paradis fiscaux de l’Union européenne (UE) très rapidement. Dans une interview accordée à Africanmanager, l’ancien ministre des Finances Hakim Hammouda a donné des assurances sur le sujet. Il nous a clairement indiqué que la Tunisie a reçu plusieurs messages rassurants de la part de ses partenaires étrangers sur le fait qu’elle allait être retirée de la liste noire des paradis fiscaux de l’UE. L’annonce pourrait être faite demain mardi 23 janvier 2018, à Bruxelles, lors de la réunion du Conseil des ministres des Finances de l’UE. « Il y a de fortes chances que la Tunisie soit retirée, demain, de la black liste des paradis fiscaux« , a assuré Ben Hammouda, estimant qu’il est plus qu’urgent aujourd’hui de sortir de ce classement qui a coûté beaucoup à la Tunisie en termes de réputation.
Il a espéré que la Tunisie ne va pas rejoindre la liste grise des paradis fiscaux de l’UE, faisant savoir à ce propos que cela pose encore certains problèmes pour le pays, pour la fluidité de ses flux financiers et de ses activités bancaires. « J’espère que la Tunisie ne sera classée dans aucune liste, ni noire ni grise car cela découragera les gens pour investir et développer des activités économiques dans notre pays« , a-t-il dit.
Ben Hammouda a fait savoir par ailleurs que le retrait de la Tunisie de la liste noire montre à quel point la partie tunisienne s’est engagée à mettre sur la table, l’ensemble des arguments permettant de monter que notre pays est en train de construire un système assez transparent et bien géré.
L’ancien ministre des Finances a tenu en outre à expliquer qu’il y a une grande différence entre la liste noire et la grise, « sinon on aurait mettre tous les pays sur la même liste« , a-t-il précisé. Selon ses déclarations, la liste noire regroupe l’ensemble des pays considérés comme non coopératifs alors que la grise comprend les pays ayant manifesté une bonne volonté, ceux ayant pris des engagements pour améliorer le respect de la législation fiscale européenne. « Être considéré comme un pays coopératif est mieux qu’être classé comme non coopératif, mais cela n’empêche qu’être dans la grise pose encore des problèmes et des difficultés pour notre économie », a encore expliqué Ben Hammouda.
« La sortie de la Tunisie de la liste noire des paradis fiscaux de l’UE est une nouvelle très attendue, si c’est le cas, cela veut dire que la Tunisie a donné assez d’épreuves pour coopérer avec les législations européennes« , a-t-il assuré.
Le classement de la Tunisie dans la liste noire des paradis fiscaux publiée, récemment par l’Union européenne (UE), n’a cessé en effet de susciter des réactions. Des économistes, des analystes financiers et des banquiers ont vivement rejeté ledit classement le qualifiant de “malheureux“, “étonnant“, voire ”injuste“, venant surtout d’un partenaire stratégique comme l’UE.
Réunis, le 5 décembre 2017, à Bruxelles, les 28 ministres des Finances de l’UE avaient adopté une «liste noire» de 17 paradis fiscaux opérant hors de leurs frontières. Dans cette première liste «noire» figurent 17 pays dont le Bahreïn, Barbade, Corée du Sud, Emirats Arabes Unis, Grenade, Guam, Îles Marshall, Macao, Mongolie, Namibie, les Palaos, Panama, Samoa, les Samoa américaines, Sainte Lucie, Trinidad-et-Tobago et la Tunisie.
Par ailleurs, selon un document consulté lundi 22 janvier 2018 par l’agence Reuters et rapporté par Jeune Afrique, l’UE souhaite retirer huit pays de cette liste, qui compte actuellement 17 « juridictions ». Parmi ces « juridictions » citées par ce document : la Tunisie, le Panama, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis, la Mongolie, le Macao, Grenade et la Barbade. Toutes sont ainsi susceptibles de passer de la liste noire à la liste grise de l’UE.
Selon ce même document, ces juridictions auraient en effet « garanti qu’elles allaient modifier leur législation fiscale ». Les pays inscrits sur la liste grise ont jusqu’à la fin 2018 pour apporter les correctifs demandés afin de ne pas être listés comme paradis fiscaux.