AccueilLa UNETunisie : Un Etat qui s’endette pour payer des salariés souvent absents...

Tunisie : Un Etat qui s’endette pour payer des salariés souvent absents !

Bien que la fonction publique représente un lourd fardeau pour le budget de l’Etat, l’assiduité et la présence des salariés demeurent des vues de l’esprit et des slogans, en témoignent les chiffres officiels publiés par le ministère de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption. 2,7 millions de journées de travail sont perdues chaque année dans la fonction publique à cause de l’absentéisme, soit 4,5% de la masse salariale et 2% du budget annuel de l’Etat. C’est ce qu’a indiqué le ministre de la Lutte contre la corruption, Kamel Ayadi dans une récente déclaration à la presse.  Et joignant le propos à l’acte, il a donné au début de cette semaine le coup d’envoi de la campagne nationale pour la réhabilitation de la valeur du travail. C’est dans cette logique que s’inscrit la campagne de contrôle des absences dans la fonction publique qui a démarré depuis  lundi  visant la réduction du taux d’absentéisme dans l’administration tunisienne. Les opérations de contrôle seront clôturées par des rapports et des statistiques.

Dans une déclaration médiatique, Kamel Ayadi a estimé que le phénomène de l’absentéisme n’est plus tolérable, appelant les fonctionnaires à prendre conscience du fait que la Tunisie n’a de ressources que son capital humain et que le développement économique est tributaire de l’amélioration du rendement et de la productivité.

A vrai dire, Ayadi n’était  pas le seul à tirer la sonnette d’alarme sur le fléau de l’absentéisme dans l’administration tunisienne qui ne cesse de prendre de l’ampleur pour aggraver le déficit budgétaire et, du même coup, mettre à mal la croissance du pays.

Selon une étude réalisée par l’Association Tunisienne de Lutte Contre la Corruption, le fonctionnaire tunisien ne travaille véritablement que 8 minutes par jour.

Le taux d’absentéisme est d’autant plus alarmant que, toujours selon la même étude, il s’élève à 60% pour un total de 105 jours travaillés par an. Pire encore, seul un fonctionnaire sur 5 présents physiquement, travaille effectivement. Des chiffres qui ne sont pas en cohérence avec le fardeau de la fonction publique qui demeure un défi majeur  pour le pays qui ne cesse d’endetter pour couvrir la charge de la masse salariale.

En termes de chiffres, la masse salariale prévue dans le cadre du budget de l’Etat pour l’année 2016 a été fixée à 13 000 MD, ce qui représente 44,59% de l’ensemble des ressources budgétaires qui s’élèvent  à 29 150 MD pour l’année en question. La masse salariale au titre de l’année 2014 a été de l’ordre de 10 541MD par rapport aux ressources budgétaires qui étaient de 27 276MD, soit 38,64%.

« Cette situation qui n’a cessé d’empirer d’une année à une autre n’a fait qu’aggraver le déficit budgétaire du moment que les crédits accordés à la Tunisie sont absorbés en grande partie par les salaires et les subventions », a expliqué l’expert fiscal, Mohamed Salah Ayari dans une déclaration récente à Africanmanager, avant d’estimer que les dépenses d’investissement, contrairement aux salaires, n’ont cessé de diminuer pour passer de 5800 MD dans le cadre de la loi de finances initiale pour l’année 2015 à 5401 MD dans le budget de l’année 2016.

Il est à signaler par ailleurs que la sursaturation de la fonction publique ne date pas d’aujourd’hui. Durant les années 2012 et 2013, quelque 61 mille personnes ont été recrutées dans la fonction publique. En 2013, 9700 millions de dinars ont été alloués aux salaires dans la fonction publique contre 8800 millions de dinars durant l’année 2012, soit 34,4% du budget de l’Etat de l’année 2012 et 36,2% du budget 2013.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -