AccueilLa UNELa curée monte contre Chahed. L’heure du choix a-t-elle sonné ?

La curée monte contre Chahed. L’heure du choix a-t-elle sonné ?

Au regard de ce qui est en train de se passer en Tunisie, on se croirait au cœur d’un thriller politique dont on attend vivement l’épilogue. Les événements s’enchaînent à vive allure, ce qui fait évidemment désordre, alors qu’une âpre curée commence à livrer ses premiers symptômes avec un chef du gouvernement dont la tête est mise à prix et que des concurrents, ouatés de silence mais trahis par leurs incohérences, moins rarement par la tyrannique ambition qui les habite, se mettent en ordre de bataille en vue de cette échéance, devenue détestable, de la 2ème élection présidentielle de la IIème République.

Le casus belli qui secoue l’échiquier politique tient à Youssef Chahed et à ses ambitions présidentielles. L’homme n’en pipe mot alors qu’il est pressé de toute part de le faire, d’une seule enjambée et toutes affaires cessantes. Car c’est de cette manifestation d’intention que dépendra son maintien ou non à la présidence du gouvernement, au motif dûment déclaré et sans cesse répété que ce statut est irréconciliable avec celui d’un candidat à un scrutin, plus est présidentiel. En s’abstenant encore de déférer à ces appels, Chahed offre sans doute à ses nombreux adversaires la voie royale de le soupçonner de briguer la magistrature suprême, et ce faisant de leur faire de l’ombre, voire de leur damer le pion.

Le profil de présidentiable

Il tombe sous le sens que le locataire de la Kasbah finira par s’y résoudre, très probablement après s’être taillé un profil de présidentiable adossé à un bilan qu’il n’a, d’ailleurs, de cesse d’étoffer à coups de réalisations, aussi bien à domicile qu’à l’étranger, comme en témoigneraient les résultats de sa visite en Chine, d’indicateurs économiques qui virent vers le vert, et surtout au travers de son équipée contre la corruption qu’il vient de remettre en branle après un intermède où elle est comme tombée en somnolence, jurant avec les quarantièmes rugissants qui avaient marqué son démarrage.

A ne pas en douter, c’est dans cette croisade contre la corruption que Youssef Chahed doit puiser l’essentiel de son capital politique et de confiance, tant son impact est puissant sur l’opinion publique qui, faut-il le rappeler, lui avait témoigné une remarquable adhésion lorsqu’il           s’est attaqué au barons de la corruption et tenu sa promesse de les jeter en prison, pas tous certes, se limitant à ceux auxquels s’attachent une symbolique retentissante. En refaisant le coup, il pensait certainement reconquérir ce plébiscite ; seulement, il semble avoir péché par un empressement plus proche de la brusquerie que de la rapidité, ce qui lui a valu un tollé qu’il espère désamorcer en révélant, dit-il, dans les jours à venir les faits incriminés et les preuves qui étayent le limogeage collectif qui a décapité le ci-devant ministère de l’Energie et des mines.

Des encombres à congédier

Chahed pourra-t-il, mieux, saura-t-il parfaire sa stature de présidentiable, impérieusement avant la loi des finances, immanquablement jonchée de mesures fiscales forcément impopulaires ? Le bruit court que le PLF serait exempt de taxes et impôts qui rappellent ceux ayant entaché l’exercice 2018. Ce serait compter sans les fraîches « recommandations » du Fonds monétaire international relatives, notamment, à la facture énergétique, la dégringolade du Dinar qui, selon les conjoncturistes, est appelée à s’accentuer sans pour autant s’effondrer et l’inflation qui devrait, elle aussi, continuer sa flambée. Et c’est de l’issue de la gestion de ces encombres que dépendra la suite des événements.

Une fixation partagée

Sans parler bien entendu de la guérilla à laquelle se livrent sans désemparer les adversaires de Youssef Chahed, sommé de faire place nette, sans autre forme de procès. Une offensive qui a gagné ces jours-ci en ampleur avec la tonitruante entrée en lice de l’UGTT dont le secrétaire général, outre ses sorties oratoire sans ménagement, annonce comme très probable une grève générale dans le secteur public. Il rejoint ainsi tout l’attelage des partis politiques qui demandent, à des degrés divers, le départ du chef du gouvernement. C’est la propre formation politique de Youssef Chahed qui a ouvert le bal et mène toujours la danse, non plus à coups de communiqués enflammés, mais par des tentatives plus senties comme celle de débaucher les ministres de Nidaâ Tounès, alors que le chef du gouvernement était en déplacement en Chine. Des menées qui ressortissent à une même fixation : voir Youssef Chahed partir non seulement du gouvernement, mais aussi et surtout pulvériser toutes ses chances de se porter candidat à l’élection présidentielle.

Un dessein partagé par le mouvement Ennahdha qui met toutefois les formes en sommant le chef du gouvernement de choisir entre la Kasbah et la course présidentielle. Une injonction assortie de l’assurance de son soutien au gouvernement moyennant des changements de ministres, au cas où Chahed déciderait d’y rempiler.

On peut penser que ce dernier, appâté par le beurre et l’argent du beurre, ne sera pas, dans tous les cas de figures, en état de résister à ces assauts répétés pour devoir faire finalement le choix qui semble être le sien, Carthage. Ce qui , en bonne logique, lui dictera de mettre en place la logistique qui aille avec, soit la création de son propre parti, soit la constitution d’un rassemblement, nécessairement hétéroclite dont le noyau encore embryonnaire est cette « Coalition nationale » faite de rescapés de partis et d’indépendants.

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