AccueilLa UNETunisie : Après avoir joué la montre, Chahed joue son va-tout !

Tunisie : Après avoir joué la montre, Chahed joue son va-tout !

A la cadence où vont les choses, il ne serait pas aléatoire de craindre qu’une crise gravissime pointe à l’horizon. Ses acteurs sont, à l’évidence, le gouvernement, l’UGTT, mais sont en train de s’y ajouter des partis politiques, censés servir de bouclier au pouvoir en place, sans parler de l’opposition qui ne joue là que le rôle qui est naturellement le sien. C’est moins la loi de finances 2017 que la survie même du gouvernement qui est en cause. Et les indices abondent qui accréditent cette course vers l’abîme.

Comme l’on s’y attendait, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, n’a pas changé d’un iota sa position concernant les augmentations salariales, affirmant qu’  en l’absence de croissance, ces dernières ne peuvent pas être concrétisées », même s’il a laissé la porte ouverte à une révision de son calendrier, 9 mois si les finances de l’Etat le permettaient. Une éventualité balayée d’un revers de main par l’Organisation ouvrière dont le Bureau exécutif, réuni samedi, à réitéré son « refus catégorique » de l’annulation des augmentations de salaires, y voyant un « coup porté au dialogue social et à la crédibilité des partenaires sociaux et un reniement du Document de Carthage ». Il s’agit aussi, selon lui, d’une « mesure spécieuse nourrie d’arrière-pensées politiques de nature à ébranler la stabilité du pays et envenimer la situation ».

Une position pas toute à fait nouvelle, puisque l’UGTT y est viscéralement attachée depuis qu’a été connue, voilà quelques semaines, l’intention du gouvernement de rééchelonner les hausses salariales pour cause de graves difficultés financières. Mais ce à quoi l’on assiste actuellement est d’une autre eau. Des appels, d’abord allusifs, puis progressivement explicites, fusent de bien des bords pour un renversement du gouvernement, en fonction depuis un peu plus de 80 jours. « S’il arrivait au gouvernement de tomber, il tomberait sur toutes les têtes », a averti sur un ton comminatoire, le chef du gouvernement, visiblement offusqué par les menées qui se préparent à cette fin. Le message est clairement destiné aux formations politiques parties prenantes au gouvernement mais aussi à tous les acteurs politiques sans exception.

Le « Front du refus »

Sans qu’il y ait lieu de s’attarder, par exemple, sur le parti « Al-Harak » dont le secrétaire général se demande si « le glas du gouvernement est sonné », ni sur le Front populaire dont le porte-parole officiel, qui croit dur comme fer que le gouvernement tombera en 2017, on prête aux partis « Machrouû Tounès et UPL, dont les présidents, Mohsen Marzouk et Slim Riahi, se sont rencontrés dernièrement à Paris, le projet de renverser le gouvernement de Youssef Chahed pour y substituer un « gouvernement de salut national », comme l’a ébruité il y a quelques jours le député Walid Jalled. Quel que soit le crédit que l’on puisse donner à ce projet, il ne s’en adosse pas moins à des déclarations publiques allant dans ce sens faites par le président de l’UPL qui a demandé le plus explicitement du monde le départ du gouvernement pour cause d’inaptitude à réussir.

C’est sans doute peu de chose comparé au « plan de bataille » en préparation Rue Mhamed Ali, appelant les travailleurs à la mobilisation. L’UGTT, pas plus tard que ce weekend, a lancé ses fantassins en prélude à la grève générale dont il est abondamment question. Une façon de dire au gouvernement que le temps est venu pour faire ses cartons. L’Organisation patronale, l’UTICA, tout en s’exceptant de tenir un langage « subversif » a préconisé par la voix de sa présidente l’impérieuse révision du Document de Carthage et l’ouverture d’un nouveau dialogue à son sujet, sachant que ledit document est l’acte fondateur du gouvernement dit d’union nationale présidé par Youssef Chahed. Et si le Document de Carthage n’a plus sa raison d’être, qu’en serait-il du gouvernement dont il est l’émanation ?

Ennahdha lance ses fantassins

Dans ce concert d’appels, d’exhortations et de non-dits, il y a singulièrement la voix délibérément feutrée d’Ennahdha, dont le chef Rached Ghannouchi a pernicieusement rappelé que le gouvernement Chahed est celui de Nidaâ. Sans devoir faire une exégèse poussée de cette déclaration, on ne serait pas loin de comprendre que si l’un des poids lourds soutenant le gouvernement, nommément Nidaâ, se retire de la coalition gouvernementale, comme le demandent des dirigeant des deux partis à l’occasion de l’affaire Lotfi Naguedh, c’est le gouvernement qui suivra le mouvement.

Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à entendre les députés d’Ennahdha qui ont pris la parole lors du débat sur le discours de Youssef Chahed à l’ouverture du marathon budgétaire. Un concert de critiques contre la loi de finances 2017, mais aussi et surtout une salve de tirs croisés sur les choix du gouvernement, dirigés selon une parfaite répartition des rôles, chaque intervenant ciblant un volet précis du rendement du gouvernement. Une offensive d’autant plus virulente et systématique qu’elle est inédite et rare s’agissant d’un parti soutenant un gouvernement. Au point que le parti de Ghannouchi semblait avoir un pied au gouvernement et un autre dans l’opposition. Un exercice qui interpelle vivement et soulève moult sérieuses interrogations sur les intentions d’Ennahdha dont la dimension électorale est clairement perceptible, en prévision des Municipales dont, pourtant, même pas la date n’a pas été fixée.

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