AccueilLa UNETunisie : La béatitude, subite, de Youssef Chahed !

Tunisie : La béatitude, subite, de Youssef Chahed !

Dans son roman « Un fils tombé du ciel », l’écrivain chinois Lao She a légué à la postérité une réflexion qui conserve une extraordinaire pertinence un demi-siècle après sa mort : « C’est parfois d’une situation désespérée que jaillit l’espoir ». On se laisserait prendre à la tentation de trouver une affinité           entre cette pensée et l’esprit qui a présidé à l’allocution prononcée samedi par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, à la clôture des débats parlementaires sur la loi de finance 2017. En changeant ce qu’il faut changer, convenons que la situation, sans être désespérée, est difficile, voire très difficile. Et pour un chef du gouvernement qui a une haute opinion de son office, l’essentiel n’est-il pas de se convaincre et surtout de convaincre que l’on peut s’en sortir ? Youssef Chahed a visiblement pris le parti de le faire en affirmant que « le gouvernement ambitionne de voir l’année 2017 être celle de la relance économique et de l’accélération du rythme de croissance, grâce à l’investissement, la production, l’exportation et la création d’opportunités d’emplois pour les jeunes ».

L’architecture mise en place permettra-t-elle d’y arriver ? Le chef du gouvernement y croit dur comme fer, invoquant notamment le retour de la confiance des partenaires de la Tunisie. Oui, mais encore ! Les engagements pris et les promesses prodiguées à tour de bras seront-ils à eux seuls suffisants pour redresser le pays et le remettre sur les rails de la croissance ? Encore une interrogation qui n’est pas près de livrer une piste. D’autant que la littérature des conférences internationales sur l’investissement enseigne qu’il ne faut pas prendre leurs conclusions pour de l’argent comptant. Il n’en reste pas moins que l’engagement plus ou moins ferme pris à Tunis par les bailleurs de fonds, publics, faut-il tenir à le préciser, peut dissiper des doutes quant à sa mise en œuvre.

Autre plaidoyer qui irait dans ce sens, l’arrangement conclu avec l’UGTT au sujet des augmentations salariales. Un obstacle de moins sur la voie tracée par le gouvernement pour se donner les moyens de conduire ses politiques sans accrocs majeurs. Mais ce n’est pas encore le gage crédible que la situation sociale sera indemne de convulsions. Et il n’est pas exclu que d’autres voix suivies de mouvements sur le terrain se fassent entendre pour des « causes » qui ne manqueront pas d’être plaidées, le plus souvent par tempérament syndical.

Des aléas à la pelle

Et puis, la ci-devant controversée loi de finances 2017 ne semble pas avoir vocation à procurer à l’Etat les ressources qu’il escomptait pour redémarrer la machine et mettre de l’ordre dans

ses finances, pour cause de « résistances » âprement conduites, par exemple, par certaines professions libérales, et non des moindres. Le gouvernement arrivera-t-il à atténuer les déficits simples et jumelés pour pouvoir gérer commodément ses finances, payer ses fonctionnaires et investir dans les projets créateurs d’emplois et incitatifs à l’investissement, singulièrement dans les régions de l’intérieur ? Il est à espérer qu’il n’aura pas besoin d’édicter une loi de finances complémentaire, une autre, pour combler les trous. D’autant qu’il va immanquablement devoir réviser ses prévisions et ses hypothèses concernant notamment celles relatives au prix du pétrole, 50 dollars le baril, alors que les pays de l’OPEP viennent de conclure un « accord historique » aux termes duquel ils se sont engagés à diminuer leur production de 558.000 barils par jour, avec son corollaire naturel d’une augmentation des cours mondiaux de l’or noir, qui vont grimper bien au delà des 50 dollars le baril.

Ce ne sont là que quelques uns des aléas que la Tunisie doit s’apprêter à confronter et qui devront grever les ressources que son gouvernement entend mobiliser pour soutenir ses programmes de développement. Il s’y ajoute bien d’autres écueils inhibiteurs. Au point que le ministre du Développement, de l’investissement et de la Coopération internationale, Fadhel Abdelkéfi-et il sait de quoi il parle- a asséné pas plus tard que ce weekend, le constat que voici : – « La situation est compliquée. Il ne faut un big-bang et s’attaquer à la réalisation des grands projets. Les revenus fiscaux sont par terre ! La solution aux caisses sociales est un mix entre trois composants. La privatisation des entreprises publiques est encore un tabou alors qu’elles sont déficitaires. On ne peut pas rester dans le pourrissement. L’administration est bloquée par les lois. La collecte des impôts est très faible».De quoi doucher bien des ambitions !

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