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La Tunisie face à une «menace grandissante de volatilité sociale, économique et politique»

Pendant un certain temps, les optimistes pouvaient espérer que le président Kais Saied n’avait pas abandonné le projet démocratique turbulent mais exaltant de la Tunisie, même après  les décisions du 25 juillet. Cet  espoir semble maintenant s’être totalement volatilisé. C’est l’ISS (Institute  for Sécurities Studies) qui le pense et le dit. C’est un signe inquiétant que les turbulences politiques persistantes aggravent une économie  qui est déjà en train de se détériorer, les prix des denrées alimentaires en particulier grimpant en flèche à cause de la guerre de la Russie en Ukraine.

Depuis le 25 juillet 2021,  détaille le think tank,  Saied « n’a cessé d’avancer sur la voie de l’autoritarisme, monopolisant de plus en plus le pouvoir ». Il a promulgué un décret instaurant l’état d’exception,  dissous le Conseil supérieur de la magistrature, qui engageait et renvoyait les juges, et s’est approprié ses pouvoirs. Il a dissous le Parlement le 30 mars.

Les libertés publiques restent, cependant  en grande partie intactes.L’International Crisis Group a récemment écrit que les sondages indiquaient que 70 à 80% de la population le soutenait toujours.

Cela rappelle que c’est dans un contexte de corruption, de conflits, de turbulences et de querelles endémiques entre diverses factions politiques qu’il a pris le pouvoir presque seul le 25 juillet de l’année dernière. Son action a bénéficié du soutien de nombreuses personnes ordinaires, notamment des anti-islamistes et d’autres personnes qui pensaient qu’une classe politique corrompue et intéressée conduisait la Tunisie à la ruine.

Ce genre d’accusations contre des politiciens a souvent servi de prétexte à un dirigeant autoritaire pour intervenir et prendre le pouvoir par un coup d’État, rappelle l’ISS. Cela peut être explicite et effronté comme dans le cas d’un putsch militaire. Mais l’opposition tunisienne et certains analystes ont également qualifié de coup d’État le transfert unilatéral plus implicite des pouvoirs démocratiques à Saied.

Matt Herbert, expert principal à l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Sahel de l’Initiative mondiale contre les crimes transnationaux organisés, était prudemment optimiste après la manœuvre de Saied l’année dernière, et pensait qu’il resterait dans les limites de la constitution. Mais Herbert a perdu cet espoir maintenant, note l’Institut, qui ajoute que la décision de Saied de créer son propre « tribunal d’approbation » pour approuver les élections sape la légitimité perçue de la nouvelle constitution que le référendum est censé valider. Plus largement, Herbert note que « l’argument selon lequel il suit toujours une voie constitutionnelle  s’est effrité au point d’être impossible ».

Saied insiste sur le fait qu’il agit toujours de manière constitutionnelle puisqu’il a invoqué les dispositions régissant les pouvoirs d’urgence qui lui permettent de gouverner par décret dans certaines circonstances. Mais même si c’est le cas, il semble utiliser la constitution pour la démanteler, en se donnant de plus en plus de pouvoirs. Et cela se produit à un moment dangereux.

Rien n’est fait pour remédier à la crise économique

Les pénuries de céréales poussent la Tunisie dans un état de risque aigu, même en dehors des actions de Saied.

Alors que Saied s’avance  vers ce nouveau référendum et tente de créer de nouveaux pouvoirs et structures politiques en Tunisie, il le fait dans une situation qui se dégrade rapidement, » dit Herbert. Et Saied n’a rien fait pour remédier aux terribles problèmes économiques et sociaux qui existaient avant le 25 juillet de l’année dernière, notamment les prix élevés des denrées alimentaires, le chômage et la corruption. La situation n’a fait qu’empirer », dit-il, notant que les produits de base comme le pain sont encore moins disponibles.

Et comme la Tunisie est très dépendante des importations de céréales, les pénuries provoquées par la guerre en Ukraine font basculer le pays dans un état de risque aigu, même en dehors des actions de Saied. Ce faisant, la menace de volatilité sociale, économique et politique cet été est élevée.

S’agit-il d’un adieu définitif au printemps arabe, alors que la Tunisie était le seul pays à maintenir cette flamme vivace, même si elle n’était que vacillante ? Herbert répond par la négative, estimant que le printemps arabe doit être considéré comme un processus et non comme une période fixe. Mais avec son champion gravement menacé, il est difficile de voir où il faut chercher un nouvel espoir, conclut l’ISS.

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