AccueilLa UNETunisie : L’Indépendance a un prix, la Révolution encore plus !

Tunisie : L’Indépendance a un prix, la Révolution encore plus !

Très chèrement conquise et acquise, l’indépendance de la Tunisie dont c’est ce 20 mars 2016 l’An 60 ne semble pas habiter les esprits de tous ceux qui vivent aujourd’hui ses grâces même si 87% des Tunisiens s’en déclarent fiers, selon un sondage Sigma. Il est vrai qu’on a tendance à confondre indépendance et liberté, comme le faisait remarquer en son temps Jean-Jacques Rousseau. Il est vrai aussi que les Tunisiens se sentaient moins libres qu’indépendants et qu’ils n’ont découvert la liberté qu’un certain 14 janvier 2011 à la faveur d’une Révolution dont ils rêvaient mais ne l’attendaient pas.

C’est que les gouvernants du pays rechignaient à donner aux citoyens ce bien le plus cher qu’est la liberté de peur qu’ils en fassent un « mauvais usage » et menacer leur pouvoir. L’artisan de l’Indépendance le Leader Habib Bourguiba en « despote éclairé » s’en méfiait tout en s’employant à chercher le bonheur de son peuple ailleurs qu’à travers la liberté, notamment, l’éducation, la santé pour tous, l’émancipation de la femme, l’égalité entre celle-ci et l’homme, et bien d’autres domaines où il est passé à la postérité comme l’un des pionniers pour ne pas dire le Pionnier non seulement en Tunisie mais partout dans le tiers-monde. Son successeur, Zine el Abidine Ben Ali, tout en préservant et laissant intangible une partie de ce legs, s’est mis en vrille pour asseoir son pouvoir en faisant peu de cas et de cette indépendance et de la liberté qu’il prônait aux premiers commencements de ses successifs mandats. Les choses s’accumulant de la sorte et si pernicieusement, les Tunisiens se sont retrouvés totalement dépossédés de leur libre-arbitre pour être traités comme des sujets devant obédience au président du moment, un état de choses qui s’est maintenu et a empiré au fil des 23 ans de son passage au pouvoir renversé contre toute attente par la Révolution.

60 ans après le 20 mars 1956, date de l’Indépendance que Bourguiba n’a pas jugé bon d’élever au rang de Fête nationale, y substituant le jour de son retour en Tunisie, le 1er juin 1955, les Tunisiens sont certes libres au sens entier du terme, mais sont en peine de voir le bout du tunnel, économiquement, socialement et culturellement. Les gouvernements qui se sont succédé depuis plus de cinq ans à la tête du pays, pour autant qu’ils aient été animés par la volonté de faire avancer les choses vers le bien-être général, ont vu leurs politiques finir en eau de boudin avec des taux de croissance qui dégringolent au fil des ans , une agitation sociale qui va croissant, des disparités entre citoyens et régions qui s’accentuent à vue d’œil, et surtout un phénomène aux allures de fléau qui est venu s’ajouter à leurs misères : un terrorisme de plus en plus tentaculaire qui plombe toutes leurs aspirations vers des lendemains meilleurs.

C’est que chacun entreprend de tirer la couverture vers soi, les salariés veulent plus de salaires, les politiciens se chamaillent à longueur de journée, les uns pour conserver le pouvoir, les autres pour le leur arracher, les syndicats s’emploient à être les maîtres du jeu, et les citoyens vaquent à des occupations autres que le travail. Une configuration qui a ceci de désespérant qu’elle pulvérise toute chance de voir l’avenir se dessiner autrement qu’à l’enseigne de ce qui existe déjà. La culture du labeur est rangée au magasin des vieilles lunes, alors que les Tunisiens sont requis de retrousser les manches, taire leur fièvre revendicative, voire consentir des sacrifices pour déblayer le terrain vers ce qui est moins mauvais, à tout le moins. L’Etat, par ailleurs, frileux, d’autres diraient, manquant d’audace, semble pieds et poings liés, dépourvu de ressources, et s’il arrive qu’il en dispose, il les dépense pour payer ses salariés, hypothéquant ainsi les projets créateur de richesses. Et en cela, il ne fait que s’endetter, et déployer des trésors d’imagination pour trouver des bailleurs de fonds et des donateurs. Les Tunisiens accepteraient-ils de vivre de la « mendicité » internationale, alors qu’ils devraient chercher en eux-mêmes la ressource de sortir de l’ornière comme l’avaient fait bien des peuples, soit au sortir d’une guerre ou d’une révolution comme c’est le cas qui est  le leur ?  Ces cinq années que la Tunisie a passées à dilapider les dividendes de la Révolution auraient été plus fructueuses si ses citoyens en avaient fait un autre usage, celui de rouspéter moins et de travailler plus, de respecter la loi, de se respecter les uns les autres, de sceller l’union sacrée sans laquelle le rêve qui les habite aura du mal, beaucoup de mal à s’exaucer et devenir réalité.

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