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Tunisie-Liste des paradis fiscaux-Officiel : Aucun impact sur l’aide européenne et la Tunisie pourrait être retirée de la liste des 17 en janvier 2018. Dixit Patrice Bergamini (Bande sonore)

En exclusivité sur la Radio Tunisienne Chaine Nationale (RTCN), l’ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie, Patrice Bergamini, est intervenu ce mercredi 6 décembre 2017 pour expliquer ce qui s’est passé lors de la dernière réunion des ministres européens des Finances et pourquoi la Tunisie s’est retrouvée sur la liste des 17 paradis fiscaux. Il a surtout indiqué que la Tunisie pourrait être retirée, d’ici le 23 janvier 2018, de cette liste des 17  et annoncé surtout que ce classement n’aura aucun impact sur les aides, les financements et toute la coopération financière de l’Europe avec la Tunisie. Voici ce qu’il a dit, au micro d’Anis Maraï, sur les ondes de la Radio nationale tunisienne :

Depuis plus d’un an que je suis ambassadeur de l’UE en Tunisie, nul ne peut douter de mon engagement sincère envers la Tunisie pour le succès de sa transition sociale et économique. Ce matin je m’engage à ce que, en bonne intelligence avec les autorités tunisiennes, que nous puissions régler ce problème dans les meilleurs délais. J’imagine bien la perplexité du citoyen tunisien par rapport à cette question. En termes de calendrier elle n’est pourtant pas nouvelle. Elle est sur la table depuis septembre 2016. En janvier 2017, une liste de 92 pays, la moitié de la planète, a été identifiée comme devant s’engager sur la lutte en matière d’évasion et non-équité fiscale et de lutte contre le financement du terrorisme. 20 pays ont répondu clairement et immédiatement. 47 pays se sont engagés ensuite sur un calendrier, à partir du mois de juin, à donner soit des réponses précises soit s’engager sur un calendrier de clarification et de réformes, avant le 17 novembre de cette année. La réunion des 26 ministres de l’UE s’est tenue le 5 décembre 2017.

Avec la Tunisie, on a travaillé jusqu’au bout. Est-ce qu’on aurait pu travailler plus rapidement et une meilleure coordination aurait-elle pu empêcher d’être sur la liste des 17 derniers pays qui n’ont pas donné d’explication dans les délais ? C’est regrettable, mais c’est un fait. Nous allons devoir corriger cette question calendaire. La bonne nouvelle c’est que la liste peut être corrigée à tout moment. Une prochaine réunion des ministres européens des Finances aura lieu le 23 janvier 2018.

Sur le fond, il y a deux éclaircissements qui sont espérés et attendus, et je suis convaincu qu’ils viendront et sur lesquels travaille le ministère des Finances. Un sur l’offshore et un sur les prestataires des services financiers. Le ministre tunisien des Finances nous a déjà envoyé deux lettres. La 2ème a été reçue le lundi soir, alors que le deadline était posé à novembre. En travaillant sur ces deux réponses, ici avec mon équipe et à Bruxelles et avec le gouvernement tunisien, nous allons pouvoir avancer rapidement pour réparer cela.

Si les choses ne changeaient pas, qu’elles seraient les incidences sur les aides européennes à la Tunisie ?

Les choses vont changer. Il y a deux questions restées à ce stade sans réponse. La première touche à des questions d’équité fiscale, de redistribution de la richesse et de compétitivité de l’économie tunisienne, et la seconde relative aux risques d’évasion fiscale pour les prestataires de services financiers. Ces deux questions, quand on est à la tête de la seule démocratie de la région, ont trouvé, je n’en doute pas, des réponses et nous avons d’ailleurs déjà un plan de sortie de crise. Demain matin je dois m’entretenir avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed ; à 10 heures 30 minutes j’ai convoqué mes collègues ambassadeurs de l’EU en Tunisie chez moi à la Délégation et dans l’après-midi j’aurais sans doute des discussions avec le ministre des Finances pour voir ce calendrier et comment travailler sur les deux questions de l’offshore et les services financiers et aller de l’avant. Encore une fois, je pense que si nous avions eu un peu plus de temps pour travailler un peu plus en amont, on n’en serait pas là aujourd’hui. Donc je suis confiant sur la sortie de crise.

Les Tunisiens se demandent alors que nous sommes en discussion sur l’ALECA, comment pourrait-on associer, en matière d’image, le partenaire économique de l’EU avec des pays comme le Panama et alors que la décision de la contribution exceptionnelle de 7,5 % a soulevé un tollé général auprès des sociétés offshore travaillant en Tunisie ?

Encore une fois, nous sommes partis d’une liste de 97 et il n’en est resté que 17 sur la liste noire des paradis fiscaux. Il est bien évident que la Tunisie devrait plutôt être sur la liste des 47 qui s’engagent clairement à travailler en fonction de critères internationaux dans la lutte contre le blanchiment et l’évasion fiscale. Bien évidemment la Tunisie ne peut qu’être du bon côté. Mais encore une fois, il reste les deux questions qui n’ont pas trouvé réponse à ce jour. On espérait les avoir avant le deadline de la mi-novembre et on a travaillé d’arrache-pied avec le gouvernement jusqu’à mardi matin, mais il manquait encore des éléments de réponse qu’on va avoir, j’en suis convaincu et la question ne se posera plus. Sur la relation avec l’UE, bien évidemment nous avons un partenariat d’exception et le montant des investissements de l’Europe en Tunisie au service de la croissance, de l’économie sociale, de la redistribution des richesses, des jeunes et des régions intérieures procèdent de la volonté de l’UE d’accompagner la transition de la Tunisie.

La décision d’inclure la Tunisie dans la liste des 17 est tombée hier, mais la décision d’en sortir reste tunisienne, car elle doit et peut répondre aux demandes d’explications de la part de l’Europe.

Dans l’immédiat, est-ce que les engagements financiers de l’EU en faveur de la Tunisie vont être altérés par cette décision ?

La réponse est simple : Aucunement. Aucun des engagements pour l’année 2018, les programmes et les 300 nouveaux millions d’euros de la coopération EU-Tunisie ne sont remis en cause, pour la simple et bonne raison que nous ne doutons pas de la volonté et de la détermination du gouvernement tunisien d’aller de l’avant sur cette question (Ndlr : de la réponse aux questions relatives à l’équité fiscale, de redistribution de la richesse et de compétitivité de l’économie tunisienne, et la seconde relative aux risques d’évasion fiscale pour les prestataires de services financiers). Nous sommes sûrs que l’Europe sera aux côtés de la Tunisie pour travailler sur ces questions sensibles. Au jour d’aujourd’hui, notre coopération n’est pas remise en cause. C’est donc à la Tunisie d’avancer plus vite et nous allons dépasser cette question et dérouler normalement notre programme de coopération pour 2018.

Pour Ecouter l’interview :

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