Natif de Ghardimaou à Jendouba, Mongi Rahoui effectue ses études primaires et secondaires entre Tunis et Jendouba avant d’obtenir une maîtrise en gestion et comptabilité à l’École supérieure de commerce et de comptabilité de l’Université de Marseille, un diplôme d’études supérieures en techniques comptables à l’Institut national des techniques économiques et comptables de Paris et un mastère spécialisé en ingénierie financière à l’École supérieure de commerce de Tunis. C’est aussi un banquier à la BNA, réélu en octobre 2014 à l’ARP après un passage à l’ANC et un candidat malheureux à la présidence du Parlement panafricain en 2015 où il n’obtient que 9 voix devant le Camerounais Roger Nkodo Dang.
- Un fou qui s’ignorait encore ?
Le lundi 27 novembre 2017 (les discussions sur le projet de la loi de finances 2018 avaient alors démarré depuis le 21 du même mois) à «Expresso» chez Wassim Belarbi, Mongi Rahoui déclarait que «faire tomber la loi de finances représente un grand danger pour le pays et menacerait sa stabilité, surtout sur le volet dépenses d’investissement». Et le président de la commission financière de l’ARP d’ajouter : «est politiquement fou, celui qui ferait tomber la loi de finances». Une quarantaine de jours plus tard, force est de constater qu’il est lui-même devenu ce qu’il craignait pour les autres : un «fou» !
Devant l’ARP qui consacrait une plénière à la discussion sur les manifestations nocturnes «pacifiques», le même président de la commission financière qui avait adopté le PLF 2018 se rebiffait et accusait le gouvernement d’être l’instigateur de ce texte, pourtant adopté par l’ARP et accusant le gouvernement d’être «les criminels et les responsables d’une telle loi. Nous vous avions dit que c’est vous qui alliez faire descendre le peuple dans la rue (…). Nous vous avions dit que c’est une loi injuste, une loi qui consacre la persécution sociale, qui détruit le pouvoir d’achat du citoyen, qui ne s’intéresse pas aux démunis. Personne ne nous a écoutés. La TVA a été augmentée par le gouvernement, la CSS mise en place par le gouvernement, les prix des carburants, de l’électricité et du gaz et le transport sont le fait du gouvernement tout comme les droits d’enregistrement et les droits de douane. Le tout adopté par la majorité».
L’article 3 de la Constitution tunisienne de 2014 dit pourtant que «le peuple est le titulaire de la souveraineté et la source des pouvoirs. Il les exerce à travers ses représentants élus ou par voie de référendum» et l’article 95 de la même Constitution stipule que «le Gouvernement est responsable devant l’Assemblée des représentants du peuple». C’est donc le titulaire de la souveraineté et la source des pouvoirs qu’est l’ARP, dont le député Mongi Rahoui est membre, qui a voté la LF 2018 et non le gouvernement. Ce dernier a proposé et l’ARP de Rahoui, en commission puis en plénière, a disposé.
- Le député FP qui applique le «vote utile»
Ce jeudi 11 janvier 2018, toujours sur Express FM, Mongi Rahoui a répondu au chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui accusait le Front Populaire d’être derrière les dernières manifestations «pacifiques » qui ont été émaillés par de lourds préjudices aux biens, publics et privés. « N’impliquez pas le Front Populaire dans le système de corruption, c’est ce même système corrompu qui vous a financé et qui vous a aidé à accéder au pouvoir. C’est vous qui, avec la coalition gouvernementale, avez validé cette injuste Loi de finances». Chahed n’en était pas déjà à sa première accusation du même genre !
Sans pour autant aller jusqu’à faire sa mea-culpa de député et celle de son parti, dans le fait d’adopter ou de participer à l’adoption de la LF 2018, dont il demande désormais la suspension pure et simple, Mongi Rahoui avoue enfin avoir voté «à l’insu de son plein gré» et évoque un vote utile. «Le Front Populaire était obligé de valider la loi même si cela était un mauvais choix, il s’agissait uniquement d’un vote utile et nous étions contraints de le faire par arbitrage». Manifestement, l’utilité de ce vote ne lui est pas encore parvenue. Sûrement le député du Front Populaire (FP) n’avait pas jusqu’alors tiré les mêmes leçons que la population qu’il représentait à l’ARP de l’expérience du vote utile par laquelle son second rival, après Ennahdha, Nidaa Tounes, était monté au pouvoir !
Tout cela dit, il est pour le moins bizarre de constater un tel revirement de la part d’un député qui a fait solennellement le serment de «Je jure par Dieu Tout-Puissant de servir la patrie avec dévouement, de respecter les dispositions de la Constitution et d’être totalement loyal envers la Tunisie», comme le stipule l’article 59 de la Constitution. Il avait certainement cru servir la patrie par le «vote utile» qu’il disait avoir fait et ne s’était pas rendu compte qu’il était devenu un guignol… de l’info et un député qui se parjure !
Le 10 janvier sur un autre plateau TV, son collègue Ahmed Seddik confirmera ce parjure. Force est alors de se poser les questions suivantes : Qu’est-ce qui s’est passé pour que les députés du FP se parjurent ? Pourquoi avoir attendu d’abord que le projet de loi de finances soit voté en plénière et ensuite le mois de janvier pour crier au loup ? Il y a anguille sous roche !
Khaled Boumiza, vous êtes de mauvaise foi.
Voter pour l’augmentation de 1% de la tva n’est pas voter pour toute la loi de finance 2018 !
Et si vous nous expliquiez pourquoi vous vous focalisez sur M. Rahoui, oubliant -ou faisant oublier- ceux qui ont distribué de l’argent et/ou envoyé leurs milices casser et incendier.