AccueilLa UNETunisie : Taboubi, l’homme des lignes rouges et rien d’autre !

Tunisie : Taboubi, l’homme des lignes rouges et rien d’autre !

Noureddine Taboubi est né le 8 février 1961 à Béja. Il a intégré le monde du syndicalisme en 1990, en tant que Secrétaire général du syndicat fondamental de la société des viandes «Ellouhoum». Une année plus tard, il accède à la cour des grands, en tant que Secrétaire général de l’Union régionale de Tunis chargé du règlement intérieur. Sa maîtrise de l’appareil UGTT de l’intérieur, par cette profonde connaissance des règles, l’amènera jusqu’au poste de Secrétaire général le 26 janvier 2017, où il avait remplacé Houcine Abassi. Moins tonitruant et au regard moins torve que lui, il n’en suivra pas moins la voie, dans la montée en puissance politique du syndicat ouvrier.

  • Conservateur, pragmatique et sans complaisance, dit de lui «Le Monde»

Le journal français «Le Monde» dit de lui que c’est un «conservateur pragmatique» et que «l’aile gauche du syndicat a critiqué sa complaisance supposée à l’égard des islamistes». Et s’il s’est en effet révélé être un conservateur, au moins dans le maintien du caractère revendicatif à tout bout de champ, entamé par son prédécesseur qui avait un jour lié la productivité aux augmentations, devant une assemblée patronale à Sousse. Conservateur aussi, dans sa vision du mode de fonctionnement économique de la Tunisie, une vision qui prône sans le dire «l’Etat providence». Pragmatique, on n’en voit pas encore les prémices, tant le nouveau SG de l’UGTT ne donne toujours pas de signe d’une meilleure compréhension de la nouvelle conjoncture économique et financière. Le syndicaliste de base, pur et dur, n’arrive manifestement pas à poser les pieds sur terre et s’adapter à la réalité du terrain. Comme un mauvais marin, Taboubi vogue contre le vent au risque de faire chavirer toute la barque.

Il faut cependant reconnaître une chose : On ne lui voit toujours pas de complaisance. L’homme se tient encore à distance de toutes les composantes politiques au pouvoir. «Le Monde» expliquait que «la présence au sein du nouveau bureau de représentants de la gauche, tels Hfaïedh Hfaïedh, Sami Tahri ou Naïma Hammami, souligne néanmoins qu’il sera sous la haute surveillance de ceux qui ne veulent pas pousser trop loin la conciliation avec le pouvoir». Et ils font bien le boulot.

Mais si Taboubi n’est pas complaisant, c’est surtout qu’il se place, comme son prédécesseur d’ailleurs, au-dessus de toute la sphère politique, presqu’à hauteur de chef de gouvernement, dont il fait même son protégé dès l’une de ses premières apparitions TV, en ce qui concerne les sujets économiques et sociaux.

Homme de l’antisystème, économique et social, du gouvernement de Youssef Chahed, Noureddine Taboubi s’y tient et ne lâche rien. Houcine Abassi, son prédécesseur, avait un jour jeté au ministre des Finances qui lui disait qu’il signait des augmentations salariales dont il n’avait pas l’argent, que c’est son problème. A l’ancien ministre des Finances par intérim de Youssef Chahed, qui essayait de discuter avec lui de l’évolution inquiétante de la masse salariale, Taboubi avait vite fait levée de boucliers, en indiquant que ce sujet est une ligne rouge. Et au fil de ses discussions avec d’autres ministres, les lignes rouges se multipliaient, jusqu’à ne plus laisser place à aucun sujet de négociation.

L’homme ne voit manifestement que la couleur rouge. Mais dans le seul sens des seuls intérêts de la classe ouvrière et de leurs acquis matériels. Les salaires sont une ligne rouge, les prix sont une ligne rouge, les entreprises publiques sont une ligne rouge, la privatisation est une ligne rouge.

Le SG de l’UGTT ne voit manifestement pas le rouge, déjà écarlate, de tous les ratios de l’économie dont vivent les ouvriers qu’il défend. Il ne voit pas le rouge de la dangereuse montée de la masse salariale par rapport au rouge, dans l’autre sens, de la chute de la croissance. Il ne voit pas le rouge de la détérioration des équilibres financiers, le rouge de l’endettement, celui de la dépréciation du dinar pour manque de ressources propres et celui aussi des déficits, commercial, budgétaire et autres. Toutes ces lignes rouges ne valent-elles rien pour le SG de l’UGTT ? Comment pourrait-il discuter avec le gouvernement en s’entourant de lignes rouges ? Comment suppose-t-il que le chef du gouvernement, dont il est le parrain officiel désormais, pourrait-il trouver des solutions pour sortir l’économie du marasme où elle est depuis 7 ans avec le trop plein de lignes rouges syndicales. Dernière question. En voiture et avec un mourant, le chauffeur doit-il s’arrêter aux feux rouges et le laisser mourir ? C’est, à notre sens, actuellement le cas de la Tunisie !

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