AccueilLa UNETunisie : Voici pourquoi le Dinar ne se relève toujours pas face...

Tunisie : Voici pourquoi le Dinar ne se relève toujours pas face à l’€ et au ‎$ !

Selon les derniers chiffres, mis à jour le 9 janvier 2018 par la BCT, l’Euro est à 2,9503 Dinars tunisiens et le Dollar US valait 2,4827 DT. Selon la dernière Note de conjoncture de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), depuis la fin de 2016 et jusqu’au 15 décembre 2017, le dinar a perdu 17,3% et 6,1% de sa valeur vis-à-vis de l’euro et du dollar américain, respectivement.

N’étant pourtant pas encore dans une situation de libéralisation complète de leur monnaie locale, les Tunisiens s’intéressent à l’évolution quotidienne du dinar tunisien (DT) face aux deux principales monnaies étrangères de son commerce extérieur. Les évolutions du DT deviennent même un sujet de débat politique et la baisse de sa valeur devient un des alibis des attaques contre la politique du GUN (gouvernement d’union nationale) et contre le gouverneur Chedli Ayari, à qui opposition et expertes de tout acabit demandent d’intervenir, alors qu’il peine à tenir le niveau de réserves minimal de 90 jours en termes de couverture des importations.

  • La parité Euro/USD impacte aussi le DT et pas que … !

Ce qui est certain, selon un Cambiste d’une des salles de change tunisiennes, qui requiert l’anonymat, «les questions qui se rapportent à la dynamique des taux de change et des marchés et aux ajustements macroéconomiques qui en découlent sont très complexes et difficiles à discerner». Selon cette même source, «la valeur du dinar n’est pas seulement le reflet de l’état de l’économie nationale. L’évolution de l’euro sur le marché international et plus particulièrement sa parité face au dollar, joue un rôle déterminant dans la variation de la valeur de la monnaie nationale. La preuve est que sur toute l’année 2017 le dinar a baissé, de seulement 6% contre le dollar, alors qu’il a accusé une baisse de 18% face à l’euro suite à la hausse fulgurante de ce dernier contre pratiquement toutes les monnaies des pays avancés et émergents également». On comprend ainsi que la chute de la valeur du DT n’est pas due qu’à des facteurs économiques et financiers proprement tunisiens. Comme d’autres monnaies, le DT subit aussi et internalise l’interaction entre les deux principales monnaies de ses échanges commerciaux que sont l’USD (‎$) et l’Euro (€). Ce qu’on ne sait pas, c’est à quelle proportion, mais certains experts financiers tunisiens vont jusqu’à affirmer que ce que la Tunisie subit de son propre fait est nettement moins important que ce qu’elle subit par le biais du choc exogène qui provient d’un mouvement, indépendant de sa volonté, d’un taux de change Euro/Dollar US.

L’euro a aussi bondi en 2017 de 15% contre le dollar et de 10% contre le yen japonais. Les déboires des monnaies émergentes ont été encore plus prononcés pour certaines, avec une baisse de 18% de la livre turque, de 16% du dinar algérien, de 14% du réal brésilien, de 13% du péso philippin et du dinar jordanien, comme le montrent les deux tableaux ci-contre. Ces derniers montrent aussi que la dévaluation n’a pas touché que la monnaie tunisienne, il y a aussi le Dirham marocain, qui a baissé de 5,1 % par rapport à l’Euro, une baisse de 15,6 % pour le Dinar algérien, l’Ukraine (-18,9 %) et même le Japon (-9 % en 2017).

Variation des taux nominaux de certaines monnaies contre l’USD

Variation des taux nominaux de certaines monnaies contre l’Euro

   

Des chiffres qui devraient ainsi pousser, dans une analyse apolitique, à relativiser la baisse de la valeur du DT. Notre source cambiste estime ainsi que «le niveau des 3 DT face à l’euro du dinar qui a été évoqué récemment, ne peut pas être considéré comme un niveau représentatif de la valeur actuelle de la monnaie nationale».

  • Ce que BCT fait pour le Dinar et ce qu’elle ne peut faire !

Les banques Teneurs de Marché (TDM) et qui gèrent plus de 80% du volume du marché des changes cotent actuellement le taux de change de l’euro/dinar à 2.95 sur le marché interbancaire, et c’est le niveau du fixing publié par la Banque centrale de Tunisie (BCT) pendant les dernières journées et qui représente la moyenne des cours du dinar cotés par les TDM. Or, il se trouve que certaines banques vendent l’Euro ou l’USD plus cher au client Lambda. C’est ce qui fait constater à certains que l’Euro est déjà à plus de 3 DT.

Selon nos informations, la BCT dispose pourtant d’un système d’information qui lui permet de collecter en temps réel toutes les transactions effectuées sur le marché des changes interbancaire, ce qui lui offre un tableau de monitoring très efficient. Ce système lui permet de sanctionner les dépassements de certaines banques, et elle ne s’en prive pas, nous assure-t-on à la BCT, même si elle ne fait aucune communication officielle à ce sujet.

Le marché des changes est en effet le réceptacle de l’offre et de la demande de devises contre le dinar, sa régulation se fait aussi en réduisant le gap entre la quantité de devises offerte et demandée qui ne se fait pas seulement via les injections de devises par la BCT. L’évolution de la valeur du taux de change se trouve également au centre de cette dynamique de régulation qui implique des arbitrages qui ne sont pas toujours évidents entre le niveau des cours, le stock des réserves disponible et le rythme de renouvellement de ce stock de devises qui permet d’assurer les règlements des engagements financiers de la Tunisie vis-à-vis de l’extérieur, outre son rôle de coussin de sécurité contre le risque des crises de change.

Plus que cela, la BCT ne peut faire. Il lui faudrait sinon plus de devises à dépenser pour une régulation plus directe qui satisferait en plus tous les obnubilés, politiciens, experts et autres observateurs, par le maintien des réserves à 90 jours d’importation. La BCT s’y était déjà essayée et avait dépensé vainement quelque 400 MDT. «Injecter de des devises dans cette conjoncture économique très difficile de la Tunisie, ne servirait qu’à faire très peu bouger le taux de change du Dinar, car les fondamentaux de cette économie en crise le ramèneront sitôt à la valeur du marché», assure notre Cambiste.

Le maintien de ce stock à des niveaux confortables est toutefois tributaire d’un ensemble de facteurs, principalement une croissance pérenne et la maîtrise des déficits jumeaux via notamment la lutte contre l’économie parallèle et contre la corruption et l’évasion fiscale, le redressement de la productivité de l’économie tunisienne à travers la flexibilisation du marché de travail et la réforme de l’administration.

Un autre point focal qu’il y a lieu également de considérer et qui concerne la révision de la politique actuelle des franchises, qui constitue de plus en plus un frein pour l’industrie manufacturière et une incitation à la désindustrialisation au profit des activités de distribution des marques internationales et des biens de consommation importés. Revoir aussi la politique de distribution des dividendes pour les banques étrangères installées en Tunisie, ainsi que la politique des conventions, au sein de ces mêmes banques, qui transfèrent chaque année des dizaines de millions de DT à leurs société-mères.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -