AccueilAfriqueAfrique centrale : Le financement de l'industrialisation devra changer, selon la CEA

Afrique centrale : Le financement de l’industrialisation devra changer, selon la CEA

«Le financement de l’industrialisation ne consiste pas seulement à rechercher des financements», a déclaré Antonio Pedro, Chef du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale.

«Nous devons envisager des infrastructures matérielles et non matérielles qui créeront les catalyseurs nécessaires pour faciliter la circulation des fonds», a-t-il indiqué à N’Djamena le 19 septembre, lors d’une table ronde intitulée «Vers une industrialisation fondée sur les ressources et la diversification économique en Afrique centrale».

Parlant de la République démocratique du Congo (RDC) où le gouvernement prévoit de créer des zones économiques spéciales afin d’attirer les investisseurs intéressés par la fabrication de batteries et de voitures électriques, M. Pedro a affirmé qu’il s’agit là «d’un bon exemple d’utilisation de nos ressources naturelles au service de l’industrialisation ».

La RDC représente 60% de la production mondiale de cobalt (un chiffre en augmentation) ; ce qui lui confère un pouvoir de négociation remarquable. D’autres pays d’Afrique centrale sont également dotés de nombreuses ressources naturelles pouvant être exploitées de façon similaire. Il s’agit, selon SNL (désormais S&P Global Market Intelligence), du Congo, riche en potasse avec une valeur in situ de près de 1000 milliards de dollars américains, ainsi que du Tchad avec 96 millions de têtes de bétail. M. Pedro a soutenu que si toutes ces ressources étaient correctement monétisées, elles pourraient être utilisées comme actifs financiers dans la poursuite d’une industrialisation axée sur les ressources. Il a relevé qu’étant donné les besoins financiers de l’Afrique pour construire ses infrastructures, nourrir sa population croissante et porter son industrialisation, il est temps de promouvoir un modèle d’exploitation des ressources tourné vers l’intérieur, dont les fondamentaux ont été renforcés par la ZLECA.

Bon nombre de ces économies, y compris celles d’Afrique centrale, sont en grande partie monoéconomiques, dépendant de l’exportation d’un seul produit et elles sont actuellement confrontées à une grave instabilité macroéconomique en raison de la forte baisse des prix des matières premières, en particulier du pétrole.

La table ronde a donc porté sur les moyens d’utiliser les énormes ressources naturelles de la sous-région pour accélérer son industrialisation et sa diversification économique en vue de garantir un développement durable.

Selon Maria Laura Barreto, spécialiste en stratégies d’exploitation minière et de développement durable, une approche intégrée et collaborative de l’exploitation minière est nécessaire dans la sous-région. «Nous devons nous efforcer de créer un lien entre notre politique minière et nos cadres de politique industrielle. Nous avons besoin d’une collaboration régionale pour surmonter les problèmes auxquels nous sommes confrontés en termes de liens».

Mme Barreto a déclaré qu’il est nécessaire de procéder à une étude approfondie qui donnerait aux pays une idée précise des minéraux sur lesquels mettre l’accent, compte tenu du cours ou des rendements et de la spécificité de chaque pays. « De cette façon, nous ajoutons de la valeur», a-t-elle conclu.

M. Djedoubou Emmanuel Ambroise, Directeur général des mines, du développement industriel et du commerce du Tchad, a reconnu qu’une industrialisation fondée sur les ressources naturelles est une option viable pour l’Afrique centrale, compte tenu des immenses ressources dont elle est dotée.

Il a également noté qu’un inventaire approfondi des ressources minières est nécessaire pour connaître le potentiel minéral de chaque pays «car sans information géologique fiable, vous ne pouvez pas définir sur quelle base poursuivre une industrialisation basée sur les ressources naturelles».

M. Djedoubou a déclaré que le Tchad avait fait des progrès considérables à travers la création d’une raffinerie nationale de pétrole, l’harmonisation de sa politique minière avec la Vision minière africaine, la mise en place des mécanismes pour limiter les exportations illégales de bovins et des mesures visant à garantir que la production et la consommation locales n’en souffrent pas.

M. Pedro a déploré le fait que l’Afrique représente environ 30% des ressources naturelles du monde mais ne capte que 14% des dépenses mondiales d’exploration minière.

Il a souligné que l’amélioration de l’environnement politique est un élément essentiel pour attirer plus d’argent dans le secteur extractif du continent, affirmant que «de nombreux pays africains ont de bonnes visions et politiques, mais leur mise en œuvre reste la clé pour traduire ces visions et politiques en changements transformationnels».

Cette table ronde a été l’une des articulations de la 34ème réunion du Comité intergouvernemental d’experts de l’Afrique centrale qui s’est tenue du 18 au 21 septembre 2018.

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