AccueilLa UNEBT : Le rigoureux. Et ça paie !

BT : Le rigoureux. Et ça paie !

Mohamed Habib Ben Saad. Un des DG de banques les moins connus de la place sur les médias. L’homme est discret, mais efficace, comme en témoigne l’analyse du bilan de la banque dont il a la charge, la Banque de Tunisie. « Gestion rigoureuse de la BT, bonne culture de risque, et diversification saine de son portefeuille des crédits. La banque est bien outillée pour résister à la crise actuelle », témoigne l’analyste financier Tunisie Valeurs (TV), dans sa toute dernière revue des états financiers de la doyenne des banques tunisiennes.
Et même si « l’année 2019 a été mitigée pour la Banque de Tunisie, elle a rattrapé la dégradation de sa rentabilité subie en 2019 sur fond « d’accalmie » au niveau de son coût du risque. Le constat est tout autre au niveau de l’activité d’exploitation qui a affiché un bilan contrasté: une activité du crédit qui fait du surplace et une progression du PNB attribuable quasiment à la seule composante de la marge d’intérêt », indique TV.


Les investisseurs ont été confortés par la clôture, au début de l’année, à hauteur de 77%, de l’augmentation de capital de Carthage Cement, cimenterie publique en difficulté pour laquelle la BT constitue la principale banque créancière.

Malgré le mouvement de panique qui a été déclenché sur le marché actions par la crise sanitaire du COVID-19 et l’annonce de la volonté de la BCT de surseoir à toute distribution de dividendes par les banques, la BT a résisté tant bien que mal en bourse, affichant une contreperformance annuelle de –6% (contre un repli moyen de 11% pour le secteur coté).
Le spectre de la récession en 2020 généré par la crise du COVID-19 et les mesures de soutien aux entreprises et aux ménages devraient immanquablement impacter les banques en 2020. Mais, vu la gestion rigoureuse de la BT, sa bonne culture de risque et la diversification saine de son portefeuille des crédits, la banque est bien outillée pour résister à la crise actuelle. Nous recommandons de conserver le titre.

Un bilan 2019 mitigé, qui a privilégié la prudence à la croissance

Le bilan de l’année 2019 a été mitigé pour la BT, estime TV. Cela n’a pas empêché l’activité de la collecte de faire preuve de résistance, avec un encours de dépôts de la banque qui a signé une croissance de 7,5%, dépassant la barre de 4 milliards de dinars. Une performance qui a été dopée par les dépôts à terme (+15% à 1,5 milliard de dinars) et les dépôts d’épargne (+8% à 1,3 milliard de dinars).

Cette orientation de la BT vers les ressources rémunérées s’est fait ressentir sur le coût de ressources de la BT qui a augmenté de 0,55 point de taux à 5,2%, selon les estimations de TV (légèrement meilleur que la concurrence, 5,43%).

Mais contrairement à la collecte, l’activité des crédits a affiché une stagnation en 2019. Privilégiant la prudence à la croissance, le volume des engagements de la banque a fait du quasi surplace à 4,5 milliards de dinars. Par conséquent, le ratio de transformation réglementaire de la BT s’est rétracté de 12,8 points de pourcentage à 110,6%, contre un plafond de 120%, en 2019.

La qualité du portefeuille de la BT a quasiment stagné sur l’année. Alors que son taux des créances classées a augmenté de 0,8 point de pourcentage à 9,5%, le taux de couverture a progressé de 1,1 point de pourcentage à 61,7%. La dégradation du taux des créances classées est principalement due au risque Carthage Cement qui concentre, désormais environ le quart des engagements classées de la banque (soit environ 147MDt).

Le management reste, cependant, confiant, sur le moyen terme dans la capacité de la banque à recouvrer ses créances envers la cimenterie publique et opérer des reprises sur provisions, suite à l’opération de recapitalisation du cimentier.

La croissance du PNB a nettement ralenti la cadence en 2019. Les revenus de la banque ont évolué de 10,2% à 361 MDT, contre une progression moyenne de 18% sur la période 2016-2018. C’est la marge d’intérêt qui a substantiellement tiré la croissance du PNB. Cette dernière s’est hissée de 18% à 217,6 MDT.

La banque est parvenue à préserver sa productivité. Avec une croissance des frais généraux limitée à 10%, le coefficient d’exploitation a stagné à 31,7%. La BT reste, de ce fait, la banque la plus productive du secteur coté. La baisse notable du coût du risque a été l’évènement majeur de l’année 2019. L’enveloppe des dotations aux provisions sur les créances a chuté de 41,2% à 36,1 MDT, profitant d’opérations de reprise sur provisions pour un montant de 42 MDT faites principalement sur des créances. Grâce à la solide croissance des résultats et à la politique de maitrise des risques, la BT a pu consolider son assise financière. Le ratio de solvabilité global a été porté à 16,8 %, à fin 2019 contre 13,9 % au terme de 2018. La banque dispose, ainsi, d’une marge considérable par rapport au minimum réglementaire de 10%, et pour revigorer sa politique commerciale dans les prochaines années.

Au niveau consolidé, la croissance des bénéfices s’est établie à 12 % à 134,5 MDT. Avec un ROE consolidé de 18,3% fin 2019, la BT se situe au milieu du tableau du secteur bancaire coté.

Une banque suffisamment armée pour s’accommoder du Covid

Concernant l’avènement de la crise sanitaire du COVID-19 et son impact sur les chiffres de la BT, Tunisie Valeurs assure que « la BT est une banque suffisamment armée pour s’accommoder avec les nouvelles contraintes de la crise actuelle ». Selon la même source, la banque devrait capitaliser sur ses atouts pour surmonter la morosité ambiante, mais de préciser cependant que « côté chiffres, nous nous attendons à deux exercices successifs de baisse des résultats sur fond de quasi-stagnation du PNB et d’augmentation du coût du risque. En 2020, le PNB devrait significativement décélérer sa croissance. Celle-ci devrait s’établir à 2 % contre une moyenne de 15,3% sur la période 2016-2019. Quant au résultat net part du groupe, il devrait glisser de 7,5 % à 124,4 MDT contre une progression moyenne de 7,3% sur l’intervalle 2016- 2019. En 2021, le PNB devrait continuer à croître à un taux annuel de 2% à 378 MDT. Le résultat net part du groupe accuserait une baisse de 7,3% à 115,3 MDT »

Deuxième capitalisation du secteur, la BT a affiché une résistance salutaire en bourse. Avec une capitalisation de 1,6 milliard de dinars, la BT affiche des multiples supérieurs au secteur (un PER 2020e de 13,2x et un P/B 2020e de 1,6x pour la BT contre un PER 2020e de 5,7x et un P/B 2020e de 0,8x pour le secteur). Cependant, cette valorisation intègre les avantages comparatifs de la banque et sa perception en tant que référence en matière de productivité et de rigueur, par les investisseurs. « Nous recommandons de « conserver » le titre » conclut TV.

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