AccueilLa UNEBudget économique 2023 : On croirait entendre Dalida !

Budget économique 2023 : On croirait entendre Dalida !

C’est par le Jort (Journal officiel de la République tunisienne), nouvel instrument du pouvoir du chef de tout l’Etat, devenu seule source officielle d’information et désormais moqué par toute la blogosphère tunisienne, que le budget de l’Etat et la LF (loi de finances) pour l’exercice 2023  ont été portés à la connaissance des Tunisiens, quelques jours seulement avant la fin de 2022. Deux documents qui ne se ressemblent pas, à un  point tel que l’on dirait faits en parfaite « dé-concertation ».

On s’arrête, dans cette opinion de néophyte (comme d’ailleurs la grande majorité des Tunisiens auxquels  ils s’adressent) sur le préambule du document du « Budget économique 2023 (ar) ». Ce dernier commence par l’énoncé de deux contre-vérités en une, prétendant que « le commencement de l’application du plan 2023-2025 coïncide avec l’avancement de l’exécution du programme national des réformes ».

Sur le site Internet du MDICI (ministère de l’Economie et de la planification), on retrouve certes un canevas de plan sectoriel de deux ans, une brève présentation faite en février 2022 sur le processus de la mise au point d’un plan, et un draft de ce qui devait être la vision pour la Tunisie de 2035 dans un document de juste 40 pages. Appeler donc cela un plan de développement nous semble être trop pour ce que nous avons pu visualiser.

On sait, par ailleurs, que le plan des réformes est encore en gestation, d’abord entre le gouvernement et ses partenaires socioéconomiques (UGTT & Utica), et ensuite avec le principal bailleur de fonds qu’est le FMI, qui a justement reporté le passage du dossier du crédit de 1,9 Mds USD pour la Tunisie devant son conseil d’administration, à cause justement du retard dans l’application du plan de réformes. Ce dernier, personne d’autre que le gouvernement de Najla Bouden n’en connaît les détails. De quel Plan de développement, par qui adopté, et de quelles réformes qui seraient déjà entamées, parle-t-on ?

–          Les prévisions, improbables, du gouvernement Bouden, en chiffres

Le budget de l’Etat pour l’exercice 2023 est fixé à 69, 640 Mds DT, en hausse de 14,5%, par rapport au budget actualisé de 2022. Les ressources fiscales y sont en évolution de 12,9%, et les ressources non fiscales à 5534 MD et de dons extérieurs à 354 MD. Le volume attendu de l’IR augmentera de 8,5 %, celui de l’IS de 8,7 %, celui de la TC & TVA de 16,5 % et les DD de 112,5 %.

2023 sera l’année de tous les impôts, celle du raclage des fonds de caisse et de la course à tout ce qui peut rapporter un Dinar de plus aux caisses d’un Etat qui n’a trouvé d’autre alternative que d’augmenter la pression fiscale à 25 %. Un Etat qui a décidé qu’il restera, en 2023 aussi, plus dépensier, notamment en salaires, même si le solde budgétaire restera toujours déficitaire. Le gouvernement du « peuple veut », en a décidé ainsi dans le silence des agneaux, comme le patronat !

Pour le PIB 2023, les prévisions sont dites prudentes, et tablent sur un +1,8 %. Cela sous pas moins de 36 conditions. La 1ère et la plus improbable, est de « retrouver un rythme régulier de production du phosphate ». La 2ème, tout aussi improbable, « l’inclusion de l’économie parallèle et la lutte contre la contrebande » qui reste toujours « Out Of Control » du gouvernement, tout comme de « booster le rythme d’exécution des projets publics » car l’Etat est et restera probablement un mauvais payeur, étant et restant à court d’argent, et encore moins de « ne pas alourdir le fardeau des entreprises économiques, par de nouveaux taxes et impôts », ce qui est sera déjà le cas dans la LF 2023.

Côté production, qui détermine l’ensemble du commerce extérieur tunisien et ses réserves en devises, l’Etat tunisien table sur la production de 19 MQ en céréales (contre 17,9 MQ en 2022), 240 mt d’huile d’olive (contre1.180 mt en 2022), la récolte de 372 mt de dattes (contre 368 en 22), et 480 mt d’agrumes (contre 345 mt en 22). Des prévisions, qui ne tiennent manifestement pas compte  des conditions climatologiques.

Le gouvernement de Najla Bouden table aussi sur une hausse de 1,5 % de la VA du secteur industriel alors que celui du phosphate échappe encore à son contrôle, celle des services de +1,8 %, et que le tourisme tarde toujours à se remette sur pied, n’a pas fait plus de 6 millions de touristes en 2022 et que la « mission » du tourisme ne disposera pas plus de 152,5 MDT à dépenser en 2023.

Ce même gouvernement compte s’endetter à 14,859 Mds DT de l’extérieur, sans dire comment si le FMI décidait de dire non ou qu’une nouvelle dégradation de la note souveraine évoquée dernièrement par Moody’s ne complique encore l’accès au crédit étranger, et à plus de 9 Mds DT en local, sans rappeler que le PNB des 12 banques de la place ne dépassait pas les 4,5 Mds à la fin des 9 premiers mois de l’année, ce qui pourrait mettre en danger tout ce secteur s’il décidait d’y puiser encore plus.

  Prôner l’investissement, et le mettre en même temps en difficulté par plus de Fisc

Mais aussi une hausse de 14 % de l’investissement pour atteindre 26,731 Mds DT ou 16,5 % du PIB et mobiliser aussi 2,962 Mds DT en IDE (contre 2,384 Mds DT en 2022). « La hausse d’investissement passe par l’achèvement des réformes qualitatives du climat des affaires, notamment la libéralisation de l’initiative, l’encadrement et l’appui aux promoteurs, la garantie d’accès aux financements, et l’accompagnement d’une nouvelle génération de promoteurs dans des domaines pionniers et innovants », dit le document du budget.

Or, le climat des affaires passe par la confiance, que le chef de tout l’Etat bat chaque fois en brèche par les cabales qu’il mène contre le monde des affaires depuis son accession au pouvoir, le patronat que ne consulte et n’écoute personne tant à Carthage qu’à La Kasbah. Et ce n’est pas avec une hausse de 12,5 % de ses ressources fiscales que l’entreprenariat sera encouragé à plus d’investissement.

Pour l’autre investissement, celui en bourse, ce n’est certainement avec ce qu’apporte la LF 23 qu’il va grimper. En effet, la Loi de Finances 2023 a modifié le cadre fiscal pour les investisseurs en Bourse. Et c’est ainsi qu’à compter du 2 janvier, les plus-values de cession seront soumises à une retenue à la source de 10% si la vente a été réalisée durant l’année suivant celle de l’acquisition. Idem pour les parts sociales ou des fonds. 

Dans une lecture préliminaire du budget 2023, le président de l’Ordre des experts comptables, Walid Ben Salah, fait remarquer  que « la masse salariale représente près d’un tiers du budget, le service de la dette publique représente près du tiers du budget, et les dépenses d’investissement ne représentent que 6,7% du budget. Ce sont là en définitive les réformes (البلاد تقلّها إِر ترحل بالإصلاحات) », dit, sarcastique, l’expert.

Ce n’est donc apparemment pas avec ce taux d’investissement que le gouvernement Bouden, s’il ne finit pas par se voir tout mettre sur le dos, pourra créer plus de valeur ajoutée, augmenter la croissance de l’économie et créer plus d’emplois pour baisser le chômage !

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