AccueilLa UNECe que je crois : Un pays qui s’autodétruit allègrement et méthodiquement

Ce que je crois : Un pays qui s’autodétruit allègrement et méthodiquement

J’ai vécu toutes les périodes, de Bourguiba et de Ben Ali, avec leurs bonheurs, heurs et malheurs. J’ai vécu dans la Tunisie du sous-développement, celle du «en voie de développement», la Tunisie du «Investment Grade», puis celle de ladite révolution. Elle était supposée chasser la tyrannie, installer la démocratie, et mieux outiller le pays pour rebondir et prouver aux despotes et aux corrompus qui avaient gouverné, que la Tunisie était capable de mieux faire, de se refaire, de s’auto-satisfaire, pour ce faire, de ses compétences et de bien faire.

Or, depuis 10 ans, je vis dans un pays où chacun de ses 10 millions d’habitants ne veut en faire qu’à sa manière. De ceux qui voudraient tout refaire, tant en politique qu’en administration ou en gestion des affaires, à ceux qui croient toujours que la révolution n’est pas terminée, et ceux qui voudraient la refaire.

Une Tunisie de ceux qui avaient tout détruit, sous le voile pudique de la confiscation, et qui veulent désormais confisquer plus jusqu’à la moelle, après avoir distribué des milliards DT en compensations, pour militantisme et autres galères. Une Tunisie de ceux qui veulent désormais que l’Etat les prenne totalement en charge, sans qu’ils n’aient rien faire, sauf les grèves et les sit-in pour arrêter même ceux qui travaillent.

Les Trabelsi ont disparu, physiquement, de gré ou de force. Certain par prisons, parfois sans aucun jugement. D’autres avaient pris leurs places, repris l’ancien système à leur propre compte, et se lancent dans leurs petites affaires. Une Tunisien enfin, qui a tout détruit de ce qui avait été fait avant sa révolution, dénigrant ceux qui ne pensent pas comme elle. Elle entreprend désormais de s’autodétruire, méthodiquement, ou enragée à l’image de ce cabot qui se mord la queue.

  • Vouloir, à tout prix, faire la politique dont on n’a pas le prix !

Dernier exemple. C’est un chef d’Etat, plus pro-palestinien que les Palestiniens eux-mêmes, qui monte au créneau, après être verbalement monté sur ses grands chevaux, et voudrait condamner le vil plan américain.

C’est pourtant le même Oncle Sam qui avait par deux fois garanti des prêts tunisiens. C’est pourtant aussi la même abominable Administration américaine qui avait fait entrer la Tunisie dans le petit cercle des privilégiés de l’Otan, afin de lui permettre l’acquisition de certaines armes et équipements, aux fins de remporter quelques batailles dans la guerre contre le terrorisme. Ses GI’s sont à Errimel et ses drones sont au Sud.

La Tunisie, présidence, ARP, chefs de gouvernement et peuple, savent pourtant que «péter plus haut que son propre cul», ne peut se faire lorsqu’on est un pays qui dépend de l’aide internationale, des crédits du FMI, de la Banque mondiale, de l’UE et des places financières internationales. Toutes, des institutions, où les mots pression politicienne et chantage politique sont des litotes.

L’indépendance de la politique est impossible sans indépendance financière. Et cette dernière est impossible sans ressources financières propres, issues du travail et de la production. C’est ainsi, comme le faisait remarquer un internaute, qu’à la première réaction américaine, la Tunisie corrige le draft de sa résolution onusienne proposée, et rappelle son ambassadeur. Une déconfiture pour Kais Saïed, qui plus est, médiatiquement très mal gérée.

  • S’enhardir à casser sa propre image, rien que pour démonter un concurrent

Deuxième exemple. C’est une certaine presse qui n’arrête pas de casser l’image d’un pays qui, dans son malheur, réalise tout de même quelques avancées. Il n’a certes pas mis fin au chômage, car la grande majorité de ses moyens financiers vont aux salaires des fonctionnaires. Il n’a certes pas amélioré tous les ratios de ses finances et de son économie, car ses moyens vont à la compensation, à l’importation des médicaments, des céréales et tous autres produits nécessaires à ce qui reste de ses capacités à exporter, et que ses syndicats déclenchent une grève, 24 heures après que le dernier puits de pétrole est entré en production. Le tout, alors que grèves et autres mouvements sociaux, lui font perdre annuellement des dizaines de milliards de DT, en produits phosphatiers.

Les médias ne font plateaux que pour la politique, où à l’instar des brouilleries de tambourineurs, tous se querellent (يتعاركو في الصباح و يتصالحو في العشية), s’insultent et se réconcilient selon le nombre de sièges. Des journaux (papier et électroniques) et des TV, où seul le train qui arrive en retard est roi, et où tout ce qui représente une tare, un défaut, un aspect négatif, la misère, et tout ce qui ne va pas, est mis en exergue et dit aux éclats. Toute diffusion d’une quelconque information positive fait, par contre, l’objet d’une lecture politique préalable, pour savoir «à qui profitera le crime», et si le média qui le diffuse est de ce bord.

Et c’est toute cette «belle» conjoncture, que la presse tunisienne, joue allègrement à se faire peur, faisant depuis quelques semaines ses gros titres sur le FMI qui ne voudrait plus donner la 6ème tranche du crédit, ou la Banque Mondiale qui aurait refusé de négocier avec le ministre des Finances. Ce dernier venait, pourtant, de signer avec la BM un accord de don de 17 MDT. Le gouverneur de la BCT n’avait pas dit exactement cela et il ne démentira pas. Le ministre n’a jamais arrêté de discuter avec la délégation du FMI à Tunis, la BM et tutti quanti, mais il ne le dira pas. Entretemps, tout ce beau monde casse l’image d’une Tunisie, terre d’investissement, se lamente que leur pays en reçoive de moins en moins et accuse et en accusera les gouvernements. Et pendant tout ce temps, la «chaise musicale» tourne son manège à Dar Dhiafa près de Carthage !

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1 COMMENTAIRE

  1. Merci Si Khaled pour ce cri du coeur partagé par plusieurs.
    Le pays part dans tous les sens. La médiocratie s’installe: les médiocres sont devenus décideurs.
    Triste constat pour ceux qui, modestement, ont apporté, sans compter et avec fierté, leur contribution à l’édification d’une Tunisie qualifiée de pays émergent. Aujourd’hui le pays se retrouve en voie de sous développement.

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