AccueilLa UNEIl tient le bon bout. Mais … !

Il tient le bon bout. Mais … !

Deux phrases ont marqué, à notre sens, la première sortie médiatique du nouveau locataire de Dar Dhiafa sur le perron de la fabrique des gouvernements. La 1ère rassure sur son programme, dont il dit que « nous l’avons déjà mis au point », et que « fondamentalement, il reposera sur le principe de stopper l’hémorragie au niveau des indicateurs économiques et sociaux ».

Mechichi tiendrait-il enfin le bon bout ?

Ministre de l’Intérieur à mi-temps pour cause de négociations de constitution du prochain gouvernement, et qui a marqué la semaine dernière par une vaste et visible campagne sécuritaire dans les rues de Tunis, Mechichi semble en avoir tiré l’aptitude à garder les pieds sur terre et donne l’impression, jusque-là, de tenir le bon bout.

De là, son insistance sur cette urgence de stopper l’hémorragie des indicateurs, économiques, la croissance économique qui pourrait faire un gros pas en arrière de plus de sept points, la baisse de plus de 12,5 % des ressources fiscales malgré la hausse de 5 % du total des ressources, sans compter les déficits jumeaux (budgétaire et commercial) qui s’approfondissement mois après mois.

Stopper aussi la dégringolade des indicateurs sociaux, comme celui du chômage qui risque d’aller bien au-delà des 15 % sous l’effet Covid-19 et pourrait rendre incandescente la rentrée sociale, stopper l’hémorragie des actions contestataires qui touchent désormais aux intérêts de tout le pays comme dans le pétrole et le phosphate.

Mechichi, qui disposerait selon quelques personnes qui ont pu le rencontrer à l’occasion des entretiens de préparation de son gouvernement, d’une grosse capacité d’écoute, mais aussi d’une importante connaissance des rouages de l’administration dont il est issu, et des affaires de l’Etat lorsqu’il était chef de cabinet aux ministères du transport, de la santé et des affaires sociales, sait déjà où il va. « Si nous arrivons à rétablir les équilibres globaux et rétablir les fondamentaux économiques du pays, nous pourrons alors, dans une année ou deux, parler de programme de relance économique, et que nous arrivons à instaurer une certaine stabilité économique, et gouvernementale comme le demande le peuple », a-t-il indiqué aux journaliste dès son premier point de presse. Presque tous les experts que nous avons contactés, ont été d’accord avec cette démarche et l’ont même saluée, même si cette unanimité ne s’est pas traduite dans les moyens pour parvenir à ce redressement des équilibres globaux.

L’UGTT, le FMI et la « mère de la dignité »

Et ce qu’on retient de nos entretiens avec les experts à propos de la déclaration de Mechichi, c’est que la liste des urgences s’allonge au fil des interlocuteurs, le chef du gouvernement en devenir ayant préféré garder le silence sur le détail de son programme.

Le député Fayçal Derbel, qui est rapporteur de la commission financière à l’ARP, localise deux pôles d’action, pour redresser la situation. « D’abord celui des relations avec l’UGTT et ses demandes d’une augmentation de la masse salariale de quelque 650 MDT, alors que le pays connaît depuis 2019 une crise financière aiguë. Et ensuite les relations avec le FMI », principal bailleur de fonds qui attend le prochain gouvernement et ne peut plus discuter avec un ministre des Finances partant. Et d’ajouter que  le « nouveau gouvernement, qui devra trouver un accord au plus vite qui lui assurerait un premier déblocage avant la fin de l’année, et pour que cette accord puisse servir de locomotive, au cas où la Tunisie déciderait d’une nouvelle sortie sur le marché international, ou pour le contact d’autres bailleurs de fonds ». Ces deux actions constituent l’urgence des urgences, selon le député, « l’urgence des urgences à résoudre d’ici la fin de l’année, car 2021 sera encore plus difficile », et le FMI devra revoir ses exigences et prendre en considération la nouvelle conjoncture, économique internationale, et politique nationale.

Force est cependant de constater, en effet, que lorsqu’un pays demande crédit pour acheter du phosphate alors que sa propre production est arrêtée par ses propres citoyens, ou qu’il demande crédit pour acheter des hydrocarbures pour le transport commun (cas de la société Soretras restée 3 jours sans carburant pour manque de moyens) et l’électricité pour les ménages et les entreprises, alors que les « Kamouristes » bloquent les vannes, il est très peu probable, dans ces conditions, de trouver bailleur de fonds.

Pour Radhi Meddeb, il faudra d’abord se mettre d’accord sur ce qui est entendu par les équilibres fondamentaux que Mechichi voudrait rééquilibrer, pour développer ensuite une vision plus globale des urgences du prochain gouvernement. « La problématique, c’est comment traiter l’économique pour aller vers la restauration des équilibres, tout en tenant compte de la dimension sociale pour éviter l’explosion sociale et qu’on diminue le désespoir, non pas par la distribution des aides, mais par l’inclusion et d’être partie prenante du système, économique, social et politique », mettant en exergue la nécessité de leur assurer l’indépendance économique qu’il appelle « mère de la dignité ».

   Il lui manquerait aussi le temps, même s’il trouvait l’argent

A Hichem Mechichi, il manque jusqu’ici les moyens de sa politique. Il pourrait, aussi, lui manquer la stabilité gouvernementale dont il a besoin pour exécuter les mesures nécessaires au rééquilibrage de la situation, financière et sociale. Or, il est fort possible et même sûr, que si Mechichi faisait ce qu’il doit faire (un gouvernement de compétences, indépendantes et non politiques), il passera à peine le cap du vote de confiance qu’il sera vite rattrapé par les calculs politiciens de tous les partis qui seront déçus, et nomment le parti Ennahdha et ses « filiales ». Déçus de ne pas gouverner, ils lui mettront les bâtons dans les roues des mesures à prendre. Des observateurs de la scène politique tunisienne ne lui donnent pas, dans ce cas et dans le cas où il sortirait indemne de la chaude rentrée sociale qui l’attend, plus de 6 à 7 sept mois de longévité. Et ce sera ensuite « bis repetita ». A moins que … ! Mais passons, l’actuelle Constitution, l’actuelle loi électorale notamment, ne le permettront pas !

Aux dernières nouvelles, Hichem Mechichi a cédé à Ennahdha.

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