Le rapport de la Commission d’enquête installée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a laissé beaucoup de gens sur leur faim. Sans remettre en cause la probité morale et l’expertise de son président, Ameur Horchani et de ses membres, ne désigner aucun coupable et se contenter de dire que les citoyens ont leur part de responsabilité et que si la SONEDE (Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux) a fauté c’est uniquement pour ne pas avoir aménagé une salle de gestion des crises et pour ne pas être intervenue assez rapidement, c’est un peu court et très peu dur à avaler pour les nombreux citoyens dont la fête de l’Aïd a été pourrie par les coupures d’eau. Le coordinateur général de l’Observatoire Tunisien de l’Eau, Alaa Marzouki, s’est mouillé beaucoup plus; certes il n’a pas chargé davantage la barque de la compagnie publique de l’eau mais il n’a pas hésité par contre à pointer la responsabilité du gouvernement, plus précisément le ministère de tutelle, celui de l’Agriculture, piloté par Samir Taïeb…
La vétusté des réseaux de distribution de l’eau potable et d’irrigation est à l’origine des coupures fréquentes et successives de l’eau, a indiqué mercredi 21 août 2019, à l’agence TAP, Alaa Marzouki.
La détérioration de ces réseaux a entraîné la perte de 25 à 30% de quantités d’eau distribuées, a-t-il ajouté, soulignant que le ministère de l’Agriculture a chargé la SONEDE de renouveler ses infrastructures, en mobilisant ses propres ressources, ce qui n’est pas envisageable, en raison des difficultés financières de la société.
D’après lui, le financement demeure le principal obstacle que rencontre la SONEDE, outre les problématiques liées à l’absence d’une stratégie nationale « clairvoyante » de gestion des ressources hydriques.
Marzouki a, par ailleurs, critiqué la volonté de l’autorité de tutelle de mener des projets de centrales de dessalement alors que, selon lui, les nouvelles ressources en eau seront injectées dans des réseaux vétustes.
Le gouvernement est appelé à mobiliser les ressources nécessaires, dans le cadre de ses plans de développement, afin de moderniser les infrastructures de la SONEDE.
Le coordinateur général de l’observatoire a évoqué l’aspect législatif, appelant à la nécessité de citer dans le nouveau projet du code des eaux le droit à l’eau potable comme droit constitutionnel et à ne pas se limiter au droit à l’eau.
Il a critiqué le rapport de la commission d’évaluation de la gestion de l’eau potable laquelle relève du ministère de l’Agriculture, sur l’approvisionnement en eau au cours des jours de l’Aid El Idha, qualifiant ce rapport d' »insuffisant« .
L’observatoire a aussi évoqué la nécessité de mettre au clair la question du partenariat entre les secteurs public et privé en ce qui concerne l’investissement dans le secteur des ressources hydriques, critiquant à cet effet le département de tutelle qui n’a pas fait participer l’observatoire à l’élaboration du nouveau projet du code des eaux.
« L’observatoire est en train d’élaborer le projet du code des eaux lequel sera fin prêt en octobre 2019 et sera soumis à l’ARP« .
Il convient de rappeler que 112 Coupures ont été enregistrées durant les jours de l’Aid, touchant 105 mille abonnés dont 64 coupures le jour de l’Aid (11 aout), qui ont concerné 90 mille abonnés, selon le rapport élaboré par la commission de l’évaluation de la gestion de l’eau potable.
Selon la même source, le président de la commission, Ameur Horchani, a souligné l’importance de mobiliser les financements nécessaires pour permettre à la SONEDE de moderniser ses infrastructures, développer ses modes de gestion et d’intervention et réaliser des projets structurants (centre de traitement des eaux de Béjaoua, programme national de dessalement, réseaux ruraux d’eau potable….).
LS/TAP