AccueilLa UNEL’aggiornamento diplomatique de la Tunisie : L’UE s’interroge !

L’aggiornamento diplomatique de la Tunisie : L’UE s’interroge !

C’est peu dire qu’il s’agit d’une translation d’axe. La Tunisie, sous la férule de Kais Saied, est en entrain de changer de pied en cap sa diplomatie dont les fondements avaient été jetés aux premiers commencements de l’Indépendance. D’aucuns parlent d’aggiornamento destiné à bouleverser ce qu’on avait coutume d’appeler les « constantes » de la diplomatie tunisienne auxquelles  même les gouvernements qui se sont succédé depuis le 14 janvier n’ont pas osé toucher.

En clair, la diplomatie tunisienne, en quelque sorte désespérée des orientations qui sont celles de l’Occident, ajoutées aux partis pris dont pâtissent les pays de feu Tiers monde, et dont fait partie la Tunisie, se trouve poussée vers d’autres latitudes où elle pense trouver son compte. Dans cette quête, les Brics  représentent l’adresse toute indiquée. Mais il s’y joint, tel un lien ombilical, des pays  qui pèsent de tout leur poids, nommément, la Chine, la Russie, mais aussi l’Iran. Ainsi se dessine l’axe du futur diplomatique où la Tunisie aurait peut-être vocation à puiser ses nouveaux ressorts.

L’Union Européenne est, semble-t-il, le premier groupe de pays à s’en hérisser. Ce fut à l’occasion de la réunion de son Conseil des affaires étrangères tenue le 24 juin. Selon le magazine Jeune Afrique, on y attendait une intervention sur les droits de l’homme en Tunisie. C’est finalement la question du rapprochement en cours entre le pays du Maghreb, la Chine, l’Iran et la Russie qui a été évoquée.

Josep Borrell, qui  fait partie de ceux qui ont été échaudés par leur expérience avec la Tunisie, se  souvient notamment que Tunis avait refusé de recevoir une délégation d’eurodéputés en septembre 2023, accusant les 27 d’ingérence dans la souveraineté du pays. Depuis, le diplomate européen n’a plus abordé la question de la Tunisie. Jusqu’à l’inscription du sujet au programme du Conseil de ce 24 juin, lors de la session des Affaires étrangères au Luxembourg.

Lors de son intervention du lundi 24 juin, toutefois, Josep Borrell n’a pas, comme beaucoup l’avaient cru, évoqué la situation des droits de l’homme en Tunisie. Il a surpris tout son auditoire en entamant une réflexion inattendue sur « la Tunisie qui se rapproche de la Russie, de la Chine et de l’Iran », un nouveau tropisme des autorités tunisiennes alors que le pays est « un partenaire important de longue date de l’UE ».

S’inquiétant de cette nouvelle orientation diplomatique, Josep Borrell a donc invité les 27, à « la lumière des derniers développements internes et externes, à procéder à une évaluation collective et éviter certains événements qui conduisent à des rapprochements avec les gouvernements chinois, russe et iranien ». Le haut représentant a également estimé que la question mériterait, dans l’avenir, un débat plus sérieux au sein des instances européennes.

Un réalignement stratégique !

En effet, il y a moins d’un mois, le président de la République tunisienne, Kais Saied, a effectué son premier voyage en Chine et a signé un partenariat stratégique avec le président Xi Jinping. La semaine précédente, Saied avait fait la une des journaux en devenant le premier président tunisien à se rendre en Iran depuis la Révolution islamique. Et avant cela, des rumeurs circulaient sur l’atterrissage d’avions russes à Djerba, selon ce que rapportait le think tank Brookings.

Dans une analyse signée de son chercheur spécialiste des affaires tunisiennes Sharan Grewal, il est souligné qu’il est trop tôt pour dire si l’un de ces événements marque un réalignement stratégique majeur de la Tunisie par rapport à ses alliés traditionnels en Occident. Plus probablement, Saied joue les puissances mondiales et régionales les unes contre les autres pour obtenir le meilleur accord, une forme d’art perfectionnée par d’autres dirigeants de la région, ajioute-t-il.

Et de poursuivre : «  Saied a apporté un changement majeur à la politique étrangère de la Tunisie qui, à son tour, pourrait aider à expliquer sa récente prise de contact avec l’Iran, la Chine et la Russie. Au cours de l’année écoulée, Saied a supervisé un changement radical de la position de la Tunisie sur la solution à deux États pour les Israéliens et les Palestiniens. Alors que la Tunisie était historiquement une exception dans la région pour avoir été l’une des premières à accepter une solution à deux États, elle devient aujourd’hui de plus en plus une exception pour la rejeter ».

« Bien que populaire au pays, ce changement a tendu les relations de la Tunisie avec l’Occident et les États arabes du Golfe. C’est dans ce contexte  que Saied fait désormais planer la menace de relations avec l’Iran, la Chine et la Russie ».Et c’est dans ce contexte que devraient être considérées  les récentes relations de Saied avec l’Iran, la Chine et la Russie. D’une part, ces pays correspondent plus naturellement à la vision du monde de Saied, à la fois sur la question palestinienne et sur sa critique plus large de l’impérialisme occidental. La rencontre de Saied avec le Guide suprême iranien Ali Khamenei, par exemple, aurait été centrée sur la Palestine, Khamenei faisant l’éloge de la “position antisioniste” de Saied et soulignant la nécessité de développer davantage de telles positions dans le monde arabe, et Saied étant d’accord, disant que “le monde islamique doit sortir de sa position passive actuelle.”

Dans le même temps, Saied a jusqu’à présent pris soin de ne pas pousser trop loin et de provoquer une rupture avec les alliés traditionnels de la Tunisie. En novembre, par exemple, Saied a annulé un projet de loi au Parlement qui aurait criminalisé la normalisation avec Israël, en raison de la mise en danger des intérêts extérieurs de la Tunisie, vraisemblablement avec l’Occident et les États arabes du Golfe. En effet, un réalignement complet ou une rupture nette avec l’Occident est presque impossible, étant donné les liens étroits que l’armée tunisienne entretient avec les États-Unis et son économie avec l’Europe. Un scénario plus probable est une tentative d’équilibre entre ces puissances mondiales et régionales, en obtenant ce qu’il peut de chacune.

Pourtant, que les relations avec l’Iran, la Chine ou la Russie se développent ou non, il est clair que Saied a déjà initié un changement radical dans un aspect de la politique étrangère de la Tunisie, s’écartant de son approbation depuis des décennies d’une solution à deux États, conclut Brookings.

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1 COMMENTAIRE

  1. pourquoi l’Union Européenne ne dénonce pas les investissements chinois au Maroc surtout ils vont investir dans la production des voitures 0électriques et des piles électriques dont une grande partie sera exportée vers l’Union Européenne comme produits marocains notre pauvre pays depuis la révolution de 2011 est devenu l’intervention des occidentaux dans ses affaires intérieures alors qu’elle ferme les yeux au Maroc deux poids et deux mesures pour les deux pays du Maghreb avec la seule différence que les associations dites humanitaires et les partis politiques marocains ne sollicitent pas les interventions occidentales dans les affaires intérieures de leur pays §

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