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Le difficile choix entre équilibrer le budget et risquer une inflation à plusieurs chiffres

Ahmed El Karam, sage parmi les quelques sages du secteur et ancien président de l’APTEBEF, parle à Africanmanager de cette nouvelle polémique du financement d’une très grande partie du budget de l’Etat par la BCT. Une polémique toujours pas étalée sur les plateaux TV, et pourtant, touchant directement le pouvoir d’achat du citoyen par la flambée inflationniste et la forte dévaluation de la monnaie locale. Interview :

Que pensez-vous de cette polémique naissante du financement des budgets de l’Etat pour les exercices 20 et 21 par la BCT, comme le voudrait l’actuel gouvernement ?

Réellement, ce ne sont pas les banques qui vont financer, mais la BCT. Les banques ont deux approches de refinancement, soit les BTA émises par le trésor de l’Etat. Les banques les achètent, et se refinancent en fonction des liquidités dont elles disposent. L’autre façon, c’est de revendre les BTA directement à la BCT pour se refinancer. Dans les deux cas, c’est la BCT qui finance le Trésor en assurant la liquidité. La BCT peut le faire, au gré de sa stratégie et de ses objectifs.

Ça doit se faire, car on n’a pas le choix, compte tenu des besoins du budget de l’Etat, et de la difficulté qu’il éprouve pour recourir au marché international, qui est perturbé et à coûts très élevés pour une Tunisie dont la notation n’est pas au meilleur de sa forme.

Est-ce que la place financière tunisienne dispose de l’espace monétaire pour les 14 Milliards DT demandés par l’Etat ?

On n’en a pas. Et c’est pour cela qu’on aura besoin de l’appui de la BCT auprès de laquelle on revend immédiatement les BTA.

Cela voudra implacablement dire que l’inflation montera aux sommets, et deviendra une inflation monétaire.

C’est effectivement ça le risque. Cette manière permet certes d’équilibrer le budget de l’Etat, mais elle a un risque inflationniste évident. Et c’est là l’arbitrage. Est-ce que nous sommes dans une situation où il faudrait assurer la liquidité pour le marché et pour l’économie, et privilégier cela par rapport aux autres objectifs de la BCT qui se déclinent dans la lutte contre l’augmentation des prix ?

Quelle solution alors ?

La logique veut que, parallèlement à l’injection de cette liquidité, d’autres mesures soient nécessaires pour accompagner la production, lever toutes les entraves à l’investissement, restaurer la confiance entre l’entreprise et l’administration, pour que la liquidité injectée n’aille pas, par exemple, au marché parallèle, mais pose les jalons de la reprise économique. Il faudra aussi soulever les problèmes de la caisse de compensation qui subventionne les dépenses et non les revenus, qui subventionne un peu tout le monde et même des non-Tunisiens, celui des entreprises du secteur public et qu’on ne se retrouve pas l’année prochaine avec les mêmes problèmes de liquidité.

Et qui fera tout cela ?

Tout ce plan d’accompagnement devrait être discuté entre la BCT, les bailleurs de fonds, le ministère des Finances et le gouvernement en général. Discuter pour s’assurer que la liquidité aille dans des dépenses productives et que les mêmes besoins ne se retrouvent pas l’année prochaine sur la table des demandes du ministère des Finances. Faire une émission monétaire sauvage, c’est s’assurer d’une inflation à deux chiffres. Comment faire alors ? Une nouvelle augmentation salariale ne fera qu’aggraver la situation. Il faut sauver l’économie, c’est une priorité fondamentale. La BCT ne doit pas se dégonfler. Mais il faut également enclencher un process de conditionnalité des réformes

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