En Tunisie, on le sait, il se passe de drôles de choses depuis le départ précipité du dictateur. Face à un Etat qui peine à retrouver son prestige et à redonner de la force à la loi, spéculateurs et contrebandiers s’en donnent à coeur joie, et amassent des fortunes à la vitesse du vent. Les nouveaux riches d’un nouveau genre quoi. On vient d’en arrêter et incarcérer un petit paquet, une première, mais il en faut beaucoup plus pour stopper les mauvaises habitudes qui se sont constellées et solidement installées. Le député Noureddine Bhiri, du mouvement Ennahdha, a exprimé son étonnement, lors d’une séance plénière, tenue vendredi, à l’ARP, au palais de Bardo, face à l’approvisionnement des espaces commerciaux en légumes et fruits à partir des circuits de distribution parallèle au lieu de s’approvisionner directement au marché de gros.
Par ailleurs le député a appelé le ministère du Commerce à prendre les mesures nécessaires pour maitriser les prix et réduire les importations des produits non nécessaires, lesquelles épuisent le stock national en devises.
Le député s’est interrogé, lors d’une séance d’audition du ministre du Commerce, Omar Bahi, sur la participation des espaces commerciaux dans la préservation du pouvoir d’achat du citoyen, appelant à la révision à la baisse de leur marge bénéficiaire. Il a fait état, ainsi, de la hausse des prix des produits agricoles et de pêche exposés dans ces espaces en comparaison avec ceux disponibles aux marchés central et de gros.
Bhiri a estimé, dans le même contexte, que la décision de gel des augmentations des taxes appliqués sur ces espaces commerciaux, dans le cadre de la Loi de finances 2019, ne signifie pas qu’ils sont autorisés à augmenter leur marge de bénéfice, sans prendre en considération le pouvoir d’achat de la classe moyenne.
Le ministre a précisé, dans sa réponse, que l’approvisionnement des espaces commerciaux en légumes et fruits se fait à travers les unités de conditionnement. Ces opérations sont soumises, d’après lui, au contrôle nécessaire et à la vérification des factures en question.
Listés en tant que commerçants de gros et s’inscrivant dans le cadre des circuits de distribution, ces unités, a-t-il expliqué, sont tenues de répondre aux mêmes conditions que celles appliquées à tous les intervenants économiques pour l’écoulement des produits agricoles et halieutiques à l’étape de vente en gros et de tenir des factures de vente, outre leur inscription exigée dans le registre du commerce.
Les opérations d’achat des grandes surfaces des produits agricoles et de la pêche auprès des unités de conditionnement privées sont une réalité, a-t-il dit, indiquant que les quantités exposées dans les grandes surfaces sont minimes, outre la faiblesse de la marge bénéficiaire qui est calculée selon les prix de référence adoptés.
Le ministre a fait savoir que les revenus bruts des grandes surfaces commerciales sont estimés à 75 MD et représentent 2% de leur chiffre d’affaires (2,7 milliards de dinars).
Il a souligné la portée du rôle des grandes surfaces dans le renforcement des ressources financières de l’Etat, surtout que ces dernières contribuent au recouvrement de 80% des impôts imposés sur ce secteur, alors que le volume de leurs transactions ne dépasse pas 20% du volume des transactions commerciales de détail.
Selon Béhi, le ministère continue à contrôler l’activité des grandes surfaces à travers les campagnes de contrôle, à l’instar de la campagne nationale qui a touché 154 points de vente en décembre 2018, laquelle a relevé 70 infractions et donné lieu à la saisie de plusieurs produits de consommation (lait, sucre, fruits et légumes…).
TAP