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Privatisations: Problème à la BTK, et possible «infructueux» à la TFBank. La BTE attendra!

Au début, c’est un communiqué d’une douzaine de mots, laconique et d’une transparence à la tunisienne, qui annonçait  qu’il a été mis fin « aux fonctions de M. Tarak Belarbi, Conseiller des services financiers, directeur de la privatisation à la présidence du gouvernement ».

L’homme est connu par se pairs comme étant un haut cadre compétent et intègre, et était à ce titre en charge d’un certain nombre de privatisations, notamment de petites participations dans des banques mixtes. On cite notamment, celle de la BTE (Banque Tunisie Emirats), de la BTK (Banque Tunisie Koweït), et de la TFBank. Il a déjà fait ses cartons et reviendra au ministère des Finances, d’où il avait été détaché.

  • Pour 35 MDT de salaires et un déficit de 31,6 MDT. Le syndicat ne veut pas vendre

Toutes posent problème. La BTE convoitée par la BISIC libyenne, dont l’offre restait jusqu’à présent en attente à la Kasbah, sans oublier que cette opération refusée par le syndicat de cette banque qui vient d’entrer dans le cercle restreint des banques dont la direction a été confiée à des intérimaires. La BTE avait terminé l’exercice 2021 avec un déficit de 31,6 MDT pour un petit PNB de 63,1 MDT,  plus de la moitié (35,56 MDT) en frais de personnel. Leur syndicat a certes ainsi, de quoi dire non !

Et c’est cette même pression des syndicats qui empêche les gouvernements tunisiens de sortir d’autres petites banques et tout aussi financièrement mal-en-point, comme la tuniso-saoudienne TSB, ou la tuniso-libyenne BTL, même s’il est désormais permis d’espérer mieux pour cette dernière, après le dernier changement de son DG. Et on sait pourtant, à propos de la BTL et son nouveau DG, qu’il n’aurait reçu mission de vendre, pour l’importance que pourrait avoir cette banque dans une possible amélioration des échanges et de l’investissement entre la Tunisie et la Libye. 

  • Il ne veut vendre, et bloque le sauvetage de la banque 

La BTK, dont le groupe Elloumi avait racheté 60 % du capital chez la française BPCE,  n’arrive toujours pas à compléter le rachat des 20 % restants chez la Tunisie et le Koweït. Ce dernier avait fait accord pour vendre avec les Tunisiens. Après avoir  déjà laissé filer l’occasion de la racheter à l’euro symbolique chez les Français, il ne serait plus content de l’offre des Elloumi qui serait de 25 MDT après évaluation d’un cabinet d’audit et après une 1ère augmentation de l’offre. Mais les vendeurs veulent plus.

Entretemps, le nouvel acquéreur n’arrivait toujours pas à concrétiser l’augmentation du capital pour sauver la banque. Il pourrait certes le faire et laisser aux Tunisiens et aux Koweitiens le choix de suivre ou non, avec le risque de minorer leurs participations, et au risque pour l’homme d’affaires tunisien de s’attirer le courroux d’une autorité tunisienne qui ne porte déjà pas les hommes d’affaires dans son cœur. Les Elloumi auraient dernièrement saisi le gouvernement tunisien par écrit sur la situation de la banque, et les risques que lui fait courir l’indécision tunisienne. Le reste des actionnaires pourraient l’obliger à présenter le problème en AG extraordinaire, et dire non, puisqu’ils disposent d’un peu plus que la minorité de blocage.

Le gouvernement n’a, pour l’instant au moins, pas de quoi suivre une quelconque augmentation de capital, Carthage n’est pas un fervent soutien de l’économie libérale, et ses bailleurs de fonds pressent la Tunisie de quitter le navire de ces petites participations qui ne rapportent rien et coûtent beaucoup. L’Etat tunisien devrait-il pour autant acheter à n’importe quel prix, pour un repreneur qui avait repris cette carte bancaire à l’euro symbolique lui aussi ?

  • Désireuse, mais hésitante et honteuse

Pour le cas de la TFBank, au moins trois offres auraient été déjà passées en revue par la Carep, dont la libyenne BISIC qui a été pilotée par un expert économique tunisien et qui lorgne aussi la BTE, un fonds d’investissement anglais (MVMA) qui a déjà des intérêts en Tunisie, et un autre Tunisien qui roulerait pour une autre partie que nous n’avons pas pu déterminer.

Une des offres aurait une valeur qui dépasserait même l’évaluation officielle, mais des lobbyistes, tunisiens notamment, tentent de jeter le discrédit sur l’opération, et font peur à l’Administration déjà frileuse dans une atmosphère soupçonneuse de tout ce qui se rapporte  aux entreprises publiques, dans un pays qui a peur de tout ce qu’il peut contrôler. A titre d’exemple, cette même administration avait fait capoter la reprise d’une radio confisquée, car le repreneur était un fonds d’investissement. Le scénario semble se répéter pour le cas de la cession des participations publiques dans la banque française, ou de droit français, qu’est la TFBank. Et il n’est pas exclu, selon nos informations, que la Carep déclare l’AO pour la cession des participations publiques de cette banque, infructueux et décide de garder ce « bijou », où il devra injecter plusieurs dizaines de millions d’euros, pour ne pas perdre cette carte. Sans le sou et sans idée d’en trouver ailleurs, l’Etat tunisien voulait vendre, mais hésite, tout en étant honteux de devoir céder une carte bancaire en France, un privilège de rois !

  • Belarbi juste un fusible ?

Ce sont tous ces « casse-têtes chinois » dont s’occupait Tarak Belarbi en tant que DG de la privatisation à la Kasbah. Aurait-il été remercié, par décret présidentiel, pour ne pas avoir terminé les processus de désengagement de l’Etat, ou pour les avoir cautionnés ? Dans les deux cas, le DG de la privatisation n’est pas le décideur.

Ce sont en effet plutôt la Carep (Commission d’assainissement et de restructuration des entreprises à participations publiques) présidée par la cheffe du gouvernement et où siège notamment la BCT et au moins quatre ministères, et le Copil (Comité de pilotage) qui décident de la liste des privatisables, contrôlent le processus et pilotent toute l’opération.

La décision de mettre fin aux  fonctions du DG de la privatisation, en ce moment précis où au moins trois dossiers de privatisation brûlants doivent être bouclés, signifie-t-elle un arrêt du processus ? Temporaire, ou définitif ? Partiel ou généralisé ?

Ou est-ce Belarbi n’aurait été qu’un fusible qu’on aurait fait sauter en lieu et place d’autres têtes, pour justifier le retard de décision auprès des éventuels repreneurs ? Ou pour justifier un rétropédalage ? 

On l’avait dit à plusieurs reprises, l’Exécutif tunisien a un déficit de communication,  et souffrirait même d’une malformation congénitale en communication !

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