AccueilLa UNEQui sont ces grands groupes qui possèdent des banques ?

Qui sont ces grands groupes qui possèdent des banques ?

Le paysage bancaire tunisien se transforme. Les experts prêchent généralement un regroupement, qui ferait naître quelques grosses banques, et hisserait ce secteur au niveau des attentes  en termes d’investissement et notamment d’internationalisation.

Le secteur bancaire tunisien reste cependant jusqu’ici éparpillé. Il est formé de 42 institutions, dont 23 banques résidentes réparties entre 1973 agences, 7 non-résidentes, deux de factoring, huit de leasing et deux banques d’affaires, le tout représentant des actifs de 142,418 Milliards DT.

Les banques, qui ont ramassé en 2020, plus de 82 Milliards DT en dépôts de la clientèle, dont plus de 25 Milliards DT en épargne, avaient accordé en 2019 plus de 91 Milliards DT en crédits divers, et distribué 1,742 Milliard DT en salaires.

A fin 2020, les banques ont réalisé un PNB global de 5,571 Milliards DT. Durant l’année 2021, le produit net bancaire (PNB) cumulé des 12 banques cotées a atteint 5, 533 Milliards DT, contre 5, 010 Milliards DT sur l’année 2020, soit une importante progression de 10,4%.  Cinq des six cotées (Wifak étant déficitaire), ont aussi réalisé en 2020 un bénéfice net d’un peu plus de 996,933 MDT.

  • 10 premiers groupes = 16,6 % de tout le PIB du pays

Les groupes tunisiens brassent beaucoup d’argent. Les dix premiers, tels que recensés par le magazine économique tunisien « Managers », représentaient en 2020, un chiffre d’affaires de 19,304 Milliards DT, ou 16,6 % de tout le PIB tunisien pour 2020. Les 34 grands groupes tunisiens recensés par la même source cumulent un chiffre d’affaires de 26,283 Milliards DT, représentant plus de 22,7 % de tout le PIB tunisien. C’est dire l’importance économique de ces groupes, et leurs volumes d’investissement.

Et si certains, comme le groupe Amen, le groupe Elloumi, ou le groupe Mabrouk, ont « leur propre » banque, d’autres comme Poulina (Du moins le cas était-il ainsi du temps de Feu Abdelwaheb Ben Ayed) se targuent de n’avoir que rarement recours aux banques pour financer leurs projets. Le reste des grands groupes demeurent  de fervents adeptes de l’adage « vivons heureux, vivons cachés »

Récemment, le Gouverneur de la BCT tirait même la sonnette d’alarme, et avertissait les banques de choisir entre « la fusion & acquisition, ou la disparition ». Or, la nouvelle « mode » en Tunisie, c’est la création (Cas du groupe Ben Ayed avec Mohamed Mellousse pour la Wifak) ou le reprise de banques par les grands groupes en Tunisie (Dernier cas du groupe Elloumi pour la BTK), ou au moins d’y détenir  une majorité de blocage (Cas du groupe Mabrouk à 38,6 % de la Biat), ou de prendre de petites parts dans plusieurs banques (Cas des groupes Mzabi, Horchani, Tamarziste et autres). Mais qu’est-ce qui fait courir ces grands groupes ? Pourquoi prendre une banque alors qu’ils avaient parfois excellé dans leurs métiers d’origine ?

  • Phénomène aussi d’une financiarisation de l’économie en Tunisie

Selon Habib Karaouli qui dirige une des banques d’affaires les plus connues, c’est d’abord « un effet pervers induit par la règlementation en vigueur qui privilégie les groupes qui ont une assise financière. Dès qu’on a introduit le concept d’actionnaire de référence, on donne ipso facto et de manière mécanique un avantage aux grands groupes qui disposent des moyens demandés par le régulateur, non seulement pour développer, mais aussi éventuellement amortir tout choc ou stress qui pourrait intervenir à la faveur d’une crise de plus ou moins grande ampleur ». Notre interlocuteur cite les cas des Mabrouk à la Biat, d’Elloumi à la BTK, de Doghri à l’UBCI, ou de Ben Yedder à l’Amen Bank.

L’autre catégorie est celle des groupes qui prennent des positions de minoritaires pour le placement. Et là le choix est retreint dans une place financière où les banques et les assurances représentent 65 % de la capitalisation boursière. De plus, banques et assurances sont restées bénéficiaires et servaient des dividendes en dépit de la crise, des éléments dont on tient beaucoup compte pour placer de l’argent. Pour le CEO de Cap Bank, « avoir sa propre banque, est une conception de l’ancien monde. Car si l’idée est d’avoir une banque pour financer sa propre activité, cela ne se vérifie plus, à l’ère où la conformité, la gestion des conflits d’intérêts et des incompatibilités, deviennent le souci permanent de tout manager, et où il devient de plus en plus difficile à un actionnaire de référence, qui plus est administrateur, de pouvoir bénéficier de conditions de faveur dans la banque où il est administrateur », dit l’expert financier. Et il attire même l’attention que « cela devient vite objet à conflit d’intérêts qui doit faire l’objet de révélation du commissaire aux comptes ».

On le sait cependant, certains grands groupes évitent cela, en allant prendre crédits ailleurs que dans leurs propres banques, et peuvent même avoir de meilleures conditions que dans les leurs. Habib Karaouli ne manque cependant pas de rappeler que « se positionner dans une banque devient donc, pour un grand groupe en « Sleeping-Partner », une source de profitabilité sans plus », à l’image de beaucoup de groupes tunisiens, et même étrangers installés en Tunisie, qui sont devenus des placeurs d’argent avec de petites participations dans beaucoup de banques. Et le CEO de Cap Bank de terminer que « pour le reste, ça fait peut-être genre d’être actionnaire d’une banque, et presque une mode, à moins que ces groupes aient « des danseuses » à entretenir ailleurs », et cela devient de plus en plus difficile avec une RNE capable de tout tracer ».

Et mise à part la BH Bank, les banques publiques étaient jusque-là restées en dehors de ce trend d’une financiarisation de l’économie. Elles financent certes l’Etat et ses entreprises, la majorité déficitaire et certaines actionnaires de ces banques (Cas de l’office des céréales à la BNA).

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1 COMMENTAIRE

  1. Rares sont les entreprises publiques bénéficiaires. Tous ces groupes privés cités et actionnaires des banques, sont le squelette de l’économie tunisienne ils emploient des milliers de salariés.
    Ils tombent et l’économie du Pays s’écroule. Les banques malgré un service quasi nulle ont des taux d’intérêt exhorbitants et soutenus par la BCT. On sécurise son portefeuille et on s’enfout de l’inflation telle est la devise de la BCT.
    Cependant si on veut faire du chahbawiya on doit partager les richesses…

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