AccueilLa UNEQuand la Tunisie est réduite à quelques formules toutes faites

Quand la Tunisie est réduite à quelques formules toutes faites

La mission d’évaluation de la situation en Tunisie accomplie les 9 et 10 mai par la ministre belge des Affaires étrangères, Hadja  Lahbib et son homologue portugais Goao Gomes Gravinho, pour le compte des 27 pays de l’Union européenne, n’a pas beaucoup infléchi les appréciations des Européens qui continuent d’utiliser les mêmes formules toutes faites à ce sujet, devenues, par le jeu de la nébuleuse médiatique, une véritable leçon universelle.

Dans un très récent rapport répercuté mercredi 16 mai par l’Agence Tunis Afrique Presse, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, un partenaire stratégique de la Tunisie, a adopté ces mêmes formules dans son évaluation des perspectives économiques en Tunisie.

« En Tunisie, la croissance devrait ralentir encore et atteindre 2% en 2023, avant de reprendre légèrement à 2,3% en 2024 », a noté le rapport, ajoutant en que «l’instabilité politique, le ralentissement économique en Europe, les ressources budgétaires limitées, le manque d’accès à des financements extérieurs, l’environnement économique contraignant et les retards dans la mise en œuvre des réformes vont probablement continuer à peser sur l’économie », estime la même source.

ET la Berd de sortir littéralement la leçon en soulignant que « l’économie tunisienne reste aussi exposée aux chocs extérieurs en raison de sa dépendance relativement élevée au tourisme, aux importations de denrées alimentaires et d’énergie et à l’Europe en tant que marché d’exportation. En parallèle, si un accord définitif portant sur un programme financé par le FMI était atteint, il pourrait débloquer les financements extérieurs nécessaires et accélérer les réformes, notamment l’arrêt des subventions au carburant, une réduction de la masse salariale du secteur public, la diminution du déficit budgétaire et des améliorations du climat des affaires »

L’Europe avait décidé de dépêcher sa mission signalée après avoir cru constater lors de la réunion de ses ministres des Affaires étrangères, lundi 20 mars que « la Tunisie est au bord de l’effondrement », parce que le FMI avait décidé de refuser de lui débloquer un prêt promis de 1,9 milliard de  dollars, en échange de l’application sans réserves de sa douloureuse recette de réformes très connue et dont la Tunisie n’a cessé,  depuis l’émeute du pain en 1984 et jusqu’à ce jour , en passant par la révolution de 14 janvier, d’essuyer les conséquences désastreuses.

Bien que les Européens aient pris soin, à l’occasion de cette mission, de modérer le ton en affirmant  leur attachement au partenariat historique avec la Tunisie dans le cadre de l’accord d’association qui lient les deux parties depuis 1995, les Tunisiens ont insisté, à leur tour,  sur l’importance du partenariat tuniso-européen, mais sans rien promettre du côté des concessions réclamées. Le président Kais Saied a même affirmé devant ses interlocuteurs européens que l’Etat tunisien n’est pas disposé à  renoncer à son rôle social.

Résilience conditionnée

De leur côté, plusieurs économistes tunisiens opérant en dehors du cercle officiel ont émis des réserves sur  ces appréciations, reconnaissant les difficultés que traverse la Tunisie mais mettant l’accent en même temps sur la résilience de l’économie tunisienne et sa capacité à surmonter la crise pourvu que l’effort national soit totalement centré sur la production des richesses.

D’ailleurs, les récentes données statistiques de l’Institut national de la statistique, publiées il y a quelques jours, ont montré que le PIB tunisien a enregistré une croissance de 2,1% durant le premier trimestre de 2023 par rapport à la même période de 2022, tandis que ce taux de croissance s’est situé autour de 0,8% par rapport au 4ème trimestre de 2022, c’est-à-dire que le PIB qui mesure la création de nouvelles richesses, continue de croître.

Il y a eu aussi réduction du déficit de la balance commerciale alimentaire de sorte que le taux de couverture est passé à 90,6%, contre 84,4% auparavant.

Les exportations des divers biens et équipements  ont augmenté  de plus de 12%, contre 10% pour les augmentations. Les industries manufacturières et les services ont enregistré également de bons résultats.

Parmi les facteurs ayant contribué à l’accroissement du PIB figure l’augmentation des recettes fiscales, reflétant l’amélioration de l’action de l’administration fiscale dans le recouvrement de l’impôt, a affirmé le rapport de l’INS.

Au même moment, malgré les critiques et au-delà de la pertinence de la démarche, les banques, à leur tour, n’ont pas lésiné à venir en aide à l’Etat pour financer le budget.

Ainsi, la donne tunisienne est loin d’être ramené aux formules toutes faites signalées, et qu’un autre grand partenaire de la Tunisie, la Banque mondiale, a continué, elle aussi, d’en utiliser,  mais avec un ton moins tranchant.      

Un rapport de cette grande Institution internationale, en date du 30 mars 2023, écrit notamment que  « la croissance du PIB de la Tunisie pour 2023 devrait avoisiner les 2,3 %, avec une variation considérable en fonction de l’avancement des conditions de financement et des réformes structurelles. Une réforme critique consiste à supprimer progressivement les subventions énergétiques, devenues de plus en plus coûteuses, représentant en moyenne 2,1 % du PIB au cours de la dernière décennie et ayant bondi à 5,3 % en 2022. Cela permettrait de faire face à la crise macroéconomique, d’améliorer la performance du secteur de l’énergie et de stimuler la production d’énergie renouvelable. Cependant, il est nécessaire de minimiser l’impact de la réforme sur les ménages vulnérables en établissant des tarifs et des transferts stables.

Et la Banque mondiale d’ajouter : « l’économie de la Tunisie a été affectée par divers défis, notamment un déficit commercial plus élevé et des subventions aux consommateurs. L’accès limité du pays au financement international a rendu difficile le financement local de la dette. À la lumière de ces défis, un programme de réformes ambitieux est nécessaire pour répondre aux besoins de financement externe de la Tunisie et promouvoir une croissance économique durable. Avec les bonnes politiques en place, l’économie tunisienne a un potentiel significatif pour prospérer dans les années à venir ».

S.B.H

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