Lorsqu’on parle des entreprises publiques, pour beaucoup de Tunisiens, dont les syndicalistes et certains autres dits experts, c’est « dans la boue et pas entre les mains d’autres personnes », pour essayer de traduire un proverbe tunisien plutôt trash. Cela, pour dire que pour ce Tunisien moyen, l’entreprise publique doit le rester, quitte à être déficitaire, tant qu’elle sert des salaires, des primes, des augmentations salariales et autres tickets-restaurant.
En Tunisie aussi, population et dirigeants ont un problème avec la banque qui gagne de l’argent. Et lorsque l’Etat fait ou participe au capital d’une banque, c’est généralement pour en tirer des bénéfices et y investir le moins possible. Le cas des impayés de l’Etat chez les banques publiques n’est plus un secret. Celui de l’état financier des banques mixtes non plus. L’Etat, comme le public, veulent le beurre, l’argent du beurre, et la crémière avec.
L’Etat en a cédé quelques-unes (UIB et BS), et elles sont toutes devenues des références dans le paysage bancaire. Depuis 2011, l’Etat dit être prêt à céder ses participations minoritaires dans quelques banques. Mais hésite à le faire, tout en se refusant à y injecter les fonds nécessaires, où à reprendre les parts de ses partenaires étrangers. Il prend du temps à vendre la BTL, la Stusid (devenue BTS), et la BTE et les laisse péricliter, et depuis des mois dirigés par des intérimaires. Il hésite encore à signer la vente des parts publiques dans la BTK à un groupe tunisien, après avoir refusé lui-même de la reprendre même à l’euro symbolique, et hésite toujours à signer la vente de ses parts, mettant en danger l’avenir de cette banque. L’exemple des banques, s’il est significatif, n’est pas le seul. Il n’y a qu’à voir l’état de certaines confisquées, où l’Etat refuse de vendre et refuse de mettre la main dans la poche pour les sauver.
- Avec une femme à sa tête, elle revient de loin !
La TFBank (Ne pas confondre avec la BFT), ou « Tunisian Foreign Bank », est une banque, de droit français à participation tunisienne. Le dernier rapport de gestion du conseil d’administration de l’AGO, donnait déjà une idée claire sur le parcours fait par cette banque, et le travail qui y a été fait par Lilia Meddeb, femme de poigne qui croit aux challenges, et fille de l’ancien opposant Mohamed Harmel, à la fin de l’exercice 2021.
« L’infléchissement du coût du risque, positif alors qu’il était historiquement négatif, grâce à une reprise de provisions sur une ancienne créance douteuse de valeur significative, ainsi qu’à une meilleure maîtrise des risques sur le dossier plus récents », concluaient les commissaires aux comptes français de cette banque française, où la STB détient 49,5 %, la BH bank 34,2 %, et l’Etat tunisien 16,3 %.
Et même si le PNB était en baisse, car « affecté par les aléas du portefeuille obligataire qui a engendré 1,9 M€ de charges » et BIEN que le résultat net soit négatif, « mais nettement inférieur à ses niveaux historiques », la banque française à participations tunisienne, revient de loin, de 12,8 M€ de pertes il y a 6 ans, à seulement 4 M€ de résultat négatif en 2021.

A fin juin 2022, le PNB réalisé en seulement 6 mois (2466 mille €), était presque le même que celui de tout l’exercice 2021 (2967 mille €), les charges d’exploitation diminuaient de 4.481 mille €, le résultat net d’exploitation s’améliorait, grâce au coût du risque positif, et laissait derrière lui, pour la première fois depuis longtemps, un résultat d’exploitation de 46 mille €, et 37 mille € après impôt. La TFBank revient de loin. Une primeur validée par le commissaire aux comptes.
Cela veut-il pour autant dire que la banque est sauvée ? Pas encore. A fin 2021, le capital de la TFBank était d’un peu plus de 26,9 M€. Ses fonds propres atteignaient moins de 15,5 M€. Les fonds propres de la banque, couvraient donc à peine la moitié du capital. Au 30 juin 2022, la banque respectait les ratios réglementaires français, dont celui des fonds propres, grâce à un effort de recouvrement significatif. Mais ce n’est que temporaire, si l’Etat et ses banques publiques n’y injectent pas une augmentation de capital, significative et en argent frais. Ce dont, ni l’Etat, ni les autres actionnaires publics, ne disposent, alors que le retrait de la licence guette une banque qui pourrait bientôt ne plus respecter les ratios de l’ACPR française, pour la banque de droit français qu’est la TFBank !
En 2021, l’Etat tunisien se décide à lancer un processus de recherche de partenaire stratégique à hauteur de 66 à 100 % du capital qu’il détient, directement ou de concert, dans cette banque, somme toute française. Il s’en suit un appel à manifestation d’intérêt, auquel auraient répondu, une banque tunisienne, un intermédiaire tunisien d’un groupe européen inconnu, et un fonds d’investissement international. Ce dernier aurait même fait une offre « qui dépasse même l’estimation officielle », nous dit une source sûre proche du dossier, aurait même inclus une offre d’investissement en Tunisie, et n’aurait pas exclu que la BH reste dans le capital.
Un rapport à ainsi été fait par le Copil tunisien, qui l’a à son tour adressé au Carepp. Ce dernier se serait déjà réuni et a tranché quant à la pertinence de l’offre, une réunion qui a concerné d’autres offres de reprise de banques mixtes.
Presque tous les membres du Carepp auraient signé le rapport, sauf, nous dit-on, le ministère des Affaires sociales, alors qu’il ne s’agissait que de 65 employés, dont une grande partie partira à la retraite. D’autres se seraient cachés derrière l’hypothétique possibilité qu’il y ait quelque chose de louche chez le fonds d’investissement.
Pourquoi remettre en cause ce choix qui ne constitue qu’une étape dans le processus puisque seule la banque centrale européenne a les compétences pour confirmer ou pas ce choix ? Que risque la TFB s’il y encore un retard dans la prise de décision ? Pourquoi cet acharnement contre la TFB alors que cette dernière a enregistré semble-t-il pour la première fois depuis des années un résultat positif même si ce dernier reste minime, et qui en fait désormais une opportunité viable pour le vendeur et l’acheteur ? Qui sont les détracteurs de ce partenariat stratégique ? Quels sont leurs intérêts ?
D’après des sources crédibles, l’appétit pour la TFBank aurait pour origine la rupture avec le passé. Toutefois, les exigences réglementaires qui s’imposent à cette banque de droit français, font qu’elle a besoin d’un renforcement des fonds propres significatif que les actionnaires de référence ne pourront plus mettre et que seul un partenaire financier pourrait injecter.
Il faudrait peut être revenir un peu à l’historique de cette banque en particulier ses anciens dirigeants, chose qui ne figurent pas hélas sur son site web !!! où pratiquement tous ces anciens dirigeants y étaient désignés en guise de parachute dorée aux frais du contribuable.
Histoire de potes d’ailleurs.
Si maintenant, parait il, les choses s’amélioreraient puisque dirigée aujourd’hui par la fille d’un ancien opposant !!! Allah Yarhmou Si Mohamed HARMEL, et je ne sais d’ailleurs pourquoi faire référence à cela dans votre article ??? il faudrait en premier revoir l’importance stratégique de cette banque puisque d’abord nous somme en 2022 et bien de choses ont changé dans le paysage bancaire international depuis sa création en 1977.
Aujourd’hui il faudra, à mon humble avis, raisonner d’abord en toute transparence et intérêt national effectif.
Très cordialement
Excellent article !
« dans la boue et pas entre les mains d’autres personnes » ???
«L’Etat, comme le public, veulent le beurre, l’argent du beurre, et la crémière avec.» ???