AccueilLa UNEQui tire sur les cadavres et les ambulanciers ?

Qui tire sur les cadavres et les ambulanciers ?

Najla Bouden est partie. « On est devenus amis avec si Ahmed » disait-elle, enfin à haute voix mercredi devant son ancien chef, qui lui a un peu plus tard rendu, tout de même,  hommage. Mais elle fait désormais partie de l’histoire. Pas la grande, diront les mauvaises langues.

Or la question que ne veulent pas se poser ceux qui prophétiseraient et sanctifieraient presque le président de la République, et proposeront toujours des boucs émissaires à son bilan, c’est de savoir si elle pouvait faire mieux avec un tel chef de tout l’Etat. Loin de nous l’idée de défendre une responsable qui  considérait, pourtant, nos diverses critiques à son endroit comme impertinentes, les mauvaises langues n’ont certainement qu’à moitié raison, car elles ne voient pas le résultat d’un travail abattu dans le silence et qui n’a en grande partie pas abouti (comme le PL sur les entreprises publiques que K. Saïed ne signera pas), manifestement par absence de coordination et d’osmose entre les deux têtes de l’Exécutif.  L’explication en est qu’Il y avait de la friture sur la ligne entre Saïed et Bouden, comme le lui avait rappelé début juin dernier, et certaines sources (que nous n’avons pas pu confirmer) n’excluent pas qu’elle ait été contente de partir. Son large sourire, mercredi dernier sur le perron de La Kasbah, le dirait peut-être.

–        Bouden partie, et le SLA avec elle aussi ?

Mais Najla Bouden est donc partie, même si ce ne sera pas sans conséquence. Il faut en effet se rappeler que bien avant elle, Hichem Mechichi avait dû reprendre tout le processus de négociation avec le FMI après le départ de Youssef Chahed, après que ce processus avait été interrompu sous Elyes Fakhfakh. L’histoire étant généralement un éternel recommencement, Ahmed Hachani qui ne sera probablement qu’un nouveau Bouden, devra refaire le même chemin.

Un chemin, vers le FMI, qui sera d’autant plus compliqué que le chef de tout l’Etat Kais Saïed refuse toujours ce qu’il appelle le « Diktat » du principal bailleur de fonds de la Tunisie, et celui qui conditionne même l’aide promise par l’Union Européenne en contrepartie de l’accord sur l’immigration (Lire ici les conditions européennes pour toute assistance macrofinancière, où le FMI est capital (ang)) et toute aide bilatérale, en stricte application du principe de subsidiarité.

Et il ne serait pas exclu que le nouveau chef de gouvernement, monarchiste et qui a pris revanche sur sa propre histoire, soit désormais obligé, si tant est que son chef de tout l’Etat le lui permette, de tout reprendre depuis le début avec le FMI et doit, lui aussi, repasser par la case Staff Level Agreement (SLA), devant lequel s’était arrêté net l’accord des 1,9 Mds USD depuis Najla Bouden. C’est cette dernière qui avait discuté le fameux SLA et s’était engagée avec le FMI, deux fois plutôt qu’une face à sa DG Kristalina Georgieva. Et quand bien même Ahmed Hachani serait un excellent juriste, il devra savoir que le fonctionnement du FMI n’obéit pas aux lois qu’il enseignait à l’ancêtre du CBF qui garde la même adresse Internet de l’APTB.

–        Pourquoi s’en prendre à l’ambulance ?

Najla Bouden rentrée chez elle, et on pourrait désormais la considérer comme cadavre politique, des tireurs, embusqués derrière la toile, cherchent désormais à faire appliquer la théorie des dominos pour la ministre des Finances. Ils s’en étaient déjà pris à cette femme qui a fait carrière dans la fiscalité, avant de s’en excuser plus tard comme pour le cas du BP de « Massar ou Harak du 25 juillet » dans un communiqué de presse rendu public le 26 juillet dernier.

Fille d’un honorable huissier-notaire à Bab-Jdid dans la capitale où il ne rechignait pas à aider les « زواوله ou petites gens » à problèmes du quartier, Sihem Nemsia est une femme qui a fait carrière, personnelle et familiale, dans la fiscalité, en connaît ainsi les coins et les recoins, et sait donc où chercher et auprès de qui il faut mobiliser. L’historique de la DGELF pourrait en témoigner, même si la ministre des Finances n’est pas aimée, et c’est normal, par ceux qui se font prendre dans les filets du Fisc et ceux qui disent d’aller plutôt voir chez les plus riches et chez les libéraux (Ce qui n’est pas complètement faux). Nous l’avions beaucoup critiquée. Mais elle jouait sa partition dans le Saïed-Team, et nous notre métier.

Bien que devoir citoyen, le Fisc n’a jamais été autre chose qu’un ennemi, dans une Tunisie qui a dans ses gènes la peur de la « Mejba », ou Fisc des Beys. Et cela explique, en grande partie, toute la haine qu’on pourrait porter à tous ceux que personnalise le Fisc, et légitimerait même qu’on en dise du mal, surtout lorsqu’on n’en retrouve pas la trace dans la qualité des services rendus et la qualité de la vie.

Or, qu’on le veuille ou non, le budget de tout Etat était est basé sur les rentrées fiscales, qui deviennent ainsi le moyen idoine de redistribution des richesses. Le budget de la Tunisie ne fait pas exception. Le Fisc en devient même, en ces temps de disette financière, la seule ambulance du budget et des dépenses de l’Etat. Et si l’actuelle ministre Sihem Nemsia en est présentement l’ambulancier, cela ne nous semble pas citoyen de tirer sur l’ambulance. On va se faire descendre en flamme, mais on le pense vraiment.

–        Le MTF, un mal nécessaire, quel qu’en soit le timonier

Il est en effet un fait que c’est le ministère des Finances (même si on ne l’aime pas trop comme le reste des petites entreprises et tous les assujettis) qui assure la mobilisation des ressources nécessaires pour les salaires des fonctionnaires, des retraités, des assurés de la CNAM (par ailleurs très gros bénéficiaire à plus d’un Milliard DT), et des malades des hôpitaux publics.

L’ambulance du Fisc, même si on la qualifie comme nous de prédateur, fera toujours le même boulot quel qu’en soit l’ambulancier du moment, et même lorsqu’il oublie qu’il est aussi contribuable malgré lui, et qu’il oublie comme la ministre que la TVA alourdit le panier du consommateur.

On n’aimera jamais en fait ce ministère. Mais on sait tous qu’on ne pourra pas faire sans, surtout dans cette conjoncture où les ressources financières se raréfient, et que les bailleurs de fonds lui refusent crédit. On peut faire le grognon, le mauvais payeur et l’insatisfait, mais on ne doit pas tirer sur l’ambulance, ni sur l’ambulancier, quel que soit celui du moment. Il faut plutôt se demander qui tire sur les cadavres et les ambulances, et à quelle finalité ?

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3 Commentaires

  1. Une question me taraude, pourquoi l’état n’a cherché jusqu’ici à faire payer ceux qui ont volé ce pays et l’ont ruiné depuis 2011.
    Ne faut il pas commencer par ceux là avant de faire payer le petit peuple et lui soustraire plus d’impots ??
    Voilà le mal, il faut absolument punir tous ceux qui ont détruit l’état des 2011.

  2. Gouverner un pays ce n’est pas gouverner une classe, c’est très compliqué si on n’a pas les compétences requises et celui qui fait erreur, il payera chère un jour, la justice fera son travail. La Tunisie a ses compétences à ‘intérieur comme à l’extérieur et ce sont ses compétences qui pourront sauver le pays, il semble que la fin s’approche comme tout dirigeant tout en espérant qu’elle n’impactera pas l’économie et le social.

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