AccueilLa UNESamir Saied & Marouane El Abassi : Le choc des cultures !

Samir Saied & Marouane El Abassi : Le choc des cultures !

C’est à croire qu’ils croisent, indirectement cette fois, le fer encore une fois. Le 1er, Samir Saïed ministre de l’Economie et de la planification organisait mardi une conférence de presse pour parler du plan économique, dont on ne trouvait aucune trace dans la loi de finances pour l’exercice 2023.

Saïed y a déclaré, que « La Banque centrale est une institution indépendante, et je suis l’un des plus fervents défenseurs de son indépendance… mais avons-nous besoin d’augmenter le taux directeur de 75 points de base d’un coup, alors qu’il était possible de se contenter de 25 points ».

La déclaration intervenait quelques jours après la décision de la BCT d’augmenter le TD (Taux Directeur) de 75 points de base d’un seul coup, dans une tentative de juguler l’inflation que la BCT prévoit déjà à presque 12 %.

–          Le choc de cultures

On ne sait pas si le ministre de la Planification, qui était banquier dans une autre vie, connaît la relation entre TD et inflation. Ce dont on est sûr, c’est que la politique monétaire n’est pas de son ressort et n’obéit pas aux lois de l’économie. On pourrait aussi supposer que ce n’est pas important pour lui qui est à la tête d’un ministère horizontal comme celui de l’économie, puisque la ministre des Finances disait il y a quelques jours, en sa présence et sans qu’il ne réagisse, qu’elle ne voyait rien dans son Décret des finances (anciennement loi des finances) qui puuisse impacter le Couffin de la ménagère. Et aussi, qu’il fait partie d’un gouvernement dont la majorité des membres aime à jouer à la « tout va bien madame la marquise ».

Nasreddine Nsibi, porte-parole taciturne d’un gouvernement peu enclin à la communication et qui bloque même les commentaires sur ses réseaux sociaux, présent à la même conférence de presse, a d’ailleurs joué à la perfection son rôle de second enjoliveur du chef de tout l’Etat, à côté du ministre des Affaires sociales. Mardi dernier en compagnie de Saïed, il répétait que « la Tunisie est un pays productif, et ne vit pas de dons et de subventions (…) et dispose actuellement des fonds nécessaires pour faire tourner les rouages ​​de l’Etat ».

Le ministre Saïed, c’est connu, a son franc-parler et n’hésite pas à dire ce qu’il pense, et à faire ce qui lui semble être son travail, même si cela doit être en déconnection avec le reste du gouvernement, et notamment sa collègue des finances.

Et même s’il se dit respectueux et même défenseur de l’indépendance de la BCT, le ministre tunisien de l’Economie et de la planification ne semblait pas, cette fois, avoir assez intégré l’approche monétaire de la politique économique de son pays. Une politique non expansive, surtout dans la conjoncture actuelle de crises, économique, financière et sociale que vit la Tunisie où il vit et travaille. Et si la politique monétaire que mène la BCT n’arrange pas trop, ni les entreprises, ni les particuliers, elle reste un rempart contre la détérioration des termes de change et contre la santé du Dinar tunisien. D’où cette espèce de choc de cultures entre les deux hommes d’Etat, qui explique qu’El Abassi ait refusé de commenter mercredi 4 janvier 2023 à la BCT, les propos de Saïed sur la hausse du TD, se limitant à dire que « c’est son avis ».

–          Et ce n’est pas la 1ère fois que Saïed et El-Abassi croisent le fer

Et c’est cette même politique monétaire qui a déjà été à l’origine du 1er accrochage entre les deux hommes. En octobre dernier, en effet, Saïed et El Abassi se retrouvaient à Dar-Dhiafa pour commenter l’obtention par la Tunisie du SLA de chez le FMI. Le clash n’était pas loin, lorsque Saïed se fend d’un « je ne vous permets pas » outré, lorsque Marouane El-Abassi dit à un journaliste qui se demandait où en était le nouveau code des changes, que ce n’était pas une priorité.

Et on le comprend, lorsqu’on se rappelle que la Tunisie est une économie qui calcule au jour près ses réserves en devises, et que le Tunisien est fortement porté sur le shopping à l’étranger. Mais on le comprend moins lorsqu’on fait la douloureuse expérience du caissier d’une grande surface à l’étranger qui vous regarde de travers avec un œil accusateur, lorsque vous lui présentez un billet de 500 € ou même de 100 €, ou que votre carte-allocation de voyage ne marche pas.

Saïed a fait tout un chapitre, dans son budget économique, sur le nouveau code des changes qu’il avait promis à beaucoup des opérateurs qu’il avait reçus dans son bureau de la place Pasteur, ou ceux du centre urbain nord à Tunis. Et El-Abassi continue à dire, comme aux dernières journées de l’entreprise à Sousse, que « le code des changes est quasiment terminé ». Et parce que cela demandera une autre conjoncture économique et financière, mieux garnie en devises et plus productrice en valeur ajoutée, on ne peut que répéter l’adage tunisien disant que « la poule attendra que le grain lui vienne de Béja (استنى يا دجاجة حتي اجيك القمح من باجة). Mercredi dernier encore, El-Abassi affirmait (ar) que le nouveau code des changes ne permettra pas d’avoir des comptes en devises pour tous les Tunisiens, sauf en cas d’investissement à l’étranger.

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1 COMMENTAIRE

  1. C’est l’exemple type d’un tunisien qui ne se concerte pas sur ce qui est bon ou mauvais, chacun croit qu’il détient le monopole de la vérité, « minni teguraâ », alors qu’ il a suffit que les deux hauts responsables se concertaient avant même d’annoncer l’augmentation du TD de la BCT et de décider avec accord en tenant compte aussi des avis des chefs d’entreprises ou de l’UTICA. A mon avis humble, augmenter le TD découragera les investissements dans tous les secteurs, exemple simple sans parler de son impact négatif sur les investissements directs des projets industriels, l’exemple : je souhaite contracter un crédit bancaire pour l’acquisition d’un logement d’habitation, si le taux est très élevé, je renonce au crédit et donc, je renonce à l’acquisition de logement, le promoteur immobilier se trouve en difficulté de vendre ses logements car les tunisiens n’ont pas la capacité de rembourser leur crédit qui coûte cher, le promoteur renoncera à ses projets de construction puisque le marché ne répond pas, alors tous les matériaux liés à la construction, ciment, carrelage, menuiserie, électricité, chauffage, peinture, boiserie, robinetterie, tuyauterie,…ne se vendent pas, alors chômage et crise de main d’oeuvre en l’absence de chantiers. Donc, une forte augmentation du taux directeur par la bct entrainera une crise financière et bye bye les investissements.
    Coordonnez vos violons messieurs les responsables, la Tunisie n’est pas un champ de test.

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