AccueilLa UNETunisair : Victime consentante de l'inceste financier de l’Etat-actionnaire

Tunisair : Victime consentante de l’inceste financier de l’Etat-actionnaire

A l’instabilité gouvernementale (13 ministres du Transport depuis le 14 janvier 2011), qui a toujours empêché Tunisair de mettre en exécution un plan de redressement, social et financier, sur lequel tout le monde était d’accord et que chacun demandait à revoir, vient de s’ajouter l’instabilité managériale.

Quelles que soient les raisons du départ d’Olfa Hamdi, et sans aller jusqu’à démêler le vrai du politiquement correct dans ce qu’a dit à ce propos, ce lundi 22 février 2021 sur une radio privée, le ministre Chakchouk, il est plus important de constater que six PDG avant elle, n’avaient pu rien faire.

Olfa Hamdi oublie la grande capacité d’oubli du Tunisien, comme disait un de ses plus anciens fervents soutiens à Tunisair, tout comme le ministre Chakchouk qui oubliait que c’était son choix et qu’il avait auparavant dit qu’il l’avait rencontrée à plusieurs reprises et s’était entendu avec elle sur les objectifs et les moyens.

  • Hamdi accuse le ministre des Finances et le gouvernement de tentative de kidnapping

Dire donc qu’il n’y a eu aucune pression pour la dégager, de la part de Noureddine Tabboubi avec lequel l’ancienne PDG de Tunisair avait eu plus d’un clash, c’est oublier le non catégorique de cette dernière au même Tabboubi pour verser les quelques milliers de dinars des cotisations de ses ouailles. C’est aussi oublier la colère du ministre lorsque Hamdi ne répondait plus à ses coups de téléphone pour requérir sa présence à une réunion prévue et ensuite au palais du gouvernement.

On ne sait pas, par ailleurs, si les raisons invoquées par Olfa Hamdi sur sa page pour expliquer sa démission sont réalistes ou farfelues. « J’allais annoncer aujourd’hui en conférence de presse à huit heures du matin le programme de sauvetage de la Gazelle. Cette décision est intervenue après que le gouvernement actuel, selon l’actuel ministre des Finances a rejeté le principe de sauver la Gazelle au motif que l’État est déjà partenaire de la société Nouvelair et qu’il n’y a pas lieu de sauver Tunisair, et cela porte un coup symbolique à la souveraineté nationale ». C’est ce qu’affirme Olfa Hamdi, dans un Post sur sa page des réseaux sociaux.

Et l’ancienne PDG de Tunisair de porter une grave accusation au gouvernement, si elle est juste, de vouloir l’empêcher de parler en la kidnappant. « En route vers le siège de Tunisair à sept heures du matin, j’ai appelé le ministre du Transport pour connaître la vérité sur mon licenciement. Le ministre du Transport m’a assuré ce matin que je suis toujours PDG et que je devrais continuer mes fonctions. Entre-temps ce gouvernement a essayé de m’arrêter, n’eût été l’intervention des honorables de Tunisair et le personnel de sécurité qui m’ont alertée par téléphone, sans quoi je serais tombée dans cette embuscade », disait l’ancienne PDG de Tunisair, peut-être par dépit ou peut-être par vengeance. On dira aussi, peut-être, que sa page aurait été piratée. Qui sait ? En tout cas, sur sa page ses Fans adorent et ne se privent d’aucun genre de commentaire !

  • Tunisair, jardin secret d’un Etat qui ne veut rien faire et ne laissera aucun autre à sa place

Mais bon. Toujours est-il que Hamdi était la trouvaille de Chakchouk, et il vient de la renvoyer, comme l’avaient fait d’autres ministres du Transport. Il lui faudra désormais trouver une autre perle rare, de gros calibre, à petit salaire, à très gros potentiel. Une perle rare qui aura peur de Tabboubi, des syndicats de Tunisair, du ministre, quel qu’il soit, qui continuera à faire de la politique avec Tunisair au profit des TRE (Tunisiens résidant à l’étranger), des régions, des députés et de tout le monde.

Le tout, sans argent du principal actionnaire qu’est l’Etat, qui ne donne plus sa garantie à ses improbables crédits bancaires, et qui aura ses cartons toujours à portée de main pour quitter lorsqu’on le lui demande, et sans faire de bruit

Mais peut-être que ce serait plus juste de dire que tous les anciens PDG de Tunisair n’ont pas été libres de faire ce qui devait être fait, les bons choix qu’il fallait pour redresser la compagnie, et que les différents gouvernements de l’après 2011 ont toujours refusé de leur en donner les moyens financiers. 

D’autres compagnies mieux structurées, dans d’autres pays plus riches, avaient vu leurs actionnaires les soutenir à coup de milliards d’euros pour en assurer la pérennité face aux crises du tourisme et du Coronavirus.

La Tunisie veut une compagnie, bras politique de sa politique sociale en matière de transport, une compagnie qui exécute les directives des ministres, eux-mêmes soumis aux directives des chefs de gouvernement. Une compagnie qui donne des salaires, sans se soucier de la productivité de ses agents, ni de leur nombre, ni de leur masse salariale, et qui se borne à appliquer les stratégies d’un gouvernement qui n’a plus les moyens, ni l’autorité, de sa politique.

C’est pour tour tout cela, et comme pour le cas des chefs de gouvernement qui changent au gré des politiques, tout aussi versatiles que les personnes, que le prochain PDG de Tunisair ne pourra rien faire. Tunisair a besoin d’argent, de beaucoup d’argent, et immédiatement. D’abord pour effacer toutes ses dettes, et entamer sa relance sur des bases plus saines. Et force, à la fin, est conclure que le seul responsable de cette débâcle est l’Etat. Un Etat propriétaire, qui refuse de mettre la main à la poche, et refuse que d’autres le fassent, ou même y participent simplement. Une sorte d’infidélité financière qui s’apparenterait à l’inceste !

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