L’ingénierie Tunisienne ne s’est jamais autant exportée en Afrique, relevant la part du secteur des TIC a 7 % dans le PIB depuis 2014, devançant ainsi le tourisme. Ce succès a été boosté depuis 2011 grâce, d’une part, à l’effondrement du Dinar Tunisien face à l’Euro , ce qui augmente de fait la compétitivité des SSII et du produit Logiciel Made in Tunisia, mais aussi par le recul du marché local Tunisien, qui fait rentrer la Tunisie en récession technologique, obligeant les éditeurs Tunisiens et les SSII à se développer ailleurs. Et enfin du fait de l’exception tunisienne en Afrique ; en effet grâce à une stratégie qui date des années 2000 et qui conduit au développement des départements TIC dans toutes les universités, Facultés et Ecoles d’engineering, le nombre de diplômés en engineering TIC a augmenté de 200 en 2000 à 8000 ingénieurs par an depuis 2010.

Pour comprendre l’effet de ce chiffre, il faudra savoir que le nombre de diplômés en Informatique au Maroc ne dépasse pas 2000 par an et qu’ aucun pays africain ne dépasse la Tunisie, y compris l’Afrique du Sud ou le Nigeria , à l’exception de l’Egypte où ce nombre dépasse 15 000 ingénieurs par an, mais pour une population de 200 Millions. Or pour développer une industrie de logiciel, il ne faut ni de l’argent et encore moins des machines. Il faudra juste de la matière grise, compétente et surtout compétitive ; il faudra savoir que notre compétitivité est de 10 fois supérieure à celle de l’Europe, 4 fois celle du Maroc et 6 fois celle de pays subsahariens comme le Sénégal, le Ghana ou la Côte d’Ivoire. Il faut aussi savoir qu’un ingénieur débutant dispose d’un salaire moyen net de 1200 DT par mois, donc 400 Euros. Ce même salaire monte en France a 1800 Euros, de 1000 euros au Maroc et de 1500 euros au Sénégal ou en Côte d’Ivoire.

Mais ce qui est navrant dans cette histoire, c’est que notre élite politique n’est même pas consciente de cette force et de cette nouvelle économie qui se développe en silence. Et ce qui est encore plus triste, c’est que la Tunisie n’en profite pas et ce pour deux raisons. D’une part une règlementation des marchés non adaptée au secteur des TIC, avec la règle du moins disant, donc consacrant la médiocrité, et un taux d’annulation de projets record. On citera juste 2 exemples : le projet de la Carte Santé de la CNAM qui a été lancé et annulé 4 fois en 10 ans, avant d’être octroyé en 2017 à une entreprise locale, puis annulé et relancé en 2018 ; le deuxième projet est celui de la refonte du système d’information fiscal du Ministère des Finances, qui n’arrive pas à voir le jour depuis 10 ans et qui, lancé en 2017, vient d’être annulé en 2018, pour être opérationnel en 2022.

Dans le même temps, les entreprises tunisiennes de logiciel font le bonheur d’autres pays. Le dernier exemple c’est la société Arabosft, dirigée par Mohamed Laïfa Triki, qui vient de gagner un appel d’offres international lancé par les Iles Comores, pour la fourniture et la mise en place du logiciel de gestion des impôts et taxes, pour un montant de 853.180 USD. Cela, après avoir réalisé le système d’information fiscal de la Mauritanie et celui du Niger, alors que celui de la Tunisie attend. Où est le Ministre des Finances ? Où est le Ministre des TIC ?  La Mauritanie a multiplié par quatre les revenus fiscaux, par simple digitalisation de l’ensemble des processus de son économie , entre recettes, douanes, banques, trésor public et opérateurs économiques. Y a-t-il un commandant dans l’avion Tunisie ? Force est parfois d’en douter…

TB

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici