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Tunisie : Le chaos, politique et économique

Le 9 juillet 2020 encore, le chef de l’Etat et commandant en chef des armées évoquait le danger imminent qui guetterait la Tunisie, parlant de « ceux qui essaient de faire imploser l’Etat » face à un parterre, la mine  grave et fermée, de la douzaine de membres du Conseil supérieur des armées et des hauts cadres de la sécurité. On passera sur les détails de ce complot dénoncé par la plus haute instance des renseignements sécuritaires, car il n’y en avait pas dans ce discours solennel de presque six minutes. On ne peut que croire les bribes d’informations provenant de la plus haute autorité sécuritaire du pays. Le chef de l’Etat parle de complot sans rien en dire.

La redondance de ce discours complotiste chez le chef de l’Etat pourrait être une simple phobie, mais pourrait être réelle, la situation  dans un pays où le Sud , est, depuis plus de dix ans,  la région de tous les dangers pour la Tunisie, ne permettant point de prendre les paroles de Kais Saïed à la légère, bien qu’elles produisent plus de confusion et de chaos qu’elles n’éveillent de conscience sur le danger réel de ces « complots » sur la démocratie balbutiante de la Tunisie. Ce qui est plus ou moins sûr, alors  que le US Department of State affirme le contraire,  le risque tunisien est interne. Kais Saïed le sait et le dit, mais ne dit rien et surtout ne fait rien pour démasquer les comploteurs et les traduire en justice.

En écho à ce chaos, pour l’instant plus verbal que sur terrain, un des leaders du mouvement social toujours incandescent Kamour à Tataouine qui menace toute l’industrie pétrolière, parle aussi de complot qui seraient ourdi contre Tataouine. Mais toujours dans l’indéfini, comme s’il s’abreuvait des paroles du chef de l’Etat, tout  en les mettant dans le contexte régional de Tataouine. Une région qui est à moins de 100 kilomètres de la frontière libyenne, où les tensions internationales sont de plus en plus vives, où l’économie est liée à la situation en Libye, et où la tentation terroriste n’est jamais très loin.

En politique interne, le chaos est total entre forces conservatrices et forces révolutionnaires, entre modèle de société laïque et modèle islamiste, entre modèle économique de gauche et modèle économique de droite. Le tout exacerbé par la présence de toutes ces forces dans les puzzles de l’ARP et de l’actuelle coalition gouvernementale. Des forces, toutes désormais libérées de l’autorité de l’Etat. Un Etat, soit absent, soit lui-même acteur des dissensions, idéologiques, culturelles et économiques. Le risque de burnout social n’est jamais trop loin !

L’exemple est même donné d’en haut, avec un chef de gouvernement, homme d’affaires dans le sens le plus libéral et qui se fait chantre d’une politique de gauche. L’opposition parle d’un chaos managérial, tout aussi complet, avec chaque jour de nouvelles « preuves », toutes aussi avérées, d’un conflit d’intérêts chez le chef de gouvernement-homme d’affaires et chef d’entreprises privées. Le risque de Shutdown se profile, sans pour autant se concrétiser !

Confusion et chaos, financier aussi, avec un ministre des Finances qui conduit une politique de communication de vrai Cassandre sous couvert de transparence financière sur les caisses vides de l’Etat, avec par exemple, ce « trou » de plusieurs milliards DT dans le budget. Le tout, alors qu’il dit préparer un plan de sauvetage et de relance qui nécessitera forcément plusieurs autres dizaines de milliards DT. Des sommes faramineuses dont il ne dispose  point et dont les caisses de l’Etat seront forcément dépourvues dans une économie encore harcelée par les effets du Covid-19.

Chaos économique enfin, avec des entreprises publiques, auxquelles  l’Etat doit des milliards DT qu’il ne peut rembourser, des entreprises toutes déficitaires, agonisantes et que  le propriétaire ne peut, ni vendre, ni remettre sur pied. D’autres, comme celle du phosphate qui en vient à demander d’importer … du phosphate, pour produire juste de quoi payer ses salaires !

Mais aussi, un pays avec des entreprises privées qui crient à tue-tête au secours, jusqu’à ne plus savoir où donner de la voix. Un capital, diabolisé, racketté, accusé de corruption, harcelé par les menaces d’une confiscation qui ne pourra dévaliser et jeter aux orties sans rien en tirer, comme toutes celles déjà confisquées.

C’est en Tunisie, au jour « J » et à l’instant « T », la situation qui prévaut dans ledit « pays du jasmin » flétri par la confusion générale et le chaos, politique, financier et économique. Un pays qui « Tu le quittes, tu pleures. Tu y restes, tu regrettes », comme le disait depuis 2018 une de nos lectrices.

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1 COMMENTAIRE

  1. Franchement , présenter cette population mécontente comme des rebelles islamistes céssionnistes manipulés par Ennahda ou des puissances étrangères afin de favoriser l’instabilité en Tunisie -c’est un mensonge éhonté visant à étouffer l’affaire !
    cela fait 5 ans que le pouvoir Tunisien les fait mijoter sans rien faire pour le sud tunisien !
    ou est passé l’argent emprunté par l’état auprés des etats ou instances finançières internationales !
    au parlement , c’est le cirque – ils ne font rien de concret et n’arrêtent pas de se bouffer le nez ,(pour noyer le poisson ) tout en continuant à magouiller et à spéculer pour s’enrichir !
    idem au niveau de l’état kais said n’a rien fait d’extraordinaire en france- il est reparti avec la somme maudique de 300 millions d’euros pour construire un hopital régional !
    quel manque de combativité et d’intelligence ! un vrai fonctionnaire qui regarde sa montre
    pour rentrer tranquillement chez lui et bien se faire voir par paris !…..
    c’est malheureux mais le pouvoir Tunisien est une mafia clanique qui ne défend que ses intérêts propres et ne raisonne pas en termes d’intérêt supérieur de l’état et du pays !
    le meilleur exemple c’est le premier ministre fakhfakh qui profite de son poste pour faire de son entreprise privée , un prestataire de service privilégiée de l’Etat !( un peu comme fillon,
    on confond politique et enrichissement individuel et privée)
    Le peuple Tunisien mérite qu’on l’aide – y compris et surtout les déshérités du sud !……
    faut tout péter , si l’on voit que l’etat persiste dans son aveuglement criminel !…

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