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Tunisie : Le rêve démocratique a perdu beaucoup de plumes, selon une étude américaine

Tout envoyer valser, renverser la table pour des lendemains qui chantent. C’était ça le rêve du soulèvement populaire qui a balayé l’une des dictatures les plus tristement célèbres de la planète, c’est ça qui a été vendu à une partie de la jeunesse aux horizons bouchés et qui n’avait que ses yeux pour pleurer. Six années après le départ de l’affreux dictateur – un fameux 14 janvier 2011 -, la Révolution a-t-elle tenu ne serait-ce que quelques unes de ses promesses ? A en croire une majorité des citoyens tunisiens, que l’organisme américain International Republican Institute (IRI) est allé sonder, le compte n’y est pas. Cette affaire prend même des allures de désenchantement, de réveil brutal, de désillusion. Des citoyens d’ailleurs que la loi de finances 2018 va encore plus malmener, avec des ponctions fiscales sans précédent. C’est fâcheux, surtout quand on sait que ces états d’âme vont empirer. Il ne peut pas en être autrement car il n’est pas raisonnable d’attendre des gouvernants, quels que soient par ailleurs leurs qualités, génie et dévotion pour l’intérêt général, qu’ils fassent des miracles en si peu de temps, dans une économie complètement déstructurée par la contrebande, les marchés parallèles, la fraude fiscale, et que sais-je encore. Il faudra assurément du temps pour obtenir des résultats probants sur tous ces fronts ouverts par le départ brutal de Ben Ali. Mais du temps les Tunisiens ne veulent pas en donner à leurs élites. Ils s’impatientent et leurs jugements sont cinglants dans cette étude nationale…

Le chômage en tête

Quand on leur a demandé « Quel est selon vous, le plus gros problème économique que vit la Tunisie?« , 44% des Tunisiens sondés ont rétorqué que le chômage est le problème principal, puis vient la crise financière pour 24% des individus questionnés.

La corruption, pourtant cheval de bataille du gouvernement de Youssef Chahed, ne figure qu’à la 3ème place ; seuls 12% des sondés sont d’avis que c’est le problème économique numéro 1 de la Tunisie.

Dans l’ordre des sujets économiques à attaquer prioritairement par Chahed et son équipe, le combat contre le chômage est plébiscité par 32% des Tunisiens interrogés. Après il y a le maintien d’un niveau de vie décent, pour 15% des enquêtés. Ensuite viennent, au 3ème rang des priorités, l’emploi des jeunes et la lutte contre la corruption, pour 10% des sondés.

Cette étude révèle que les Tunisiens ont le moral dans les chaussettes. En effet 87% des personnes interrogées pensent que la situation de la Tunisie est « mauvaise » ou « très mauvaise« . Par contre ils sont nombreux à parier sur un avenir plus radieux, 35% exactement, qui croient que ça ira mieux, économiquement, dès 2018 ! Pour 38% des sondés, les choses vont s’aggraver ; pour 22% ce sera le statu quo.

Le rêve démocratique a morflé

Et quand on a demandé aux citoyens « Si vous ne pouviez avoir qu’une seule chose parmi les deux, ce serait : un régime politique démocratique ou une économie prospère?« , 42% des Tunisiens sondés ont répondu : « La prospérité économique est sans aucun doute plus importante pour moi« . En mai 2016, une étude de l’IRI avait conclu que seuls 18% des Tunisiens pensaient que la prospérité est «définitivement plus importante» que la démocratie. Les choses ont bigrement changé depuis !

Globalement, 66% des citoyens sondés se contenteraient de la prospérité économique, boudant les mirages de la démocratie, selon eux…

Le secteur privé a la cote !

Interrogés sur le « meilleur système économique« , d’après eux, 54% des sondés ont rétorqué que le secteur privé doit être plus prégnant, mais sous le contrôle du gouvernement, qui doit veiller à l’application des lois.

Seuls 27% des sondés pensent encore que le meilleur système économique est celui où l’État et le secteur public doivent être maitres du jeu. La pléthore de rapports et analyses très défavorables à une fonction publique budgétivore et improductive commence peut-être à faire son effet dans la tête des citoyens…

Votera, votera pas aux municipales ?

D’après l’étude de l’IRI, 41% des personnes interrogées ne feront pas le déplacement, ce qui confirme les faibles scores des partis politiques dans une enquête récente sur les intentions de vote aux élections municipales. Mais il y a un gros problème : le niveau d’abstention révélé par l’IRI est le plus massif depuis novembre 2015. Les partis politiques ont du boulot pour tenter de soigner la cote du scrutin, et le leur, auprès de citoyens aux yeux de qui très peu de choses trouvent grâce en ce moment…

Un autre motif d’inquiétude pour la santé de la démocratie tunisienne : 83% des sondés qui ont l’intention d’aller voter ne savent pas encore pour qui ou ou ne veulent pas dévoiler pour qui.

La corruption cavale, encore et toujours

L’écrasante majorité des citoyens, d’après cette étude, est incroyablement pessimiste sur la question. Pour 89% des Tunisiens interrogés, le fléau de la corruption a gagné du terrain depuis la révolution.

Dans le détail, 17% des sondés ont déclaré avoir personnellement versé un pot-de-vin dans un hôpital, 13% à des policiers de la circulation et 10% à des agents de municipalités.

Baromètre politique : C’est pas la joie !

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed et son mentor, le président de la République, Béji Caid Essebsi, forment le duo de tête des personnalités politiques. Les citoyens, et aussi les sondeurs, s’entêtent à prédire un avenir politique pour le chef de l’Etat, alors qu’à presque 91 ans il est très peu probable qu’il rempile. Tant pis, BCE brille encore dans un désert politique, avec à peine 15% des sondés qui ont une bonne opinion de lui. Par contre ils sont 49% à avoir une mauvaise appréciation de l’action du locataire du palais de Carthage…

Chahed s’en sort mieux, avec 36% des sondés qui ont un jugement favorable et 21% qui ne croient pas en lui.

S’agissant des partis politiques, 54% des enquêtes ont déclaré n’avoir foi en aucune formation pour croiser le fer avec la corruption. Idem pour la capacité à redonner des couleurs à l’économie : Ils sont 54% à ne pas miser un kopeck sur les partis politiques. Quand je vous disais qu’il fallait s’inquiéter pour la santé de notre jeune démocratie…

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